(Le Potentiel 28/02/2012)
Le lancement de la fibre optique en RDC est une affaire de gros sous. Les tergiversations actuellement constatées dans sa mise en activité sont révélatrices des enjeux en présence. A l’ex-OCPT, l’on s’étonne que le gouvernement, notamment le ministère des Postes, Téléphone et Télécommunications et celui du Portefeuille s’érigent en obstacle à l’effectivité de la fibre optique en RDC. Compté parmi les préalables à réaliser en vue de la tenue du 14ème Sommet de la Francophonie en RDC, le projet fibre optique est à la merci des pesanteurs politiques et intérêts partisans.
Il apparaît inconcevable que le gouvernement se montre facilement enclin à accorder aux privés d’immenses avantages sans contrepartie équivalente. C’est le cas du projet « fibre optique ». Le ministère du Portefeuille s’était empressé de proposer la création d’une société chargée de la gestion de ce projet au détriment de l’opérateur public congolais, en l’occurrence la Société commerciale des Postes et Télécommunications (SCPT), née des cendres de l’Office congolais des postes et télécommunications (OCPT).
Cette proposition voudrait-elle sous-entendre que les raisons avancées à l’époque, notamment l’incapacité de l’ex-OCPT à faire face à ce défi de la modernité, tiendraient toujours debout ? Cette question mérite un éclairage de la part de la double tutelle de la SCPT qui ne semble pas émettre sur une même longueur d’ondes.
Et pourtant, l’Etat a pu mobiliser des ressources financières pour atteindre cet objectif de doter la RDC d’une fibre optique dont le gros avantage est de faire bénéficier aux usagers le haut débit. Lequel fait défaut jusqu’à ce jour.
Un crédit de 12 millions USD, garanti par l’Etat au profit de l’ex-OCPT devrait servir à la construction du point d’atterrage à Moanda. Les 3 millions USD décaissés indument à l’époque avaient conduit l’ancien ADG de cette société d’Etat en prison. Selon des sources, seulement un million USD aurait été restitué au Trésor public. Pendant ce temps, la destination prise par la différence, soit 2 millions USD, ne serait pas toujours cernée.
Comme toutes les affaires à gros sous, le projet fibre optique a aigusé les appétits gloutons «des charognards» de tous les calibres qui ne jurent plus que par la manière de faire main basse sur les 9 ou 10 millions USD restants. La gestion des appels d’offre restreints a donné la mesure de l’étendue des appétits provoqués par ce financement et des intérêts suscités par le bénéfice de la gestion de la fibre optique.
Doreco a gagné le marché et aurait engrangé ainsi 4 millions USD. Cela au détriment de la firme belge SDIS, quand bien même elle aurait été la moins disante. La renégociation voulue par l’Autorité de régulation des marchés publics donnerait, peut-être, plus de visibilité à ce dossier.
Tentative de bradage
La fibre optique pourrait produire 35 millions USD par mois. Des recettes de cette hauteur ne tombent pas souvent dans les caisses de l’Etat. Il faut remonter à très loin, pour retrouver pareille performance. La SCPT qui, normalement, devrait être le bénéficiaire de cette manne inespérée, se bat comme un diable dans un bénitier. Congo-Câble, que l’on tente de substituer à la SCPT dans la gestion de ce projet ne serait, de l’avis de certains experts du secteur, qu’un bradage de l’opérateur officiel, considéré comme un instrument extrêmement stratégique pour l’Etat congolais.
Le financement du projet a été obtenu auprès d’une banque commerciale congolaise pour le compte de la SCPT. Les 221 millions USD accordés à un taux préférentiel d’1% assorti d’un délai de remboursement de 30 ans, obtenu des partenaires chinois pour l’extension de la fibre optique de Kinshasa vers le Bandundu, les deux Kasaï, Kasumbalesa et Sakania au Katanga, revient de droit à la SCPT et non aux privés. Il est clair que l’Etat chinois n’a pas financé les activités des privés. Il serait inadmissible que ces capitaux produisent des dividendes que les privés pourraient se partager à travers Congo-Câble. Au grand dam de l’Etat congolais.
Il serait un crime qu’après autant d’efforts d’investissement, des privés ne soient conviés qu’au moment du festin, sans qu’ils n’aient mis la main à la poche au même niveau que l’Etat congolais. L’impression qui se dégage est que tous les opérateurs œuvrant en RDC semblent prédestinés à se comporter en juge et partie dans des projets en RDC. Du fait du gouvernement.
Nous l’avons souligné, le haut débit à large bande rapporte beaucoup de ressources financières. Des estimations de l’ordre de 35 millions USD mensuels comme revenus poussent à l’exercice d’une vigilance républicaine tous azimuts. Car, l’opacité créée autour de ce projet risque de faire tache d’huile. Son extension à d’autres domaines, notamment pétrolier est redoutée.
Les autres pays de la sous-région, qui ont cerné le meilleur parti à tirer de la fibre optique, ont responsabilisé leur opérateur public, en qualité d’unique interlocuteur des privés. A titre d’illustration, le Gabon. Gabon Télécom, correspondant de SCPT, ne s’est pas vu imposer des partenaires par le gouvernement !
Plus de temps à perdre
L’heure est venue pour que les choses prennent leur vitesse de croisière. A chaque fois que ce dossier était grippé, le chef de l’Etat Joseph Kabila intervenait et le faisait avancer à grands bonds. Il faudrait qu’il en soit ainsi pour la situation actuelle. Plus que quelques jours, le lancement ring du Kinshasa est attendu. L’Union internationale de communication a dépêché des experts qui ont assuré la formation du personnel de la SCPT en matière de tarif et de commercialisation liés à la fibre optique.
De même, des jeunes ingénieurs revenus fraîchement de Chine où ils ont suivi une formation adéquate, n’attendent plus que leur affectation afin de donner le meilleur d’eux-mêmes. Il faut près de 800 000 USD pour l’achat des véhicules et le déploiement des agents formés. Il faut aller de l’avant et laisser les prédateurs peaufiner des stratégies pour s’approprier la fibre optique au détriment de la majorité des Congolais. Le consortium Wacs vient de taper du point sur la table. Les tergiversations de la partie congolaise sont considérées comme des atteintes au bon déroulement du projet dans son ensemble.
Par ailleurs, le contrat de maintenance en phase de matérialisation est la garantie que les opérateurs privés pourraient accéder à cette technologie de pointe au moindre coût. Les royalties revenant à l’Etat.
Les avantages de la fibre optique
Les avantages liés à la fibre optique sont innombrables. De l’accès à haut débit à l’Internet à la fiabilisation du réseau de télécommunication, autant d’avantages que des Congolais ne devraient pas rater à cause des caprices des décideurs. Avec la fibre optique, la résurrection de l’ex-OCPT est quasi certaine.
La fibre optique est même une importante source des revenus pour le Trésor public. 35 millions USD de recettes attendues en cas d’une mise en service optimale. Quant aux avantages techniques, les réseaux de télécommunications bénéficieront d’une qualité supplémentaire. Même en cas d’intempéries, des perturbations ne sont pas à craindre. En prévision du 14ème sommet de la Francophonie prévu en République démocratique du Congo, les moyens de communication seront très sollicités. La fibre optique est un moyen fiable de transmettre les informations en temps réel. Les médias qui assureront la couverture de l’événement trouveront ainsi un canal pouvant ouvrir la voie à un travail de qualité conforme aux standards en vigueur.
Le rapport qualité-prix pousse d’ailleurs à accélérer sa mise en service. Pour cinq fois moins, par rapport aux liaisons satellitaires, la fibre optique offre aux consommateurs mieux en qualité.
Dans des pays européens, en faveur de la fibre optique, les universités sont connectées gratuitement à l’Internet. Un bond significatif dans la formation de la jeunesse congolaise livrée souvent à des enseignements au rabais.
Par Le Potentiel
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