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jeudi 23 février 2012

En RDC, les «sujets tabous» alimentent la rumeur

(Le Potentiel 23/02/2012)
L’absence d’une vraie politique de communication au niveau de plusieurs ministères du gouvernement et services publics fait que la rumeur s’alimente des sujets décrétés «tabous». Et lorsque radio trottoir s’en saisit, ce sont des «démentis officiels» qui s’égrènent.
«Le renforcement de la sécurité ne veut pas dire qu'on ne peut pas accéder à l'ambassade. Il n'y a aucune ambassade où l'accès est interdit. Le personnel diplomatique est positionné dans ses bureaux et travaille normalement, tandis que les gardes font la sécurité aux alentours de l'ambassade», a déclaré mardi 21 février à Kinshasa le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Patrick Mutombo.
Il démentait en fait la rumeur selon laquelle l’ambassade serait «interdite» aux Congolais résidant en Afrique du Sud, alors que ces mesures sécuritaires sont prises en rapport avec l'attaque de l’ambassade de la RDC en Afrique du Sud le 5 décembre 2011 par des jeunes qualifiés de «combattants». Ces incidents ayant causé la mort d'un agent de l'ambassade, les autorités diplomatiques avaient alors décidé de fermer les portes de l'ambassade pendant près d'un mois.
Des démentis, les Congolais en ont eu droit et à profusion au cours des années écoulées, surtout de la part de la commission électorale et du gouvernement.
A propos d’un article de presse faisant état de «plus de 3 millions de bulletins de vote fictifs déjà cochés en faveur d’un candidat présidentiel», le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) s’était empressé de démentir. «Il n’y a pas eu de bulletins de vote fictifs», avait réagi le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, en menaçant de saisir la justice contre ce journal.
En outre, la Ceni aurait dû précéder les événements en informant, en amont, l’opinion publique sur l’existence d’un stock de bulletins de vote qui arriveraient au Katanga après le 28 novembre 2011 en signalant le «motif de cette arrivée tardive», plutôt que d’attendre de se trouver en situation de «justification» consécutive à la «rumeur de tentative de fraude».
En cette matière de «démentis», le porte-parole du gouvernement en est devenu maître, à cause visiblement de l’absence d’une politique de communication efficiente de la part de ses collègues et des autres institutions de la République.
PRECEDER LA RUMEUR
La «modernité» exigeant une maîtrise de la Nouvelle technologie de l’information et de la communication (NTIC), les services officiels sont censés disposer d’un site Internet dans lequel sont logées «à tout instant» les informations mises à la portée du public.
Comme bien entendu, la présidence de la République, quelques ministères, services publics et entreprises d’Etat possèdent des sites où, curieusement, les «informations affichées» sont généralement «vieilles» de plusieurs semaines, quand ce ne sont pas plusieurs mois.
Or, c’est en réaction à une rumeur sur la non tenue des élections locales en 2012 que le gouvernement, plutôt que la Ceni, s’est empressé mardi à Kinshasa d’annoncer que «l’organisation des élections provinciales dépend de l’appui financier des partenaires extérieurs». Sinon, «la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) sera dans l’obligation de réadapter son calendrier électoral, si les partenaires extérieurs n’honorent pas leur engagement comme ils l’ont fait pour les législatives et la présidentielle», a averti son porte-parole Lambert Mende.
Pourtant, au mois de juin 2011, la Ceni avait dévoilé le coût du processus électoral 2011-2013 (présidentielle, législatives, provinciales, urbaines et locales) financé conjointement par la RDC et ses partenaires extérieurs qui avaient déjà entamé le virement des fonds en faveur de la Ceni. Si la communication ne s’était faite au fil des mois, cela aurait permis à toutes les parties intéressées d’en suivre l’évolution et évité d’incessants «démentis».
Quant aux activités du chef de l’Etat, c’est en principe le site Internet de la présidence de la République, source officielle par excellence, qui devrait informer les médias, notamment. On en veut pour illustration cette réponse du gouvernement à une rumeur stigmatisant «le déficit de visibilité du chef de l’Etat».
«Il est de bonne politique pour le respect du principe de la séparation des pouvoirs que, lorsque la Cour suprême de justice est occupée à statuer sur le contentieux des élections législatives, les autres institutions et notamment le président de la République gardent le silence. Il s’agit de ne pas donner l’impression d’interférer dans le processus», a expliqué le ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende Omalanga, au cours d’un point de presse.
C’est donc en cessant de considérer «tabous» des sujets qui ne le sont pas généralement, que la rumeur - qui se révèle être dans bien de cas «l’information» - cessera d’être alimentée.


Par Angelo Mobateli

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