Didier Reynders entame lundi une délicate visite de 48 heures en République démocratique du Congo, devenant ainsi l’un des premiers responsables occidentaux à se rendre à Kinshasa depuis les scrutins présidentiel et législatifs contestée du 28 novembre dernier qui ont vu la réélection du président Joseph Kabila, avec une majorité parlementaire confortée.
M. Reynders, qui répond à une invitation de son homologue congolais Alexis Thambwe Mwamba, se rend à Kinshasa “pour mieux s’informer de la situation politique”, a indiqué son entourage, soulignant qu’il rencontrerait de nombreux interlocuteurs, tant congolais – de la majorité présidentielle et de l’opposition, ainsi que de des membres de la société civile – qu’internationaux. Il devrait aussi s’entretenir mercredi après-midi avec M. Kabila, avant de regagner Bruxelles jeudi matin.
En décembre, le ministre avait renoncé à se rendre à l’investiture du président Kabila en raison des irrégularités qui avaient entaché les élections. Cette fois, la visite vise à assurer la poursuite du dialogue “ouvert et constructif” entre Bruxelles et Kinshasa et à souligner l’”engagement” de la Belgique envers la RDC, son ancienne colonie, y compris pour plaider sa cause dans les enceintes internationales, explique-t-on aux Affaires étrangères.
La RDC reste en effet, 52 ans après son indépendance, le partenaire le plus important de la coopération belge. M. Reynders souhaite ainsi “voir et entendre” quels sont les besoins de la population congolaise – alors que la RDC, pourtant dotée de nombreuses richesses naturelles (minerais, bois, cours d’eau…), a le plus bas indice de développement humain et que deux tiers des 67,8 millions d’habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, dans un climat de corruption généralisée.
Cette visite intervient alors que le gouvernement sortant a présenté sa démission trois mois après les élections marquées par des violences et qu’un “informateur” a été désigné par M. Kabila dans l’attente de la désignation d’un Premier ministre devant disposer d’une majorité à l’Assemblée nationale – alors que la plupart des députés font l’objet de recours en contestation devant la Cour suprême de Justice (CSJ) qui doit décider en avril de la validité de leur mandat.
M. Reynders rencontrera ainsi, outre M. Thambwe, le président – toujours provisoire – de l’Assemblée nationale, Timothée Kombo Nkisi, un élu du parti de l’opposant Etienne Tshisekedi, l’Union pour la Démocratie et le Progrès social (UDPS), qui conteste les résultats des élections du 28 novembre et s’est autoproclamé chef de l’Etat, et celui du Sénat, Léon Kengo wa Dondo. Il s’entretiendra aussi avec le ministre des Finances, Augustin Matata Ponyo – rescapé d’un accident d’avion le 12 février dans l’est à Bukavu (est) -, et avec deux groupes d’opposants, l’un de l’UDPS et l’autre du Mouvement de Libération du Congo (MLC), du sénateur Jean-Pierre Bemba, actuellement jugé par la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye.
Le ministre rencontrera aussi des groupes d’ONG congolaises, souvent très critiques sur les dérives autoritaires qu’elles attribuent au régime du président Kabila, et le “patron” de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), le diplomate américain Roger Meece, notamment pour évoquer la poursuite du processus électoral. Car, en dépit du déroulement parfois chaotique de scrutins du 28 novembre, la Belgique souhaite que les élections encore prévues (provinciales, sénatoriales, locales, municipales et urbaines) se tiennent selon un “calendrier raisonnable”, afin d’”ancrer la démocratie” en RDC.
Elle est également très attentive à la poursuite de la réforme du secteur de sécurité (SSR), qui doit doter le pays d’une armée et d’une police républicaines, capables d’assurer la sécurité à terme après le retrait prévisible des 17.000 Casques bleus de la Monusco, la plus importante mission onusienne de maintien de la paix, déployés principalement dans l’est, toujours instable en raison de la présence de groupes armés locaux et étrangers.
M. Reynders se rendra enfin sur le site de la future ambassade de Belgique à Kinshasa, après le feu vert donné vendredi par le gouvernement à l’achat de terrains afin de construire une nouvelle chancellerie.
LevIf.be, avec Belga.
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