(La Libre 21/02/2012)
"Nous sommes indépendants depuis 1960 et nous n'avons pas de leçons à recevoir d'eux". Deux mois après des élections controversées, le ton monte entre le gouvernement de Kinshasa et ses partenaires occidentaux, de plus en plus enclins à dénoncer les dérives du régime, constate lundi la presse kinoise. "Entre le gouvernement et l'Occident, c'est le +Je t'aime, moi non plus+.
Les dernières sorties médiatiques des ambassadeurs de l'Union européenne et de France en disent long sur les écarts de langage existant entre les deux parties. Ces échanges, encore verbaux, pourraient basculer vers un bras de fer, si jamais les divergences persistaient. S'engager dans une zone de turbulences en cette période serait préjudiciable. De part et d'autre", résume ainsi le journal 'Le Potentiel'.
Le quotidien fait référence aux "préoccupations" exprimées par les Nations Unies et plusieurs pays après la répression de la "Marche des chrétiens" de jeudi dernier.
La Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) a appelé les autorités congolaises à respecter les libertés fondamentales, la Belgique a, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, condamné vendredi un usage "excessif de la force" par la police et des bandes armées et la délégation de l'Union européenne à Kinshasa a dit regretter l'interdiction de la marche et la décision des autorités de couper les signaux de cinq chaînes de télévision et de radio.
En réponse, le ministre congolais de la Communication et des Médias, Lambert Mende Omalanga, a accusé l'UE de s'ingérer dans les affaires intérieures de la RDC. "Nous sommes indépendants depuis 1960 et nous n'avons pas de leçons à recevoir d'eux", a-t-il affirmé.
Ce qui lui a valu en retour une réaction de l'ambassadeur de France à Kinshasa, Luc Hallade. "Quand il s'agit de respecter la liberté d'expression, de manifestation de la population congolaise, cela nous paraît important de s'y intéresser. Nous sommes partenaires, et des amis et quand on est des amis et des partenaires, on doit pouvoir se dire, y compris des choses qui quelquefois froissent éventuellement, mais contribuent à ce que le pays avance aussi dans la bonne direction", a dit M. Hallade à Radio France Internationale (RFI).
"Cette escalade verbale n'arrange pas les choses. Bien au contraire, elle risque d'affecter la coopération bilatérale ou multilatérale. L'expérience du passé aidant, ce genre de +polémique+ est un signe annonciateur d'escalades dangereuses", commente 'Le Potentiel'.
"La RDC ne se passera pas des appuis de la communauté internationale, particulièrement de l'Occident, pour son développement. Et l'Occident n'a aucun intérêt à couper le pont avec les autorités congolaises", ajoute le quotidien.
Les pays occidentaux avaient dans l'ensemble exprimé leur déception face au déroulement des élections présidentielle et législatives du 28 novembre dernier, qui avaient été "entachées de graves irrégularités, avec un manque de transparence".
Elles n'étaient "pas à la hauteur des progrès démocratiques observés lors des dernières élections africaines", avaient même dénoncé les Etats-Unis, sans toutefois remettre en cause - tout comme la Belgique - la victoire du président sortant Joseph Kabila et sa réélection pour un second mandat de cinq ans.
Belga
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