Dix ans après la conclusion à Sun City (Afrique du Sud), entre différents belligérants à la crise congolaise de l’Accord global et inclusif, la République démocratique du Congo patauge dans la recherche d’une paix hypothétique. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la RDC est encore loin de sortir de l’auberge. Pour l’année, Global Peace Index la classe en 3ème position de dix pays les plus dangereux de l’Afrique.
La paix, mainte fois négociée via divers accords tant nationaux, régionaux qu’internationaux, demeure toujours hypothétique en RDC. Dix ans après, la RDC se trouve presque dans un cercle vicieux. Elle court derrière la paix sans jamais la saisir. Autant de défis qui se dressent contre le nouveau gouvernement qui devait sortir à l’issue du travail d’informateur confié au doyen Charles Mwando Nsimba.
Une étude publiée par Global Peace Index confirme ce qu’il faut appeler désormais le «cancer congolais», synonyme d’une paix plus que jamais aléatoire. Même si l’étude date de 2011, elle permet néanmoins de saisir l’immense défi de la pacification de la partie Est de la RDC à partir de laquelle se déclenchent toutes les tentatives de déstabilisation du pays.
Global Peace Index, une initiative de l’Institute for Economics and Peace en Australie qui dresse depuis 2007 un classement annuel des pays du monde selon leur degré de pacifisme, se concentre sur une dizaine de pays «gangrenés par la violence». En guerre ou cherchant à en sortir, il est risqué de s'y rendre et souvent dangereux d'y vivre, conclut l’étude.
Les 10 pays les plus dangereux d'Afrique, parmi lesquels la RDC, classée 3ème, sont soit des Etats embourbés depuis plusieurs années dans une guerre civile ou frontalière, soit des pays ayant conclu récemment des accords de paix, mais encore confrontés à des violences régulières qui les déstabilisent. Le classement évalue dans ce cas, les risques de reprise des combats et de résurgence de l’instabilité politique. Sont également prises en compte les menaces terroristes, dont certaines sont liées à Al-Qaida. Le classement 2011 est marqué par le printemps arabe et son impact sur la stabilité des pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Ainsi, des pays comme la Tunisie ou la Libye, pourtant présentés dans le précédent classement comme deshavres de paix, figurent aujourd'hui dans le tableau noir. Global Peace Index présente la RDC comme un pays à forte propension de «l’émergence d’une menace terroriste». L’indice rapporte que «la République démocratique du Congo est empoisonnée par l’activité sur les franges de son territoire, de plusieurs groupes armés et terroristes concentrés dans l’Est du pays. C’est principalement au Kivu, dans la région des Grands Lacs, que la situation s’est envenimée en 2010». Ce conflit né, indique-t-il, de l’arrivée massive de réfugiés à la fin du génocide rwandais, oppose notamment les forces de l’armée nationale (FARDC) et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, un ancien militaire tutsi.
Selon le Global Peace Index, le conflit pour la domination régionale et les ressources régionales opposant les forces de l’armée nationale (FARDC) et les Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) a connu une baisse sensible de tensions.
Revanche, de nombreux combats entre les FARDC et le Congrès national pour la défense des peuples (CNDP) de Laurent Nkunda, un ancien militaire tutsi, note-t-il, ont éclaté en 2010 en dépit de l’accord de cessez-le-feu de 2008.
Il fait un détour sur les nombreuses initiatives déployées dans la région pour parvenir à une solution définitive, concernant notamment la présence des éléments du CNDP. En fin d’analyse, l’indice dresse un constat malheureux. «Malgré une tentative d’intégration du CNPD dans l’armée régulière et un accord de cessez-le-feu en 2008, ce dernier est régulièrement violé. En 2010, de nombreux combats entre les deux parties ont éclaté», conclut-il.
Toujours dans l’Est, poursuit-il, «le gouvernement congolais est aux prises avec des rebelles ougandais, les Forces démocratiques alliés-Armée nationale de libération de l’Ouganda (ADF-NALU). Or, en 2010, les soupçons de lien entre ces derniers et les shebab somaliens, un groupe islamiste fondamentaliste proche d’Al-Qaida, se sont confirmés».
RAPPEL A L’EVEIL NATIONAL
C’est donc après tout ce recoupement des faits que Global Peace Index situe la RDC au 3ème rang des pays dangereux de l’Afrique ; une position qui devait irriter au plus haut point Kinshasa. Car, voilà plus d’une dizaine d’années que des actions sont déployées sur terrain pour enfin pacifier la partie la plus névralgique de la RDC, c’est-à-dire l’Est.
Mais toutes ces initiatives, souvent portées par la communauté internationale, se sont avérées, au bout du compte, inadaptées à vaincre la pieuvre qui continue à fragiliser l’Est de la RDC, faisant de ce pays, comme vu par Global Peace Index, l’un des dix pays les plus dangereux de l’Afrique.
Comment dès lors espérer un afflux d’investisseurs étrangers dans le pays, dès lors que des signaux sont envoyés de part et d’autre décourageant les plus entreprenants à prendre la route de la RDC ?
En fait, s’il y a des investisseurs en RDC, c’est généralement des juniors, pour la plupart, d’ailleurs, des commissionnaires ou spéculateurs, qui savent prendre le risque. Mais, les majors, des investisseurs sur qui le pays devait réellement s’appuyer pour la relance de son appareil économique sont de plus sceptiques à venir en RDC. Le rapport de Global Peace Index l’atteste.
Comment corriger cette mauvaise perception du pays à l’extérieur ? Une question pour laquelle la population voudrait voir le gouvernement bien à l’œuvre. Il y a péril en la demeure. Car, si la RDC continue toujours à accumuler ces notes négatives, c’est son avenir en tant que nation en reconstruction qui risque d’être hypothéqué. L’indice de Global Peace Index doit donc servir de détonateur à un véritable éveil national pour rebâtir sur des bases solides et dans la paix un «pays plus beau qu’avant». Vœu clairement repris dans l’hymne national de la RDC.
Pour rappel, outre la RDC, les dix pays répertoriés par Global Peace Index sont la Somalie (1er), le Soudan (2ème), la République Centrafrique (4ème), la Libye (5ème), la Nigeria (6ème), le Tchad (7ème), le Zimbabwe (8ème), le Burundi (9ème) et l’Ethiopie (10ème).
Faustin Kuediasala
Kinshasa, 14/03/2012 (LP/MCN, via mediacongo.net)
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