RDC: Elections, la diaspora dénonce sa « mise à l’écart »

Publié le 24 octobre 2011 Le président du Collectif des Congolais qui vivent à l’étranger déplore le fait qu’en dépit de leur apport considérable à l’économie et au social de leur pays d’origine, ces compatriotes sont exclus des élections et ne sont pas représentés dans les institutions issues du suffrage universel. M. Janvier Bonina est président du tout nouveau “ Collectif des Congolais de la diaspora “ qui a vu le jour le 1er août 2011 à Paris en France. Actuellement en séjour à Kinshasa, Janvier Bonina s’est confié le week-end dernier à “ La Tempêté des Tropiques “.

Les objectifs de ce Collectif, a-t-il dit, sont de deux ordres. Premièrement, les Congolais qui vivent à l’extérieur s’organisent autour de cette plate forme pour créer un cadre d’échanges, de discussions, de ré- flexion et de propositions à soumettre aux autorités de la RDC afin qu’elles trouvent des solutions adéquates aux problèmes qui se posent.

En second lieu, les Congolais de la diaspora veulent créer, à travers ce Collectif, une interface avec leur pays d’origine parce que pendant longtemps, ils ont évolué en ordre dispersé. Jusqu’il y a peu, quand les institutions du pays voulait discuter et échanger avec la diaspora, il n y avait pas de cadre attitré pour cela. La diaspora congolaise veut garder un oeil critique sur le fonctionnement de la RDC afin de pouvoir lui apporter des outils et tout ce qu’elle pense être bien pour son avancement.

Pour Janvier Bonina, les actions de la diaspora sont palpables sur les plans économique et social en RDC. Il croit que la diaspora congolaise est aujourd’hui la première entreprise congolaise. M. Bonin, a notamment précisé “ Quand on regarde de près, bien que je n’aie pas encore des chiffres auprès de la Banque centrale du Congo, nous sommes les premiers pourvoyeurs de notre pays en devises étrangères. Quand il s’agit de la balance de paiement, la RDC peut compter sur l’apport en devises de la diaspora pour les montants qui passent par les canaux de Western Union, Money Gram et autres “.Le deuxième exemple qu’il a cité pour montrer le dynamisme de la diaspora est le secteur du transport. Les chiffres de l’OGEFREM (Office de Gestion du Fret Maritime), soutient-il, montrent que pour la seule année 2010, il y a eu environ 40.000 -véhicules importés au Congo par les Congolais de la diaspora pour servir dans le domaine du transport en commun.

Et Bonina précise : “Je m’amuse à faire des calculs : on prend des bus et des taxis bus, des chauffeurs et des receveurs, ça fait en moyenne 60.000 emplois créés dans le domaine de transport. Vous ne pouvez pas me dire qu’il y e une autre entreprise qui ait fait plus qu cela en 2010 ici au Congo. Les exemples peuvent se multiplier, mais je ne m’en tiens qu’à cela “.

On a besoin de l’argent de la diaspora congolaise, mais on lui refuse des droits politiques

L’exclusivité de la nationalité congolaise consacrée par la loi et l’exclusion des Congolais de la diaspora du processus électoral frustrent bon nombre d’entre eux, reconnaît Janvier Bonina. C’est la diaspora qui anime économiquement le pays et qui soutient socialement de très nombreux compatriotes restés au pays.
C’est nous qui enterrons les morts de nos familles restées au pays, c’est qui finançons les managés, c’est nous qui supportons les frais médicaux, c’est nous qui payons les frais scolaires, c’est nous qui finançons les fêtes de fin d’année de nos familles “, affirme Janvier Bonina.

Par contre, déplore-t-il, dans le processus décisionnel de ce pays, la diaspora qui n’a même pas droit au vote est totalement absente. Beaucoup de Congolais de la diaspora sont frustrés par l’ingratitude de la patrie à leur égard en dépit de leur apport économique et social. Ils estiment qu’en contre partie, on les paye en leur retirant la nationalité de leurs ancêtres lorsqu’ils optent pour une deuxième nationalité, parfois pour des raisons professionnelles.

Le président du Collectif des Congolais de l’étranger déplore le comportement violent des Congolais vivant en Europe appelés” Combattants qui s’en prennent physiquement aux autorités du pays et à ceux qui sont censés les soutenir. Il ne remet pas en cause leur amour pour le pays et il comprend leur frustration. Mais, en sa qualité de président d’une structure de rassemblement, il les invite, à travers le dialogue, à choisir la voie pacifique.

Norbert TAMBWE

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