Dans les officines kabilistes, la question n'est plus de savoir qui sera le prochain Premier ministre mais quel profil pour donner à Joseph Kabila un homme, un chef de gouvernement adapté à la circonstance. La question s'était déjà posée au Maréchal Mobutu au lendemain du contexte particulier de la démocratisation en avril 1990. Et la réponse avait été trouvée dans un homme nouveau que presque personne n'attendait, Vincent de Paul Lundu Bululu mais qui a vite fait de mettre quasiment tout le monde d'accord autour de lui.
Une réussite due à des atouts spécifiques qui avaient dicté son choix. Premier atout majeur, son côté vie publique irréprochable, tant dans ses moeurs que dans son passé sur la gestion de la chose publique. Mobutu qui venait de renoncer à un régime honni notamment à cause de la corruption caractéristique avait bien besoin d'un tel argument chez son Premier ministre pour recréer la confiance, dans les sphères financières internationales comme au niveau de l'opinion publique interne. Si
cette situation n'est pas à transposer aujourd'hui, elle est tout au moins proche de la position d'un Kabila déçu de ses ministres et de ses collaborateurs responsables de l'échec de l'opération «Tolérance zéro» et de qui ses compatriotes attendent une manifestation claire de sa volonté d'assainir les moeurs publiques. Déjà que la clameur publique, pendant la campane électorale, insinuait la réélection de Kabila mais débarrassé de tous les «ripous». Kabila est pris au mot lorsqu'il a déclaré à Kingakati que «pour tout pays, le capital humain est l'atout majeur pour l'émergence». Le capital humain dont question ne peut s'épanouir, s'exprimer pleinement quand l'environnement est malsain, gangrené par la corruption et d'autres maux. «Comment le Premier ministre saura-t-il combattre l'impunité s'il traîne personnellement une réputation de nature à affecter la dignité du Chef de l'Etat», s'interroge un des esprits pensants de la majorité. Parler d'«irréprochabilité», c'est peut-être trop demander à un être humain mais il ne faudra pas que le prochain Premier ministre arrive aux affaires avec des casseroles qu'il traîne depuis dans sa vie. Il y a que dans la nouveauté que cette exigence a plus de chance de trouver une réponse. La nouveauté a ceci de particulier qu'on dit d'elle «tout nouveau, tout beau». Elle séduit, suscite la compréhension et l'adhésion puisqu'elle demande de laisser le temps d'observer le nouvel homme au pouvoir. Elle constitue un ferment pour qui cherche à mobiliser autour d'une action pour le bien-être de la collectivité. Nouveauté passe également pour un signe de changement, surtout pour quiconque a capté le message du changement formulé lors des dernières élections générales avec le renouvellement de l'Assemblée nationale au plus de 4/5 de ses membres. Cependant, nouveauté ne dit pas inexpérience ou amateurisme. L'homme nouveau Lunda Bululu ne recelait pas moins en lui une expertise avérée. «Un chef de gouvernement réellement nouveau mais suffisamment aguerri pour avoir été préparé à la qualité de meneur d'hommes.
Le prochain Premier ministre doit être un vin neuf dans un outre neuve», pense le même penseur très éclectique. Ci-haut est épinglé l'atout compétence chez Lunda, atout auquel Kabila n'a pas le droit de déroger s'il tient au succès de son nouveau programme baptisé «La révolution de la modernité». Vu la sensibilité de la situation politique actuelle, il n'y a qu'un homme à l'image d'un fédérateur pour apaiser les tensions. Fédérateur pas seulement au sein de sa propre famille politique mais bien plus, ouvert également aux autres forces politiques et sociales, de sorte à créer et jeter des passerelles pour la cohésion nationale à laquelle Kabila a décidé de consacrer tous ses efforts. A celui qui correspond au profil brossé, il lui est demandé ce qu'il y a de plus sacré dans les relations d'hommes en politique, la confiance et la loyauté.
Toute cette prospective développée dans les cercles stratégiques de la kabilie montre que l'idée d'une cohabitation n'a plus de place. De tout temps, elle n'a jamais porté de fruit comme entre Patrice Emery Lumumba-Joseph Kasa-Vubu, Mobutu-Tshisekedi ou encore Mobutu-Kengo. Entre Kabila-Gizenga, il y a eu un problème d'adéquation de programme au delà de l'apparente harmonie.
MATTIHIEU KEPA
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