Samedi des paysans qui rentraient de leurs champs ont été massacrés à la hache et à la machette par des rebelles ougandais selon les autorités. 42 personnes ont été tuées officiellement, 51 selon la société civile à Beni. Il pourrait s'agir du plus gros massacre depuis deux ans dans cette ville et sa périphérie. Un deuil national de trois jours a été décrété alors qu'une délégation officielle est attendue sur place.
Ce nouveau massacre a provoqué des manifestations de colère hier, dimanche 14 août, à Beni. La population civiIe réclame qu'on la protège.
Les différentes composantes de la société civile du Nord-Kivu se sont réunies à Beni ce lundi matin dans l'attente de la délégation du gouvernement et de la Monusco. Leurs représentants se sont mis d'accord sur leurs revendications et notamment pour demander le départ de deux ministres.
Remplacer les forces des FARDC, sources de « confusion »
Les revendications de la société civile exprimées par Georges Kasongo
Ils demandent la démission du ministre de l'Intérieur et de la Défense, explique à RFI Georges Kasongo, président de la société civile de Lubero. « Le président de la République doit contraindre à la démission le ministre de la Défense et celui de l’Intérieur puisqu’ils ont montré la défaillance de leur prestation ». Ces deux ministres viennent régulièrement et depuis longtemps dans la région mais n'ont pas apporté de solution à la question de la sécurité, poursuit Georges Kasongo. « Pour ce qui est du gouvernement central, nous demandons que l’état-major des FARDC puisse se déplacer, venir remplacer les troupes qui sont ici car nous pensons que ces troupes sèment la confusion sur le terrain. Et le souci majeur aussi pour la population, c’est de voir le gouvernement central venir tenir un conseil des ministres à Beni pour statuer profondément sur la question sécuritaire qui prévaut dans la région. »
Solidarité nationale
Samedi pendant le massacre, des dizaines de maisons dans ces villages en périphérie de Beni ont été brûlées avec parfois leurs habitants à l'intérieur. Les rescapés ont fui leurs habitations au lendemain du drame. Plusieurs régions de RDC ont lancé des initiatives pour venir en aide aux populations du Nord-Kivu.
Descartes Mponge: «La population du Sud-Kivu a compris qu'il est important de donner»
A Bukavu par exemple, dans le Sud-Kivu, les habitants collectent des vêtements, des vivres et des médicaments pour venir en aide aux populations de Beni. Les explications de Descartes Mponge, président de la Coordination de la société civile du Sud-Kivu. « Nous avons lancé cet appel à la solidarité et aujourd’hui nous sommes fiers. Nous sommes fiers de voir que la population du Sud-Kivu a compris qu’il est important de donner, explique Descartes Mponge à RFI. On est en train de donner qui de cahiers, qui des stylos, qui des uniformes et même des habits, des vivres... Et déjà vendredi prochain, nous irons à Beni pour témoigner notre solidarité. Que chaque province face de même et témoigner notre compassion et soutien aux souffrances que vivent nos compatriotes depuis plus de deux ans. »
Indignation sur la Toile
Deux jours après l’attaque, les réactions fusent sur internet. Des messages de deuil et d'indignation défilent sur les réseaux sociaux depuis samedi soir. Des hashtags de soutien reviennent régulièrement, comme #JeSuisBeni ou #JePleureBeni. Il y a aussi le mot-dièse #Telema qui signifie « être debout » en lingala. Les internautes postent également des photos. Des images de drapeaux en berne et d'autres plus choquantes de corps mutilés ou de cadavres.
Très vite, dans les publications, des critiques émergent pour déplorer le vide sécuritaire dans cette partie de la ville. De nombreux tweets dénoncent « l’incompétence du régime pour sécuriser les Congolais » ou encore « l'inaction coupable des dirigeants » (lien en anglais). Certains utilisateurs pointent du doigt la Monusco (la mission de l'ONU présente en République démocratique du Congo). « Pas besoin de vos condoléances. Faites votre travail », peut-on encore lire, ou encore : « Vous êtes responsables de non-assistance à personne en danger ».
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