(La Prospérité 08/03/2012)
Les résultats de la Présidentielle du novembre 2011 n’auront été qu’une goutte qui, finalement, a débordé le vase. Deux des onze candidats engagés dans la course, sont restés, chacun, dans ses positions. Kabila proclamé par la CENI et investi par la Cour Suprême de Justice, le 20 décembre 2011, préside à la destinée du pays. Tshisekedi qui, lui, conteste les résultats provisoires de la présidentielle, n’a cessé de multiplier des appels en direction de ses fidèles, pour s’engager dans une sorte de ‘’bras de fer’’ contre le nouvel ordre politique né de ces dernières élections couplées. A un certain moment, les perspectives d’un dialogue avaient tellement cédé la place à une multitude d’inquiétudes que bien d’esprits n’auraient nullement imaginé que l’histoire, comme naguère, devait avoir ses raisons que la raison ignore. Kinshasa, la capitale, était déjà au bord d’une implosion. Aujourd’hui, quelques mois après, le ciel, longtemps brumeux, aurait tendance à s’éclaircir, si jamais les efforts conjugués de la communauté internationale et des Evêques catholiques débouchaient sur une issue concluante. Les USA étaient en première ligne, avec l’idée d’un gouvernement inclusif. Puis, l’Allemagne, NDI et tant d’autres structures œuvrant sous le couvert de la diplomatie des coulisses, sont en action. Maintenant, c’est le tour des Evêques catholiques de faire la ronde, pour tenter de jeter un pont entre les deux principaux protagonistes de la scène politique congolaise. Ce ballet n’a toutefois pas négligé d’autres leaders tels que Kamerhe et Kengo dont le rôle serait néanmoins indéniable, s’il faut arrondir les angles de l’éventuelle gestion consensuelle, au cas où l’Opposition était invitée à table. La prochaine fois, ce sera peut-être l’ultime mission du Révérend Jean-Paul Moka et de l’ancien Président Ghanéen, s’ils sont confirmés, de pousser la classe politique à cliquer sur le clavier du dialogue dont les vertus favorisent l’éclosion de la paix, de la réconciliation et de la reconstruction. Après tout, le pays n’est-il pas un patrimoine commun ? Majorité-Opposition, entendez-vous ! Mettez-vous autour d’une table ! Le temps passe… ! Lundi 5 mars, la surprise est arrivée. Kabila reçoit une délégation du Comité Permanent des Evêques catholiques. C’était à Kingakati, de l’autre côté Est de Kinshasa, la capitale. La même délégation s’est rendue chez Tshisekedi, à Limeté. Puis, plus tard, elle s’est entretenue avec Vital Kamerhe et Michel Bongongo, respectivement, leaders de l’Union pour la Nation Congolaise, et, Représentant de Léon Kengo wa Dondo, l’un des candidats malheureux mais qui, présentement, trône encore à la tête du Sénat Congolais. Dans leur message, les Evêques, six au total, ont tenu à rappeler la nécessité, pour le gouvernement, de privilégier une démarche inclusive, par l’instauration du dialogue dans l’intérêt supérieur de la nation. Pour les Evêques, en effet, le malaise persistant au niveau social et politique occasionnerait des frustrations tant dans la classe politique qu’au sein du peuple congolais. Ici, les Evêques qui logent la Majorité et l’Opposition à la même enseigne, expliquent, en outre, que ces frustrations sont à la base d’une certaine inquiétude. Ils disent qu’ils ont pris cette initiative au nom de la CENCO qui, elle, en appelle à un dialogue des acteurs politiques et de toutes les forces vives de la société, pour le service du bien commun. Le dialogue, insistent-ils, demeure la seule voie, pour conjurer le malaise socio-politique observé. Concrètement, les Evêques se sont mis à l’écoute de tous afin de voir comment reconstruire ensemble le pays dans la paix, la justice et la vérité. Cette initiative, du reste, saluée de tous, n’est qu’à la phase initiale, précise un communiqué lu par M. l’Abbé Léonard Santedi, Secrétaire Général de la CENCO. Quand ? A la question de savoir à quand la prochaine étape, les Evêques qui ont, en même temps, achevé les travaux de leur session ordinaire au Centre Caritas Développement, n’y donnent les moindres détails. Toutefois, ce ballet diplomatique est un parmi tant d’autres missions de bons offices. Si l’Ambassadeur Américain est revenu plusieurs sur l’urgence d’une inclusivité au niveau du gouvernement, celui de l’Allemagne est allé plus loin, jusqu’à inviter Tshisekedi et sa tendre épouse, pour un dîner. La dernière fois, le même Ambassadeur d’Allemagne s’est rendu chez Tshisekedi, sur Pétunias, pour une petite visite de courtoisie. Décidément, le pont est jeté. De l’autre côté, NDI s’active. Des délégués des partis politiques et forces vives sont en concertation, depuis ce mardi 5 mars au Grand Hôtel Kinshasa. Ce sont des tractations tenues secrètes dont seule la perspicacité de La Prospérité a permis de glaner quelques fuites d’information. A tout prendre, le dialogue est là, même s’il n’en est qu’à ses débuts. Là où Kabila parle d’ouverture, Tshisekedi n’y est pas forcément opposé, sauf qu’il l’exige, lui, pour retrouver peut-être ce qu’il croit avoir perdu, à l’issue de la présidentielle 2011. Là où Kengo parle de l’annulation des scrutins, Kamerhe parle du recomptage des voix aux Chefs d’Etat Africains, à Addis-Abeba, alors que sur un autre registre, les diplomates occidentaux évoquent, eux, la notion d’inclusivité, comme autrefois sous le cadre lambrissé de Sun City, au vieux temps du dialogue entre congolais, en Afrique du Sud, vers 2003 ? Où allons-nous ? Va-t-on vers un plus combien ? Y a-t-il un petit schéma nouveau ? On va dialoguer, pour atteindre quel but ? Peut-on dialoguer, sans se soucier du partage du pouvoir ou du dépeçage du gâteau ? Lequel, ce gâteau-là ? A quoi auront, finalement, servi les élections ? Faut-il considérer que les irrégularités de ces élections ont-elles été une aubaine, pour justifier le retour en force aux affaires des candidats malheureux, par la magie du dialogue ? Autant de questions sans réponses. Mais, toujours est-il que la classe politique congolaise est capable d’y réserver la suite idoine, le moment venu. Elle est capable de surmonter ses crises et antagonismes, pour aller de l’avant. Elle l’a prouvé plus d’une fois, à travers les âges. Il y a lieu de garder un minimum d’optimisme. Les Evêques ont là, du pain sur la planche. Heureusement qu’ils ont Dieu, pour éclairer leurs pas, dans ce travail délicat.
LPM
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S"engager dans le shéma du pouvoir, postes ministériels et autres... ouvrirait une porte par laquelle passerait tout contestataire ou tout candidat malheureux pour revendiquer sa participation d'office aux affaires de l"Etat. Dans ces conditions là, à quoi serviraient les élections. Nous disons quand à nous que les congolais cherchent toujours à inventer la roue alors que celle-ci l"a déjà été par son inventeur.
RépondreSupprimerQuel est ce pays où 50 ans après, que les dirigeants soient incapables de transcender leurs sentiments égoistes en embarquant son peuple sur des shémas autres que celui de la démocratie véritable tout en en brandissant des slogans creux comme; le peuple d"abord.
Que las règles démocratiques soient notre bréviaire communs et toutes ces inventions sentimentales qui n"ont en réalité pour satisfaire des éternels insatisfaits comme si ce Congo ne peut pas survivre sans eux.
RépondreSupprimerA quoi donc serviraient encore l"organisation des élections en RDC si les perdants sous prétexte que ce soit doivent prétendre à tout prix au partage du pouvoir avec les gagnants, de quel côté soient=ils, majorité ou opposition.
Les gagnants gèrent le pays pendant la législature selon la démocratie. Quid aux perdants de se préparer réellement pour remporter les échéances futures.
Le contraire serait engager le pays dans un cercle vicieux.