(Courrier International 24/10/2011) Immense succès, Viva Riva ! est le premier film de fiction 100% congolais. Une ode à Kinshasa… et à l’Afrique urbaine. Sexe, alcool, drogues, musique, débrouillardise... ce polar dresse le portrait renversant de la capitale congolaise. Rythme trépidant, suspens haletant et réalisme exempt de tout sentimentalisme, le film Viva Riva ! est une plongée implacable et grisante dans les bas-fonds de Kinshasa. Le personnage principal, Riva, joué par Patsha Bay Mukuna, est un arnaqueur à la petite semaine de retour dans sa ville natale après avoir passé dix ans en Angola. Il compte y revendre une cargaison de pétrole volée à son ancien patron, César, un mafieux angolais.
Le film [scénario et réalisation de Djo Tunda Wa Munga] se déroule dans un contexte familier : Kinshasa souffre d’une grave pénurie d’essence ; les automobilistes passent des heures à faire la queue devant les stations d’essence. L’or noir se revend à 7 dollars le litre. Riva se voit déjà à la tête d’une petite fortune, mais c’est sans compter l’impitoyable César.
Si vous ajoutez à l’intrigue une superbe créature, vous obtiendrez un palpitant jeu de chat et de la souris mâtiné d’un mélange de violence brutale et de sexe filmé sans tabou. Si le film peut parfois faire penser au travail de Martin Scorsese, les dialogues en français et en lingala [une langue bantoue parlée au Congo et en RDC] associés à un travail de caméra très original et courageux offrent une exploration rafraîchissante du sexe, de la corruption et de la trahison. On est bien loin du cinéma stéréotypé et conventionnel d’Hollywood.
“Le film est une réussite pour de nombreuses raisons, explique le réalisateur et scénariste kenyan Simiyu Barasa. D'abord, le scénario et la narration sont très construits ; ensuite, le film s’inscrit dans un contexte local rendu de manière très authentique, de sorte que Kinshasa apparaît comme un personnage à part entière. L’utilisation du dialecte local dans le scénario ajoute également une toute autre dimension au jeu des acteurs.”
C’est l’acteur angolais Hoji Fortuna qui joue l’odieux César et il a apparemment pris beaucoup de plaisir à endosser la panoplie du truand avec ses costumes impeccables et ses lunettes de soleil. Mais les méchants sont souvent des personnages monolithiques et c’est malheureusement le cas de César, ce qui est peut-être l’une des faiblesses du film. Munga apporte un traitement plus nuancé à ses seconds rôles, du gamin des rues débrouillard à la prostituée bisexuelle.
“J’aime l’idée que le film repousse les limites de ce qui est “acceptable” pour un public africain, souligne Kevina Navisino, présidente de Femmes au cinéma et à la télévision, une association du Kenya. Je ne comprends pas pourquoi on pourrait montrer des scènes de sexe et de violence dans les films occidentaux mais pas dans les films africains. La réalité en Afrique c’est aussi le sexe, la violence et la corruption. On ne peut pas toujours montrer les superbes paysages de la réserve naturelle Massai Mara [au Kenya].”
Kinshasa, dite "Kin la belle", est réputée pour sa musique plus que pour son cinéma, mais les amateurs du film espèrent que Viva Riva ! va relancer la production cinématographique, exsangue dans ce pays depuis un quart de siècle.
Le film ne manque pas de faire honneur au patrimoine musical de la ville : la bande originale fait la part belle aux classiques, la rumba de Franco côtoie le son plus contemporain de Werrason, mais aussi à la Congotronics rythmée, ou électro congolaise, un genre de techno en lingala.
Simyu Barasa est même convaincu que Viva Riva ! marquera le début d’une nouvelle ère dans le cinéma local. “Nous devons raconter nos propres histoires. Certains se plaignent que nombre de nos films soient tournés dans les ruelles et les faubourgs urbains. Mais je pense que quand le scénario l’exige, il faut se lancer et tourner dans les quartiers minables – Munga n’a pas cherché à embellir la réalité de Kinshasa, et c’est ce qui fait toute la saveur du film.”
Bande annonce du film "Viva Riva"
http://www.courrierinternational.com/article/2011/10/21/lettre-d-amour-a-kinshasa
Rencontre avec Djo Tunda Wa Munga, réalisateur du film "Viva Riva"
Note :Sortie en France en janvier 2012.
Christine Mungai | The East African
Le film [scénario et réalisation de Djo Tunda Wa Munga] se déroule dans un contexte familier : Kinshasa souffre d’une grave pénurie d’essence ; les automobilistes passent des heures à faire la queue devant les stations d’essence. L’or noir se revend à 7 dollars le litre. Riva se voit déjà à la tête d’une petite fortune, mais c’est sans compter l’impitoyable César.
Si vous ajoutez à l’intrigue une superbe créature, vous obtiendrez un palpitant jeu de chat et de la souris mâtiné d’un mélange de violence brutale et de sexe filmé sans tabou. Si le film peut parfois faire penser au travail de Martin Scorsese, les dialogues en français et en lingala [une langue bantoue parlée au Congo et en RDC] associés à un travail de caméra très original et courageux offrent une exploration rafraîchissante du sexe, de la corruption et de la trahison. On est bien loin du cinéma stéréotypé et conventionnel d’Hollywood.
“Le film est une réussite pour de nombreuses raisons, explique le réalisateur et scénariste kenyan Simiyu Barasa. D'abord, le scénario et la narration sont très construits ; ensuite, le film s’inscrit dans un contexte local rendu de manière très authentique, de sorte que Kinshasa apparaît comme un personnage à part entière. L’utilisation du dialecte local dans le scénario ajoute également une toute autre dimension au jeu des acteurs.”
C’est l’acteur angolais Hoji Fortuna qui joue l’odieux César et il a apparemment pris beaucoup de plaisir à endosser la panoplie du truand avec ses costumes impeccables et ses lunettes de soleil. Mais les méchants sont souvent des personnages monolithiques et c’est malheureusement le cas de César, ce qui est peut-être l’une des faiblesses du film. Munga apporte un traitement plus nuancé à ses seconds rôles, du gamin des rues débrouillard à la prostituée bisexuelle.
“J’aime l’idée que le film repousse les limites de ce qui est “acceptable” pour un public africain, souligne Kevina Navisino, présidente de Femmes au cinéma et à la télévision, une association du Kenya. Je ne comprends pas pourquoi on pourrait montrer des scènes de sexe et de violence dans les films occidentaux mais pas dans les films africains. La réalité en Afrique c’est aussi le sexe, la violence et la corruption. On ne peut pas toujours montrer les superbes paysages de la réserve naturelle Massai Mara [au Kenya].”
Kinshasa, dite "Kin la belle", est réputée pour sa musique plus que pour son cinéma, mais les amateurs du film espèrent que Viva Riva ! va relancer la production cinématographique, exsangue dans ce pays depuis un quart de siècle.
Le film ne manque pas de faire honneur au patrimoine musical de la ville : la bande originale fait la part belle aux classiques, la rumba de Franco côtoie le son plus contemporain de Werrason, mais aussi à la Congotronics rythmée, ou électro congolaise, un genre de techno en lingala.
Simyu Barasa est même convaincu que Viva Riva ! marquera le début d’une nouvelle ère dans le cinéma local. “Nous devons raconter nos propres histoires. Certains se plaignent que nombre de nos films soient tournés dans les ruelles et les faubourgs urbains. Mais je pense que quand le scénario l’exige, il faut se lancer et tourner dans les quartiers minables – Munga n’a pas cherché à embellir la réalité de Kinshasa, et c’est ce qui fait toute la saveur du film.”
Bande annonce du film "Viva Riva"
http://www.courrierinternational.com/article/2011/10/21/lettre-d-amour-a-kinshasa
Rencontre avec Djo Tunda Wa Munga, réalisateur du film "Viva Riva"
Note :Sortie en France en janvier 2012.
Christine Mungai | The East African
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