(Le Potentiel 30/03/2012)
Les auteurs de l’éclatement du Congo ne désarment pas. Ils débordent d’imagination pour concrétiser leur vaste plan machiavélique. Tel est le cas de cette «négociation» autour du delta de la Ruzizi, entre la RDC et le Burundi. La balkanisation de la RDC est en marche.
Lorsque le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda avaient brandi le prétexte sécuritaire pour agresser la République démocratique du Congo, en s’appuyant sur la présence des Interahamwe, les FDLR, on ne s’imaginait pas qu’il s’agissait là du début du complot de la balkanisation de la RDC. Le temps a fini par donner raison aux Congolais qui dénonçaient l’occupation de leur territoire par des pays étrangers. Tout le tralala bien orchestré depuis la tribune des Nations unies et cette kyrielle de conférences, de négociations, ne visaient qu’à fatiguer les Congolais.
Mais face à la résistance de ce même peuple congolais, les faiseurs de guerre ont changé le fusil d’épaule pour se manifester sur le plan économique. Outre le pillage systématique des richesses nationales dans le but d’affaiblir davantage la RDC, ils se sont illustrés par des «plans» tout aussi funestes que le complot lui-même et s’appuient sur «le partage des ressources» sous le principe de «la commercialisation responsable des ressources» de la région des Grands Lacs. Les auteurs de ces plans n’ont même pas hésité à demander à la RDC de partager ses ressources avec ses voisins, notamment le Rwanda. Entre-temps, dans ce pays, l’on s’employait à créer une «zone franche», une sorte de «paradis fiscal» pour mieux contrôler les revenus de la vente des richesses congolaises. Et dans les couloirs du département d’Etat à Washington, l’on disait que le «Kivu appartenait déjà au Rwanda». Allusion faite aux déclarations d’Herman Cohen, ancien sous-secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines dans une interview postée sur Youtube. net
Pendant qu’on y réfléchit encore pour maîtriser les tenants et les aboutissants de ces «plans de partage en commun des ressources de la RDC», voilà qu’on enregistre des indices sérieux qui renforcent l’inquiétude.
Le premier, et toujours le même prétexte, est d’ordre sécuritaire. En effet, le Burundi, par la bouche du général Evariste Ndishimiye, chef de cabinet du président burundais en charge des questions militaires «demande au gouvernement congolais de renforcer le contrôle à la frontière pour ne pas servir de bases arrières aux rebelles du FNL». Selon le pouvoir de Bujumbura, les rebelles du FNL se replient dans la forêt de Rukoko, en RDC, pour s’organiser et attaquer le Burundi, en vue de déstabiliser ses institutions. Cela rappelle la question des FDLR. Il y eut des opérations militaires conjointes avec le Rwanda pour les neutraliser. Rien n’y fit jusqu’à ce jour. Les FDLR sont toujours là et l’on donne l’impression de s’accommoder avec leur présence. Une implantation déguisée, diraient certains. Aussi, cette attitude de Bujumbura n’est pas du tout un fait divers. Elle découle d’une logique bien établie avec un objectif bien précis.
DELTA DE LA RUZIZI
Deuxième indice qui renforce le premier, et c’est le plus inquiétant, c’est la discussion autour du delta de la Ruzizi, entre la RDC et le Burundi.
Une commission mixte a déjà été mise sur pied et a tenu deux importantes séances de travail, à Bukavu et à Bujumbura. La discussion porte sur la démarcation de la frontière commune. Le point focal est bien sûr le delta de la Ruzizi au niveau de Gatumba et Kabonga, et qui accuserait une superficie d’au moins 8 000 km2.
Il serait question de «clarifier» ces zones d’ombre. D’autant que Bujumbura envisagerait la remise en cause l’Arrangement du 14 mai 1910 signé entre le Royaume de Belgique et l’Allemagne. Mais selon la Convention de Bruxelles d’août 1910 qui prend en compte cet arrangement de mai 1910, ensuite la Convention de Berlin de 26 août 1910 donnant instruction à la Commission mixte belgo-germano-britannique, cette limitation part du Lac Kivu au Lac Tanganyika, du nord au sud. Et il est souligné que cette frontière est constituée par la ligne médiane. «Cette solution, généralement bien admise, est d’ailleurs conforme aux principes de droit international public, à la déclaration de neutralité du 1er août 1885, à la déclaration de Bruxelles du 18 décembre 18 décembre 1894, à l’esprit de la Convention du 8 novembre 1894 par laquelle l’Allemagne a reconnu l’Etat Indépendant du Congo et à la convention belgo-allemande du 11 août 1910 approuvant l’arrangement de frontière du 14 mai 1910», lit-on dans les textes officiels.
La question qui préoccupe est celle de savoir les vrais mobiles qui pourraient justifier une éventuelle démarche commune de la RDC et du Burundi à remettre en cause les frontières héritées de la colonisation et lors des indépendances africaines. Pourquoi en ce moment précis ?
Des analystes voient en cette démarche subtile, une façon pour le Burundi d’exercer une pression sur la RDC au Nord-Kivu à l’image du Rwanda au Sud-Kivu où sa présence est omniprésente. Comme si déjà on se partageait la RDC à partir des deux Kivu.
Le prochain Parlement a du pain sur la planche. Car, il ne s’agit rien d’autre que des ballons d’essai en vue de porter, le moment venu, l’estocade pour réaliser le projet funeste de la balkanisation de la RDC.
NOUVELLES VILLES ET COMMUNES AU NORD-KIVU
Entre les deux indices, les observateurs sont surpris d’une autre chose ; le Décret 012/11 du 12 février 2012 portant création de trois villes et plusieurs communes dans la province du Nord-Kivu. Il s’agit de nouvelles villes suivantes : Luholu (avec comme communes Kayna, Kirumba, Luofu et Mighobwe), Oïcha (avec Asefu, Mamundioma et Mbimbi), Rutshuru (avec Buzito, Katemba, Kiringa et Mahungo)…. Et les communes ci-après Bambo, Bulongo, Hombo-Nord, Kanyabayonga, Kaseghe, Kasindi, Kibirizi, Kibumba, Kilambo, Kipese, Kirungu, Kitsombiro, Kyondo, Lubero, Luoto, Mangina, Masereka, Masisi, Mubi, Ndjingala, Ngungu, Njiapanda, Nyamilima, Nyamitaba, Nyanzale, Pinga, Bushimoo, Rubaya, Sake, Tshengerero, Walikale….
Admettons que ce décret soit conforme à la loi. Pourquoi a-t-il été pris en période transitoire alors que l’on est en train de mettre en place les nouvelles institutions ? En effet, l’Assemblée nationale n’a pas encore de bureau définitif, pas de Premier ministre ni de gouvernement issus des élections. Qu’est-ce qui motive cette précipitation qui ne concerne que la province du Nord-Kivu ? Dire qu’actuellement, dans cette province, les conflits fonciers font rage avec ces mouvements massifs de déplacement et d’arrivée des populations ainsi que des réfugiés, il y a à craindre que ce découpage pose de réels problèmes.
Il y a anguille sous roche. De là, à conclure que l’on est en train de placer une bombe à retardement, il n’y a qu’un pas à franchir pour affirmer cette hypothèse. En effet, selon des investigations menées, ce décret a été porté à la connaissance du public juste après l’audience que le Premier ministre intérimaire a accordée au gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku. Cette coïncidence curieuse suscite de nombreuses interrogations et rejoint des analyses autour du «dépeuplement, peuplement ou implantations» dans les deux Kivu. Ces nouvelles villes et communes ont-elles été décidées à dessein ? Serait-ce en prévision de prochaines élections provinciales et municipales ou en fonction de la mise en place ou réforme de l’Administration publique et Entités territoriales ? Autant d’interrogations pertinentes.
Au demeurant, tout se passe comme si les événements se recoupaient. On s’emploie ainsi à tourner en bourrique toute la classe politique par des «crises politiciennes» programmées pour prouver à la face du monde son incapacité à diriger un pays aux dimensions géographiques de la RDC, aux nombreuses richesses incontrôlées. Pendant ce temps, s’effectue un travail en profondeur afin de tourner aussi tout le peuple congolais en dérision. L’effet de surprise consistera à placer les Congolais devant un fait accompli. Pilule difficile à avaler.
Par Le Potentiel
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