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mercredi 15 février 2012

DC – Que se passe-t-il à Kisantu?

Slogans hostiles au pouvoir central : la secte « Vuvamu » sur les traces de BDK ? La petite cité de Kisantu, dans le Bas-Congo, à environ 120 km de Kinshasa, a connu une journée très chaude hier lundi 13 février 201 2. A en croire plusieurs sources indépendantes, des jeunes-gens se réclamant de l’Eglise « Vuvamu » du pasteur Nkusu, après s’être rassemblés devant le siège de leur église, se sont répandus travers la cité commerciale de Kimbala, munis d’armes blanches. Leurs cibles principales étaient des commerçants étrangers, notamment chinois et indopakistanais, accusés de réaliser des gains facile sur le dos des Congolais, de leur faire la concurrence déloyale, de les mal payer, de se livrer au petit commerce au mépris des textes légaux, de ne rien apporter au développement de leur contrée.

Les mêmes sources ont fait état d’une véritable chasse à l’homme déclenchée contre ces expatriés d’origine asiatique, aussi bien dans leurs maisons de commerce que dans leurs habitations. Quatre blessés graves ont été enregistrés. Un sujet indo-pakistanais, aurait été donné pour mort, sans autre précision.
Selon des sources locales, ces jeunes adeptes de l’église «Vuvamu », sigle qui se traduit en kikongo par «Vutuka vana mpambu wa vidila» (traduction française «Rentres au niveau du carrefour où tu as perdu ton chemin), scandaient également sur leur passage des slogans hostiles aux hommes au pouvoir à Kinshasa, coupables à leurs yeux d’avoir vendu le pays aux étrangers. Certains réclamaient même le respect de la vérité des urnes et la passation du pouvoir d’Etat aux compatriotes ayant réellement gagné dans les urnes, aussi bien au niveau de la présidentielle que des législatives nationales.
Des revendications en rapport avec l’indépendance de la province du Kongo central ont également été entendues.
L’appel de la Commissaire de District assistante
Contactée par Le Phare, la Commissaire de District assistante de la Lukaya, Mme Henriette, a confirmé la manifestation violente organisée à travers la cité de Kimbala par des jeunes-gens appartenant à l’Eglise « Vuvamu ». Elle a reconnu aussi des actes de brutalité commis sur des commerçants chinois et indopakistanais, dont quatre ont été blessés. L’un d’entre eux a été même évacué sur Kinshasa compte tenu de la gravité de son état.
Mais cette autorité a démenti la rumeur ayant fait état de la mort d’un sujet indopakistanais. A l’en croire, aucun décès n’a été enregistré. Mme Henriette a contesté par ailleurs la version selon laquelle les manifestants auraient lancé des slogans hostiles au pouvoir. Selon elle, les revendications des adeptes de « Vuvamu » sont demeurées strictement économiques et commerciales. La police, a-t-elle indiqué, a rapidement maîtrisé la situation.
Sur les traces de Bundu dia Kongo ?
Les observateurs, au vu du discours anti- étranger, développé par les membres de l’église « Vuvamu » se demandent si cette dernière n’est pas en train de marcher sur les traces de la célèbre secte « Bundu dia Kongo » du gourou et député national Ne Muanda Nsemi, dissoute en 2007 par une décision gouvernementale, et muée aujourd’hui en un parti politique dénommé Bundu dia Mayala, dont la demande d’agrément moisit depuis plus d’une année dans les tiroirs du ministère de l’Intérieur. La traque aux Chinois et Indopakistanais rappelle à beaucoup la chasse aux « non originaires » orchestrée contre des Congolais originaires d’autres provinces du pays et sommés de regagner Kinshasa ou leurs milieux d’origine, sous peine des sévices corporels.
Il semble que le pasteur Nkusu, leur chef spirituel, aurait la même vision que Ne Muanda semi et la feue héroïne « Ne Kongo» Kimpa Vita, à savoir la libération du Kongo Central du joug du pouvoir de Kinshasa et de la mainmise des expatriés.
Peu s’en faut qu’il se mette à réclamer tout bonnement l’indépendance de cette province, comme le gourou de Bundu dia Kongo entre 2001 et 2007.
Les autorités centrales devraient creuser le fond du problème des jeunes de Kisantu. Les analystes politique, tout en condamnant le caractère violent et xénophobe de la manifestation de Kisantu, n’en relèvent pas moins l’expression des frustrations nées des attentes d’une population minée par La misère, la famine, le manque d’emploi… bref des problèmes sociaux insolubles. Face à un avenir qui ne fait que s’assombrir, les boucs émissaires sont tout désignés : des Chinois et Indopakistanais qui ont envahi le secteur du petit commerce. Il y a aussi, en filigrane, des déceptions résultant des tripatouillages des résultats des élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2012. Mis ensemble, le cocktail économique et commercial a donné ce qu’il a donné hier à Kisantu. C’est une interpellation pour la future législature qui s’apprête à gouverner la République entre 2011 et 2016.

Kimp
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