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lundi 20 février 2012

RDC – Martin Fayulu : « Les membres du bureau de la Céni doivent être poursuivis »

Le président de l’Engagement pour la citoyenneté et le développement tire les enseignements des scrutins du 28 novembre et scrute l’avenir du pays.
Les Dépêches de Brazzaville: Le recomptage des voix que propose l’opposition n’est-il pas utopique lorsqu’on sait que de nombreux procès- verbaux ont disparu ?
Martin Fayulu : Le pasteur Ngoy Mulunda et son équipe ont reçu mandat d’organiser les élections mais aussi de veiller à la conservation des documents y relatifs. À un moment donné, nous devons apprendre à respecter les valeurs universelles. La falsification d’un document est punie pénalement. Sur un peu plus de 10 000 bureaux de vote recensés à Kinshasa, 2 000 procès-verbaux ont disparu, soit 20% non pris en compte dans l’évaluation générale. Pour notre part, nous professons la vérité des urnes, c’est-à-dire ce que l’électeur a exprimé comme suffrage réel, lequel doit impérativement résulter du verdict final. Le plan de sortie de crise que proposent les forces du changement est clair et s’articule autour de la nécessité de rétablir la vérité des urnes.
LDB : Comment alors contourner la difficulté ?
M.F. : D’abord, il faudra réconcilier les procès-verbaux et, une fois d’accord, procéder au recomptage. Si cette opération s’avère difficile, on reprend les élections. Mais avant cela, il faut que les gens se parlent, que chacun apporte son cahier de charges, qu’il y ait des termes de référence etc.
LDB : Dans ce cas, inutile d’aller à la Cour suprême de justice…
M.F. : C’est juste pour se compliquer inutilement la tâche. Voyez le nombre des recours introduits. Près de deux tiers des députés élus sont contestés. Comment peut-on aller dans une assemblée avec des gens dont la légitimité est mise en doute ? Cela pose un sérieux problème de conscience, d’éthique, de respect des valeurs et de considération.
LDB : Des députés nommés voulez-vous dire ? Avez-vous des preuves ?
M.F. : Outre le nombre impressionnant des requêtes en contestation des résultats introduites à la Cour suprême de justice, le peuple n’a exprimé aucun ressentiment à la proclamation des résultats provisoires par la Céni. Il y a eu des bulletins de vote pré cochés et d’autres qui sont entrés sur le territoire national le jour du vote et même au-delà du 28 novembre. En outre, 3 200 000 personnes ont voté par dérogation, soit 17% du corps électoral. Les procès-verbaux détenus par les témoins étaient en totale déconnexion avec les résultats affichés par la Céni. À cela s’ajoutent les pressions exercées sur le bureau de la Céni par les chefs des clans de la majorité présidentielle pour que les leurs passent au détriment des vrais élus. N’est-ce pas là des preuves suffisantes qui relativisent la légitimité des actuels représentants du peuple ?
LDB : Quelle est la part du bureau de la Céni dans tout cela ?
M.F. : Pour avoir occasionné et planifié la fraude électorale, nous exigeons à ce que les membres du bureau de la Céni soient traînés en justice. Ils doivent s’expliquer sur une série des préoccupations, notamment sur le déroulement des opérations d’enrôlement en précisant combien des cartes d’électeurs et des bulletins de vote ont été commandés, utilisés ou non utilisés. Comment expliquer que sur les 51 députés élus de la ville-province de Kinshasa réputée berceau des forces du changement, ces dernières s’en tirent avec dix-neuf seulement contre 32 issus du camp présidentiel ? Peut-on également justifier les 90% des voix obtenues par Joseph Kabila au Katanga au détriment d’Étienne Tshisekedi réduit à la portion congrue avec seulement 7% ? La Cour suprême de justice devrait aller jusque dans les détails pour corriger ces iniquités manifestes. Le nouveau bureau de la Céni qui succédera à celui de Ngoy Mulunda procédera au nettoyage du fichier électoral et à la reprogrammation des élections sur la base d’un nouveau calendrier électoral. Il sera composé de sept personnes dont un président indépendant d’esprit, deux délégués de l’UDPS, deux de la Majorité présidentielle et deux de la société civile.
LDB : N’êtes-vous pas embarrassé par la position d’Étienne Tshisekedi invitant les députés de l’UDPS à ne pas siéger au Parlement ?
M.F. : Pas du tout. Le président Étienne Tshisekedi est resté logique avec lui-même. Au sein de la Dynamique Tshisekedi président, nous le soutenons totalement. Ne pas reconnaître cet appel, c’est se voiler la face. Il faudra, dès lors, chercher à trouver la solution avec lui et non en dehors de sa personne. L’histoire des hommes est faite des temps difficiles mais aussi de dialogue. Si à l’intérieur, nous sommes incapables de trouver la solution, il faudrait alors recourir à une médiation internationale indépendante.
LDB : Comment entrevoyez-vous l’avenir de l’Ecidé ?
M.F. : L’Ecidé est un parti politique à caractère national qui a fait d’énormes progrès. On nous a dérangés un peu partout. Nous avons introduit des requêtes à la Cour suprême de justice pour six ou sept circonscriptions électorales où nous étions partie prenante. Nous étions très bien classés à Rutshuru, à Lubero, à Mweka, à Mbuji-Mayi, à Kabinda, à Tshela et ailleurs. Si les élections s’étaient déroulées librement, l’Ecidé pourrait se prévaloir aujourd’hui de pas moins de quinze sièges à son actif. Mais hélas !

Propos recueillis par Alain Diasso
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