Pages

mercredi 8 février 2012

Kivu, capitale «mondiale» du viol

Les projecteurs sont de nouveau focalisés sur la RDC depuis ces derniers mois. Les rapports des experts de l’ONU, auxquels il faudra désormais ajouter des initiatives individuelles se multiplient et interpellent de plus en plus. Après avoir fait allusion à des «alliances militaires inquiétantes» dans la partie Est, voici que rebondit le dossier des viols. Avec cette publicité qui n’honore nullement l’Est, pour ne pas dire le Kivu, qualifié de «capitale mondiale» du viol. Opprobre à laver. Défi à relever pour les nouvelles institutions.
Selon Libre Belgique, le Lesotho occuperait la première place en ce qui concerne le «viol sexuel». Il est suivi de Trinidad et Tobago, de la Suède, en dernier lieu l’Egypte et la Syrie. En Belgique, les viols sont également de plus en plus nombreux, avec en moyenne 26 viols pour 100.000 habitants en un an. Ces chiffres sont de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime. Mais ces faits, on les attribue à certains marginaux ou à des malades mentaux, des obsédés sexuels.
Mais, en ce qui concerne les violences sexuelles, les rapports concordent et soulignent de plus en plus la situation révoltante qui prévaut en RDC. Cela à la suite de l’existence des groupes armés qui écument l’Est de la RDC et se disputent des concessions minières. Ceux qui pillent les richesses du Congo et entretiennent le commerce illégal des minerais de sang. Non pas seulement qu’ils pillent, tuent également. C’est ainsi que dans leur exploit macabre pour terroriser les populations civiles innocentes et inoffensives, ils violent, femmes et jeunes filles.
A en croire certains rapports des ONG humanitaires, il y aurait en moyenne une centaine de viols par jour dans l’Est de la RDC. D’où ce qualificatif de «capitale mondiale» du viol.
Sur la piste de l’étain
Comme pour étayer ces propos, Christophe Boltanski, grand reporter au Nouvel Observateur, vient de publier un ouvrage dans lequel il relève cette situation. Il a suivi la «piste de l’étain», ce métal contenu dans la cassitérite et faisant partie des «terres rares» qui font courir des nations industrialisées. Ces «terres rares» qui ne sont rien d’autre que ces minerais qui interviennent dans l’industrie aérospatiale, l’informatique et la technologie de pointe et dans la fabrication des armes.
Il a débarqué à Walikale, au Sud-Kivu, jusqu’à la concession minière de Bisié, souvent théâtre des affrontements meurtriers entre les forces des armées régulières et les groupes rebelles rwandais, jusqu’en Malaisie, en passant par Londres, Paris, Bruxelles.
Comme il le décrit lui-même dans son livre, il a assisté «à la danse macabre au bord d’une mine où la mort rode, où les fusils commandent, où chacun réclame son dû et vit au jour le jour». Il s’est rendu à «Goma avec ses comptoirs qui préfinancent les négociants, vers des hommes d’affaires et des pilotes qui organisent le transport vers le Rwanda, vers les sociétés qui exportent, vendent et assurent, étiquettes à l’appui, que tout est correct, que les taxes ont été payées, et que l’identité des creuseurs, leurs conditions de travail et l’état de leurs libertés et de leurs poumons, ce n’est pas leur affaire. Plus on s’écarte de Bisié, plus les prix montent, à mesure que se perdent les traces de lourds sacs de jute dans lesquels ont été jetés les «minerais de sang».
Et ce grand reporter de Nouvel Observateur de conclure : «Plus on se rapproche de Bisié, plus on comprend pourquoi la guerre est inévitable, pourquoi le chaos congolais met tant de temps à reculer, car c’est dans le désordre que se réalisent les plus gros bénéfices, que chacun peut tenter sa chance… Pourquoi le Rwanda réussit et pourquoi le Kivu patine, pourquoi l’ONU échoue et qui, en définitive, paie le prix réel de la mondialisation…». Bien sûr que c’est le peuple congolais, meurtri, ces femmes et jeunes filles violées qui paient la facture.
Péril et défi
De ce qui précède, on comprend aisément qu’il y a péril en la demeure. Une situation susceptible de désarticuler l’économie congolaise, de déstabiliser les institutions de la République, d’émietter l’autorité de l’Etat et de déshumaniser l’homme congolais en brisant la cohésion familiale, noyau de toute société.
Défi à relever dans la mesure où il faut absolument laver l’opprobre avec cette publicité hors pair qui humilie le peuple congolais à travers la femme. Défi à relever pour rétablir l’autorité de l’Etat afin d’assurer l’existence d’un Etat et d’une Nation. C’est la mission qui attend les nouvelles institutions de la République.

Par Freddy Monsa Iyaka Duku

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour votre message.
Je tiens à vous rappeler que vous etes le seul responsable des propos tenu dans vos commentaires...

referencement google - messenger 9 - photo en studio - Plombier Noisy le grand