(Le Potentiel 28/02/2012)
La situation au Mali mérite qu’on s’y attarde un peu. Le pays risque d’être balkanisé avec ce dossier «Touareg». Mais il y a bien plus : des tireurs de ficelles se cachent derrière cette rébellion armée pour des raisons mercantilistes : le contrôle du réseau de la drogue. Comme ce fut le cas en République démocratique du Congo avec ce trafic illicite des minerais qui financent les économies de guerre des forces négatives.
L’Afrique n’est pas encore sortie de l’auberge. Chaque année qui passe apporte sa cohorte d’événements politiques, entretenant en permanence l’instabilité et l’insécurité en Afrique. Ce qui freinent son développement et appauvrissent davantage les peuples d’Afrique.
Le cas le plus illustratif est justement celui de la République démocratique du Congo. Depuis son accession à l’indépendance, ce pays n’a jamais connu de stabilité, confronté souvent à une succession d’actions politiques qui menacent son intégrité territoriale jusqu’à influer négativement sur son existence en tant qu’Etat et Nation. La RDC a ainsi connu des mutineries, des sécessions, des rébellions armées et des guerres de libération sur fond d’occupation et de balkanisation.
En réalité, la RDC est victime de sa position géostratégique, de ses minerais que convoitent toujours des forces centrifuges. Aux temps de la Guerre froide, la sécession du Katanga était sous-tendue par cette obsession de contrôler cette zone minière qui recèle en son sous-sol des richesses incommensurables. Notamment le cuivre, très prisé en ces temps-là, et l’uranium qui intervient dans la fabrication de l’arme atomique, aujourd’hui nucléaire. Tout a été mis en œuvre pour opposer les Congolais, les uns contre les autres. D’où la sécession katangaise.
Aujourd’hui, la RDC est toujours au centre des intérêts divergents tant sur le plan régional qu’international. A la base, d’immenses ressources baptisées, les «minerais de sang». A savoir le coltan, le manganèse, le nickel, le nobium. Des «terres rares» qui interviennent dans l’aérospatial, l’informatique et l’armement. Voilà plus de 20 ans que les «guerres du Congo» durent, sous-tendues par des «minerais de sang». La RDC vit dans une instabilité de plus en plus chronique. Elle est menacée de balkanisation pour le contrôle de ses minerais, de ses espaces économiques.
Le Mali vient d’entrer dans la zone de turbulence, nonobstant les élections démocratiques. Que croire de ce qui arrive à ce pays du Sahel où la pauvreté n’attire pas de convoitises ? Mais voilà que le Mali devient de plus en plus intéressant et le désert très attrayant. Tout simplement parce qu’il doit servir de voie de passage, de transit de la drogue en provenance de l’Amérique du Sud vers l’Europe en passant par le Golfe de Guinée. Le prétexte : exploiter la problématique «touareg» en la transformant en un problème politique. Un véritable travail de sape.
Aujourd’hui, le pouvoir de Bamako est confronté à une rébellion bien armée et qui s’exprime au bout du fusil pour user de son droit d’autodétermination.
A côté, le Nigeria est à feu et à sang. La «guerre des religions» bat son plein avec les actions menées par la secte Boko Hama. Mais en réalité, c’est la guerre du contrôle des puits de pétrole avec comme objectif de balkaniser le Nigeria. La Côte d’Ivoire n’est toujours pas sortie de l’auberge tant son cacao est l’objet de convoitises.
Des groupes financiers
Au regard de ces événements politiques, l’on est désormais devant une réalité qui interpelle les bonnes consciences, particulièrement les dirigeants africains. La tendance en Afrique se penche vers ce «pouvoir au bout du fusil et au parfum de la drogue et des minerais de sang».
Ce qui n’écarte plus l’existence des «groupes financiers, des «faiseurs de rois et de guerres», lesquels disposent de plus en plus d’importants moyens financiers et sont en train de contrôler progressivement le monde.
Ces «groupes financiers» créent des sociétés multinationales, dictent leurs lois en constituant des lobbies importants dans des pays nantis et soutiennent ceux qui sont au pouvoir. Des «groupes financiers» sans foi ni loi qui doivent leur existence à l’entretien des «groupes maffieux» installés à travers le monde, des pays producteurs de minerais et de drogue, aux acheteurs ou consommateurs en passant par des pays de transit et ceux où le blanchiment s’opère. Grâce à ces importants moyens financiers, ils soutiennent à bras-le-corps les économies occidentales aujourd’hui frappées par une récession économique sans précédent.
Comment expliquer que la RDC dispose subitement de voisins puissants à même d’interférer dans ses affaires internes pour la fragiliser davantage ? Que dire du Mali qui a maintenant en face de lui une rébellion hyper-armée avec des armes qui ont transité par des pays voisins sans qu’ils les voient ? Ce sont les conséquences des «plans machiavéliques» qui ne visent qu’à affaiblir davantage l’Afrique, à installer des «gouvernants complaisants», malléables à souhait pour contrôler les richesses nationales, protéger des intérêts étrangers.
Il est vrai que l’on est là en face des «monstres» sans états d’âme, car seuls leurs intérêts comptent. Si les pays nantis, les plus industrialisés continuent à manquer de l’argent, comme c’est le cas maintenant, ils finiront par en chercher, partout et n’importe comment. Ne sont-ils pas déjà en train de le faire avec ces guerres en République démocratique du Congo, au Mali, au Nigeria, en Côte d’ivoire ?...
Par Freddy Monsa Iyaka Duku
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