(RTBF 30/03/2012)
Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a rencontré mercredi à Kinshasa des délégations des trois principaux partis d'opposition en République démocratique du Congo, qui contestent tous à des degrés divers les résultats des élections présidentielle et législatives du 28 novembre. Il s'est ensuite entretenu avec le président Joseph Kabila.
Le premier des partis d'opposition en RDC, l'Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), a étalé au grand jour ses divisions entre ses "participationnistes" décidés à siéger malgré tout au sein de l'Assemblée nationale et son aile dure, limitée aux proches du président du parti, Etienne Tshisekedi, celui-là même qui s'est autoproclamé président de la République, rejetant les résultats officiels donnant la victoire au président sortant Joseph Kabila.
A l'issue de la rencontre, les deux délégués de l'UDPS, deux députés élus à Kinshasa, Remy Massamba et Samy Badibanga, ont préféré éviter la presse, qui les attendaient à la sortie, contrairement à leurs homologues du Mouvement de Libération du Congo (MLC) du sénateur Jean-Pierre Bemba et l'Union pour la Nation congolaise (UNC) de l'ex-président de l'Assemblée, Vital Kamerhe.
Il s'agissait de "ne pas jeter de l'huile sur le feu" des divisions internes de l'UDPS s'est contenté de faire savoir indirectement Remy Massamba, qui risque l'exclusion du parti tshisekediste, dont il est le secrétaire général.
Le secrétaire général adjoint du parti, Raymond Kahungu, avait en effet annoncé mardi que l'UDPS ne rencontrerait pas Didier Reynders, reprochant à la Belgique d'avoir reconnu la victoire du président Joseph Kabila et de son camp lors des élections présidentielle et législatives du 28 novembre dernier et revendiquant l'élection d'Etienne Tshisekedi.
Dans un communiqué distinct, Raymond Kahungu aussi enjoint les 41 députés de l'UDPS à ne pas siéger au sein de l'Assemblée nationale, sous peine d'exclusion du parti.
L'UDPS risque d'imploser
Mais, notent les observateurs à Kinshasa, la plupart d'entre eux devraient choisir de siéger, au risque de provoquer l'implosion du parti d'Etienne Tshisekedi, déjà divisé entre deux ailes, ironiquement qualifiées d'"UDPS matérielle" (pour les "radiés" potentiels qui privilégieraient leur mandat) et d'"UDPS spirituelle" rassemblant les proches d'Etienne Tshisekedi et sa famille.
Les autres représentants de l'opposition, tant MLC qu'UNC, ont tous dénoncé la "crise de légitimité" qui règne en RDC après les scrutins contestés du 28 novembre dernier. "La RDC est démocratique seulement dans son nom", a ainsi lancé le secrétaire général du MLC, Thomas Luhaka.
Pour sortir de cette crise, Thomas Luhaka a suggéré - comme l'avait déjà fait la veille Didier Reynders lors d'entretiens avec des responsables du Sénat et de l'Assemblée - un dialogue entre les différents acteurs politiques congolais, alors que des tractations sont en cours depuis des semaines en vue de la formation d'un nouveau gouvernement après la démission de l'équipe précédente le mois dernier.
L'UNC, qui a remis ses propositions à l'"informateur" désigné par Joseph Kabila, l'ancien ministre de la Défense Charles Mwando Nsimba, a quant à elle préconisé, par la voix de son secrétaire général, Jean-Bertrand Ewanga, l'organisation d'une "table ronde pour définir les règles du jeu" de l'après-élections. Il a toutefois souligné que l'UNC n'était "pas en quête de postes" ministériels.
Enquête sur les violences
Didier Reynders a conclu cette visite - la première depuis son accession à la tête de la diplomatie belge - par un entretien d'une heure avec le président Joseph Kabila, réélu lors des scrutins présidentiel et législatif du 28 novembre dernier.
Le ministre belge s'est dit, au cours d'une conférence de presse organisée à Kinshasa, "rassuré" par la volonté affichée par les autorités congolaises de participer à une enquête conjointe avec les Nations Unies sur les violences liées aux élections - qui ont notamment fait 33 morts, selon un récent rapport de l'ONU - et les violations des Droits de l'Homme.
Le gouvernement congolais a contesté une bonne partie de ce rapport. L'enquête conjointe devra notamment indiquer si certains éléments présentés comme "à vérifier" sont exacts ou non.
"Il y a des améliorations à réaliser en matière de Droits de l'Homme" en RDC, a toutefois asséné Didier Reynders.
RTBF avec Belga
Mis à jour le mercredi 28 mars 2012 à 19h43
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