RDC – Majorité parlementaire, le peuple floué

La publication du calendrier des consultations en vue d’identifier la majorité parlementaire suscite moult interrogations et inquiétudes. La mission de l’Informateur serait déjà «viciée» et le peuple congolais floué par le paysage politique qui ne rassure pas quant à l’avenir du pays.

Les Partis politiques viennent d’être rattrapés par leurs «stratégies électoralistes». Le premier paysage politique est en train d’être éclipsé pour faire place à un autre.Mwando Nsimba, Informateur, est déjà à pied d’œuvre. Il consulte. Mais seulement voilà. Lorsqu’on jette un coup d’œil sur le calendrier des consultations, on est surpris par l’invitation lancée aux «groupes», «partis politiques» et «indépendants».Premier constat. Plusieurs formations politiques qui avaient vu le jour à la veille des élections du 28 novembre 2011 ne figurent pas sur la liste des partis et regroupements politiques à consulter. Ont-elles disparu par enchantement ou elles ont été tout simplement avalées par leurs «partis naturels» ?Déjà à cette époque, des observateurs s’interrogeaient sur cette pléthore des partis politiques. Expression démocratique ou insuffisance politique ? Les deux, disaient les uns, stratégies politiques rétorquaient les autres.A l’analyse, l’on se rend compte que les auteurs de ces stratégies politiques recherchaient à tout prix une «majorité parlementaire». Cela devant passer par l’obtention d’un nombre élevé des élus, peu importe la qualité.Que penser alors de ces partis politiques qui n’existent que sur papier ? Ils ont été créés, soutiennent des sources, à l’emporte-pièce dans un objectif d’élargir des bases électorales des candidats au scrutin du 28 novembre 2011.A ce jour, l’évidence est que tout n’a été bâti que du vent, un château des cartes qui vient de s’écrouler à la première tempête.Le cas le plus patent, dans le bloc de la mouvance présidentielle, est celui du PPPD. Un parti qui n’a pas battu campagne mais s’est retrouvé en deuxième position dans le camp présidentiel. Curieusement, il ne figure point sur la liste des partis à consulter. Omission ? Personne ne le sait.Dans le bloc de l’Opposition, on ne parle plus de plates-formes tels SET (Soutien à Etienne Tshisekedi), AVK (Alternative Vital Kamerhe) ou FORECO (Forces réunies de l’Opposition au Congo). Contre toute attente, quelques partis membres de ces regroupements politiques circonstanciels seront bel et bien consultés. Indépendance d’action, liberté d’identité politique ? Nul ne le sait non plus.

MISSION VICIEE ?

Autre constat. On va à ces consultations en ordre dispersé. L’Informateur reçoit séparément le secrétaire général de la MP, les dirigeants des partis politiques et les Indépendants proches de la MP. Qu’est-ce à dire ?Tout simplement ceci qu’il n’y a pas eu consensus sur la constitution automatique d’une majorité parlementaire.Président national de l’UNADEC, proche de la MP, l’Informateur ignorait-il cette discordance au sein de sa famille politique?Même procédure du côté de l’Opposition. Les partis politiques seront reçus à titre individuel. L’Informateur entend étendre son action à l’Opposition pour avoir aussi la perception de celle-ci. La démarche est à saluer. Toutefois, que l’UDPS, l’UNC et l’UFC ne figurent pas au nombre des partis à consulter laisse planer un doute quant à la transparence dont il voudrait se prévaloir. Ces partis, faut-il le rappeler, disposent d’un nombre important des députés à l’Assemblée nationale.Processus électoral vicié dès le départ, la tâche de l’informateur serait aussi viciée et ardue. Par conséquent, il n’en sortirait rien qui puisse mettre tout le monde d’accord.A la lumière de cette mission, les masques viennent de tomber. Les partis politiques viennent d’être rattrapés par leurs stratégies électoralistes consistant essentiellement à remporter les élections pour avoir une majorité, par n’importe quel moyen.Aucun parti politique n’ayant réussi à réunir la majorité absolue au vu des résultats des législatives de 2011, la voie est ouverte dans la composition avec d’autres formations naguère adversaires pendant la campagne électorale. Le paysage politique est en train de changer. Une nouvelle dynamique politique n’est pas à exclure.

VISION ETRIQUEE

Une fois de plus, le peuple congolais a été floué par une classe politique à vision étriquée, obsédée par la politique des résultats immédiats, sans aucune projection ni idée exacte de grandes questions nationales, régionales et internationales. Seul le pouvoir pour le pouvoir oriente leurs manœuvres politiques. Bien plus grave, les résultats des élections ont été faussés dans la mesure où des partis politiques tant de la majorité que de l’opposition qui ont pignon sur rue ont été pénalisés à cause justement de cet égocentrisme politique.Si jamais cette démarche de l’Informateur ne dégageait pas une nouvelle dynamique politique, donnant l’impression que les carottes étaient cuites à l’avance, l’on assisterait, peut-être, à une parodie de consultations quand on sait qu’avec 341 députés, certains acteurs politiques ont crié à une majorité absolue.Devant ce constat qui intrigue, la tâche s’annonce également difficile pour le futur Premier ministre. Le passé devrait éclairer le présent et guider l’avenir. Le palmarès des Premiers ministres congolais est élogieux mais qu’en a tiré le peuple congolais ? Crise de légitimité récurrente, contestation et récusation au sein de la classe politique.

Négocier convenablement ce tournant de l’histoire du pays reviendrait à prendre en compte les grands défis nationaux, régionaux et internationaux. Toute initiative politique doit sortir des sentiers battus et viser à faire de la République démocratique du Congo une Nation forte et solidaire, à même de faire face aux véritables enjeux qui régentent actuellement le monde.On devrait donc se départir des initiatives qui tendent à distraire le peuple congolais et à le tourner en dérision.Droits de reproduction et de diffusion réservés 

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