Désigné informateur, Charles Mwando Nsimba s’est aussitôt mis au travail pour identifier la majorité parlementaire devant présider à la formation du Gouvernement. Si cette tâche n’est généralement pas aisée et nécessite le service d’une personnalité politique suffisamment rôdée, les choses peuvent sembler encore plus complexes lorsqu’il s’agit de passer de la Majorité présidentielle à une coalition impliquant également des forces de l’Opposition. Vu sous cet angle, le choix porté sur le doyen Mwando Nsimba, qui n’est pas politiquement né de la dernière pluie, se justifie largement. Mais, il faudra attendre le rapport de l’informateur pour en savoir plus sur le profil du prochain Premier ministre qui.
Pourquoi avoir choisi de passer par un informateur là où plusieurs milieux proches de la Majorité présidentielle ont déjà délimité les frontières de différentes forces qui constituent la partie politiquement majoritaire au sein de l’Assemblée nationale? En fait, il s’agirait, pour le Raïs, de ne pas réduire le champ à sa famille politique seulement, mais de constituer une coalition élargie même aux partis ou regroupements politiques appartenant à la famille politique autre que celle à laquelle appartient le chef de l’Etat (expression chère sous la transition initiée par le maréchal Mobutu). Charles Mwando Nsimba, mandaté par le chef de l’Etat, a déjà annoncé les couleurs en indiquant clairement que ses consultations allaient s’étendre à l’Opposition politique congolaise.
MWANDO OUVRE LA VOIE A UN GOUVERNEMENT INCLUSIF
Comme on s’en rend vite compte, les consultations politiques initiées par l’informateur, qui en a reçu mission du président de la République, visent aussi l’implication de l’Opposition afin d’arriver à la formation d’un cabinet inclusif souhaité tant par Joseph Kabila dans son discours d’investiture où il prônait la politique d’ouverture que par la communauté internationale dont les ambassadeurs accrédités en Rd Congo, l’Américain en dernier, n’ont cessé de mettre l’accent sur un Gouvernement inclusif comprennant aussi des membres de l’Opposition afin de juguler la crise politique qui sévit depuis les résultats des scrutins du 28 novembre 2011. D’ailleurs, plusieurs partis d’Opposition ont réclamé, à cor et à cri, la tenue d’une table ronde pour apporter des réponses à cette crise.
C’est donc pour traduire la volonté exprimée par les uns et les autres que l’informateur étend ses consultations à l’Opposition dans le but d’ouvrir la voie à un Gouvernement inclusif. On comprend pourquoi, certains opposants connus pour leurs langues pendantes ont, depuis peu, choisi d’avoir leur langue en poche. Question, sans nul doute, de ne pas perturber les tractations en cours et de se donner assez de chances pour éviter de naviguer à contre-courant de ce qui se prépare. Il n’est plus rare de lire, dans certaines déclarations des partis d’Opposition, que le président national a été mandaté pour engager la formation politique dans tous les contacts. Sous-entendu, bien-sûr, des contacts visant la formation d’un Gouvernement inclusif en RDC. Car, bon nombre d’alliés de l’Udps ont déjà décidé de siéger à la chambre basse et ne se sentent pas concernés par le boycott décrété à la 10ème rue.
QUI SERA L’HEUREUX «ELU» A LA PRIMATURE?
C’est cette question qui préoccupe, au plus haut point, l’opinion tant nationale qu’internationale. Car, dans sa démarche exprimée à travers des consultations confiées à Mwando Nsimba, Joseph Kabila donne vraiment l’impression de ne pas limiter l’option simplement au PPRD et alliés ou à la Majorité présidentielle. Bien au contraire, le Raïs semble étendre son champ d’action à la classe politique congolaise dans son ensemble. A en croire des sources généralement bien informées, l’oiseau rare attendu à la Primature pourrait également provenir de l’Opposition, quitte à répartir, par la suite, les postes ministériels en fonction du poids politique des uns et des autres. Selon ces mêmes sources, le chef de l’Etat voudrait imprimer une touche politiquement plus élargie dans son dernier mandat à la tête du pays pour ainsi rassurer les différentes tendances politiques congolaises. Le pari est à ce point.
Ce qui justifierait que, dans les rangs des forces de la Majorité, il y ait de moins en moins de déclarations sur la Primature. Tous les regards sont donc tournés vers le chef de l’Etat qui, cette fois-ci, refuse de se faire prendre en otage par sa famille politique. C’est pour cette raison aussi qu’aucun accord sur la Primature n’a été conclu jusque-là, contrairement aux élections 2006 où, entre les deux tours de la présidentielle, le Palu avait réussi à arracher, formellement à Joseph Kabila, son accord sur le partage du pouvoir. Peut-être que l’informateur pourrait se transformer en formateur, en attendant la nomination du reste imminente d’un Premier ministre. Question de vérrouiller déjà la machine, surtout si le «Premier» viendrait de l’Opppsotion dont le nombre de sièges à l’Assemblée nationale, mis ensemble, demeure loin, alors très loin, d’égaler celui de la Majorité présidentielle. En plus, la Constitution stipule que le président de la République nomme un Premier ministre issu de la majorité parlementaire.
L’UDPS : LA GRANDE INCONNUE DE L’EQUATION POLITIQUE
Si, d’une manière générale, les choses semblent bien évoluer, il y a, néanmoins, la grande inconnue dans l’équation politique que constitue l’Udps/Tshisekedi qui semble éprouver encore du mal à s’inscrire dans l’ordre politique et institutionnel actuel parce que prisonnière du souhait de voir Tshisekedi trôner à la tête de la Rd Congo. C’est dans cette optique que le «lider maximo» a même décrété l’annulation des législatives organisées le 28 novembre, suivie du boycott institutionnel qui bloque la participation des députés de son parti aux travaux de l’Assemblée nationale. Même si on rapporte que, de temps en temps, sa propre soeur élue à Kabeya-Kamwanga ferait des apparutions au Palais du peuple. Certainement qu’elle ne se sent pas concernée par la mesure prise au sein de l’Udps. On attend le retour de son fils Félix, également élu député, pour savoir si le boycott qui frappe les autres élus du parti ne concerne pas la famille biologique du «lider maximo». Auquel cas, les autres élus de l’Udps seraient en droit de se passer, eux aussi, d’une mesure complaisante.
Apparemment, le fameux boycott servirait aussi de moyens de pressions pour la 10ème rue Limete face aux pressions extérieures et internes. Car, on ne pourrait nullement comprendre que, faisant suite à la démarche des évêques catholiques, l’Udps accepte ce dialogue tout en maintenant son refus de participer aux institutions de la Républqiue, y compris la chambre basse. Or, dans un Etat démocratique, c’est au sein même du Parlement que s’exprime l’Opposition parlementaire et non dans la rue. S’agit-il, pour l’Udps, de faire monter les enchères pour mieux se positionner? La question reste posée. Car, il faut être politiquement aveugle pour ne pas comprendre qu’Etienne Tshisekedi n’obtiendra jamais gain de cause dans son combat actuel pour la magistrature suprême de la RDC. La communauté internationale ayant déjà pris acte de l’élection de Joseph Kabila, l’équation personnelle du leader de l’Udps ne figurerait plus à l’agenda. A moins qu’il se positionne par rapport à la course vers la Primature comme l’avait fait, en son temps et de la belle manière, Antoine Gizenga Fundji. Faut-il, pour cela, ridiculiser des élus du peuple contraints à la rue à Limete?
Marcellin MANDUAKILA
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