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lundi 27 février 2012

La crise postélectorale congolaise divise l’Occident

(Le Potentiel 27/02/2012) 
Deux blocs, deux théories en discussions dans les milieux des officiels occidentaux pour la résolution de l’équation postélectorale congolaise. Une situation qui risque de coûter cher à la RDC toujours face à des intérêts divergents.

Chacun dispose d’un schéma de sortie de crise en République démocratique du Congo. «Des pays amis», à travers leurs représentations à Kinshasa, rivalisent d’ardeur dans l’élaboration des propositions susceptibles de conduire à l’apaisement. Rien d’étonnant dans la mesure où le monde est devenu un village planétaire.
Malheureusement, les politiciens congolais qui maîtrisent encore cette donne se plaisent à ouvrir des brèches béantes à l’ingérence extérieure. Ils ont mal géré les élections 2011.
La nature n’a-t-elle pas horreur du vide ? Cela étant, l’organisation des élections couplées du 28 novembre 2011 a donné lieu à des contestations venant de tous les horizons. Les uns ont parlé «d’irrégularités», les autres ont «d’erreurs». Les plus radicaux ont soutenu la thèse de «tricheries planifiées» et de «fraudes massives organisées». Face à ce tollé, les résultats issus de ces scrutins ont perdu de leur éclat. Des observateurs nationaux et étrangers ont davantage éclaboussé le couple «CENI-gouvernement», à travers des rapports sulfureux sur l’organisation des élections et la conduite de l’ensemble du processus.
Pendant que les uns se réjouissent, les autres se sont évertués à vider le processus de toute sa substance en le discréditant.
La conséquence qui s’en est suivi est perceptible au regard du gène que des gouvernements «des pays amis» affichent lorsqu’il s’agit d’aborder la question électorale du 28 novembre 2011. En coulisses, des plans de sortie d’une crise latente qui enfle, sont concoctés. Les uns en contradictions notoires avec les autres.
Deux blocs en présence
Les positions des gouvernements occidentaux transpirent des chancelleries au point qu’on peut les résumer en trois points essentiellement. D’abord, il y a ceux qui estiment que la mise en place d’un gouvernement suffira, à elle seule, pour mettre un terme à la crise. La majorité constituée autour du président élu se mettra au travail de gestion du pays. L’Opposition sera mise dans l’obligation de s’organiser pour se présenter en alternative en 2016. Elle sera même poussée à se désigner un porte-parole conformément à la législation en vigueur. Elle donnera de la voix chaque fois que possible.
L’autre tendance soutient la recherche d’un consensus minimal pour résorber la crise postélectorale congolaise. Pour cette tendance, les irrégularités sont telles qu’il ne serait pas responsable de désigner des vainqueurs d’un côté et des vaincus de l’autre. Même s’il s’avérait que «l’ordre d’arrivée» ne changerait pas de manière absolue, la recherche de la cohésion nationale ne passerait pas par une exclusion suivie d’une humiliation d’un camp. Pour cette tendance donc, les Congolais doivent chercher des voies et moyens susceptibles de s’accorder sur un minimum permettant d’obtenir l’apaisement tant recherché tout le long du processus. Surtout que le dernier rapport du Centre Carter risque de relancer le débat sur la légitimité des institutions tant la crédibilité des opérations électorales a été fortement dénoncée.
Certes, le chien pourrait aboyer et la caravane passera. Mais si l’on tient compte du fait que la classe politique occidentale est sensible aux rapports de missions de leur société civile, il y a de quoi jurer que le débat ne fait que commencer.
Evidemment, «les extrémistes» congolais de tous bords ne l’entendent pas de cette oreille. Selon que la position présentée joue en faveur de leur famille politique, ces radicaux l’acceptent ou la rejettent sans en examiner le bien-fondé. «L’ingérence dans la politique interne de la RDC» est avancée comme argument, pour tempérer l’ardeur «des amis» qui formulent des propositions de sortie de crise.
Diviser, les gouvernements occidentaux le sont. Ils ne se sont pas encore déterminés sur une position claire et commune face à l’équation congolaise. L’attentisme «des gouvernements amis», actuellement de stricte observation, pour certains, dénote d’un malaise ressenti après les élections.
La responsabilité des Congolais
D’évidence, il ne suffit pas de combattre la fièvre. Il faut une thérapie de choc pour extirper la maladie. La glace du dialogue est l’unique voie de sortie. Cela ne peut venir que des acteurs politiques congolais eux-mêmes. En particulier de Tshisekedi et de Kabila.
La profonde division sur la question congolaise doit servir de déclencheur d’un sursaut national collectif de l’ensemble de la classe politique. La fragilité de la situation, les tensions récurrentes, maîtrisées tant bien que mal,… constituent une interpellation devant amener les uns et les autres à avoir les yeux grandement ouverts pour évaluer l’étendue du désastre social dans lequel est plongé la population, les électeurs de demain.


Par BIENVENU MARIE BAKUMANYA

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