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mercredi 8 février 2012

Avec une majorité confortable, Kabila rassuré : Le président prêt à gagner le pari de la modernité

(L'Avenir Quotidien 07/02/2012)
Avec 341 députés sur 500 que compte l’Assemblée nationale, sans oublier l’apport de 39 députés indépendants, le Chef de l’Etat Joseph Kabila vient d’être doté d’une majorité confortable pour lui permettre de poursuivre la reconstruction du pays. * Le RCD/Goma est le seul parti qui s’en sort avec zéro député, pendant que le PALU a chuté de 34 députés en 2006 à 19 en 2011. De même, le MLC qui avait 66 en 2006 n’a eu que 22 en 2011. Les jeunes partis comme le CNC de Pius Muabilu, l’AFDC de Bahati et l’UNC de Kamerhe récoltent respectivement 2 sièges, 17 sièges et 18 sièges. * Entre-temps, c’est ce 16 février que les députés élus vont se réunir pour la toute première fois. Objectif : installer le bureau provisoire, valider les pouvoirs des élus, organiser l’élection et l’installation du Bureau définitif, élaborer et adopter le Règlement intérieur par la plénière.

Après la publication des derniers résultats par la CENI, des calculs se font dans plusieurs états-majors politiques pour savoir de quel côté se penchera la majorité présidentielle, celle qui devra non seulement sortir un Premier ministre, mais permettre au Chef de l’Etat de poursuivre la reconstruction du pays. Même si c’est le peuple congolais lui-même qui a largement choisi de donner une majorité confortable au Chef de l’Etat pour légitimer sa réélection et lui permettre ainsi de poursuivre avec la reconstruction du pays.
En effet, le Gouvernement étant responsable devant l’Assemblée nationale, le Président de la République doit choisir le Premier ministre dans cette majorité. Les élections législatives apparaissent donc comme les élections principales qu’il convient de remporter pour pouvoir gouverner. Cette démocratie indirecte représentative ou parlementaire est un régime dans lequel des délégués, députés ou représentants, élus par le peuple, exercent, réunis en Parlement, le pouvoir législatif et dont une partie d’entre eux, soutenus par la majorité parlementaire, constituent le gouvernement (ou cabinet ministériel) qui dirige l’exécutif. Au regard des résultats encore provisoires publiés par la CENI, des leçons méritent d’être tirées, avant la publication des résultats définitifs par la Cour suprême de justice.
1. La première leçon, la Majorité présidentielle a ainsi gagné 341 députés sur 500 que compose l’Assemblée nationale. Avec 130 députés, le PPRD et les partis-satellites, proches de Joseph Kabila, demeure la première force politique du pays. Pour dominer l’Assemblée, il devra cependant conclure des alliances avec des formations indépendantes comme l’AFDC de Bahati Lukwebo qui compte 17 députés, l’ Arc de Kamitatu (16 élus), le CNC de Pius Muabilu (2 élus) ou des formations qui faisaient déjà partie de la majorité présidentielle comme le Parti lumumbiste unifié (Palu) qui est passé de 34 à 19 députés, sanction peut-être de sa gestion du pouvoir, ou du fait que le mythique Gizenga a passé la main.
Il est intéressant de constater que le MSR, Mouvement social pour le renouveau, de Pierre Lumbi, envoie 32 élus à l’Assemblée nationale et devient le troisième parti. Le MSR risque d’apparaître comme incontournable, alors qu’il se situe à la gauche du PPRD et qu’il recrute largement dans les rangs de la société civile.
2. La deuxième leçon, les élections de 2011 ont connu la participation de certains partis politiques qui n’avaient pas encore totalisé une année d’existence. C’est le cas du CNC de Pius Muabilu qui a récolté deux sièges ; l’UNC de Vital Kamerhe avec 18 sièges et l’AFDC de Modeste Bahati avec 17 sièges. A cette allure, le CNC de Pius Muabilu devient incontournable tant dans la composition de la Majorité parlementaire, que dans la constitution du nouveau Gouvernement.
Le CNC, parti de l’avenir, n’a besoin qu’on lui accorde un peu de temps pour montrer de quoi il est capable. Et s’il était effectivement implanté dans tous les coins de la République, peut-être qu’il récolterait plus de députés. Les yeux sont donc rivés vers les recours introduits par les membres de ce parti à la Haute cour, qui ont pour nature de changer la donne, en augmentant la notoriété d’un parti qui ne fait que surprendre sur la scène politique congolaise. Si la majorité veut pouvoir soutenir un gouvernement stable, des alliances devront être conclues, des compromis devront être faits, avec des formations qui ont tiré leur succès de leur indépendance.
3. La troisième leçon, c’est le cas de certains partis politiques qui ont perdu de l’emprise en 2011, pendant qu’en 2006, ils avaient récolté beaucoup de députés. C’est le cas du PALU qui a chuté de 34 en 2006 à 19 en 2011. Une situation qui, pour d’aucuns, est assimilée à une certaine sanction exercée par le souverain primaire qui n’a pas apprécié sa gestion durant 5 ans. Il y a aussi le MLC qui est tombé de 66 députés en 2006 à 22 en 2011, payant là ses dissensions internes et l’impossible succession d’un « chairman » toujours détenu à La Haye et qui croit toujours en ses chances de revenir libre au Congo.
Le MLC serait aussi victime de l’implication du leader de l’UDPS dans le processus électoral, ce qui a été inévitablement contreproductif pour l’ex-première force politique de l’opposition. Les lecteurs ne devront pas oublier que le RCD/Goma, parti cher à Azarias Ruberwa s’en sort avec zéro député, contredisant ainsi tous les pronostics.
4. La quatrième leçon, c’est l’UDPS qui devient le premier parti politique de l’Opposition avec 42 députés sur 500, soit 8,4%. Et de ce fait devient la deuxième force politique du pays après le PPRD et partis-satellites. Mais ce parti, ainsi que tous les députés qui ont été élus parce qu’ils soutenaient la candidature d’Etienne Tshisekedi à la présidentielle, se trouvent en face d’un dilemme. Faudra-t-il suivre le mot d’ordre de ce leader qui exige l’annulation de toutes les élections, ou bien iront-ils au Parlement malgré eux, en foulant ainsi au pied ce mot d’ordre ?
Du côté de l’opposition, le vrai succès de l’UDPS (qui passe premier parti de l’opposition avec 42 députés) devrait à la fois panser les plaies des partisans de Tshisekedi et leur déchirer le cœur : le parti en effet démontre son implantation nationale alors qu’il se présente pour la première fois, et en même temps, ses élus devront faire le choix déchirant d’exercer ou non leur mandat dans une Assemblée dont Tshisekedi ne reconnaît pas la légitimité.
Selon la journaliste belge Colette Breackman, le nouveau mandat qui s’ouvre est certes obscurci par la polémique électorale, par les défis lancés par Tshisekedi, mais les déchirements de 2011 pourraient guérir assez rapidement si un véritable changement s’amorçait, si les citoyens congolais bénéficiaient enfin des fruits d’une reconstruction mise au service des secteurs sociaux.
Même si elle a ses arrières assurés, la majorité présidentielle devra se recomposer et se solidifier, tandis que l’opposition, elle, sera confrontée à plusieurs défis : sortir du post mobutisme et des schémas des années 90 dans le cas de l’UDPS, sortir de la logique de l’après-guerre dans le cas du MLC, abandonner le « caudillisme », le culte du chef, qui caractérise trop souvent la classe politique congolaise et empêcher la majorité de tomber dans le même travers. Tous enfin devront rappeler à Joseph Kabila, qui totalisera quinze ans de pouvoir en 2017, que ce deuxième mandat électif doit être le dernier d’affilée et qu’au cours de la législature qui s’ouvre, des hommes nouveaux devront commencer à se préparer…
Le rendez-vous est pris pour ce 16 février
Selon les prescrits de l’article 114 de la Constitution, chaque Chambre du Parlement se réunit de plein droit en session extraordinaire le quinzième jour suivant la proclamation des résultats des élections législatives par la Commission électorale nationale indépendante en vue de : l’installation du Bureau provisoire dirigé par le doyen d’âge assisté de deux élus les moins âgés ; la validation des pouvoirs ; l’élection et l’installation du Bureau définitif ; l’élaboration et l’adoption du Règlement intérieur. La séance d’ouverture est présidée par le Secrétaire général de l’Administration de chacune des deux Chambres. Pendant cette session, les deux Chambres se réunissent pour élaborer et adopter le Règlement intérieur du Congrès. La session extraordinaire prend fin à l’épuisement de l’ordre du jour. Des sources concordantes, nous apprenons que le Bureau de la CENI a déjà déposé la liste de tous les députés élus sur la table du secrétaire général a.i de la chambre basse du Parlement, ce qui permettra de connaître le nom du doyen en âge, ainsi que les deux benjamins de tous les députés.

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