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lundi 31 octobre 2011

Campagne électorale : La Monusco tire la sonnette d’alarme

(L'Avenir Quotidien 31/10/2011)
Un début de campagne électorale très agité, marqué le vendredi 28 octobre dernier par 4 victimes par balles, un mort et trois blessés lors d’un incident survenu à Mbuji-Mayi, dans la province du Kasaï-Oriental. C’était à l’occasion d’une manifestation du Parti travailliste. De même à Kinshasa, des affrontements entre militants du PPRD et ceux de l’UDPS sont signalés à Lemba et dans la commune de Masina, occasionnant un mort, des blessés, des arrestations et des dégâts matériels importants. *Cette campagne commence sous le fond de l’intolérance politique, avec la présence des discours haineux qui montent en puissance. Signe qui n’augure pas une bonne campagne électorale et des bonnes élections que d’aucuns souhaitent qu’elles soient transparentes, démocratiques et surtout apaisées. La Monusco rappelle que la liberté de rassemblement, le débat politique libre et constructif et la liberté d’expression sont importants et doivent être protégés durant cette période de campagne. *Voilà pourquoi elle lance un appel au sens civique de tous et voudrait encore rappeler que chacun a une responsabilité et un rôle à jouer pour que les élections se déroulent dans un climat apaisé. Elle demande au gouvernement d’ouvrir immédiatement une enquête pour déterminer les conditions dans lesquelles ces personnes ont perdu la vie ou ont été blessées et établir les responsabilités.

C’est le vendredi 28 octobre 2011 que la campagne électorale a été lancée en Rd Congo par le président de la CENI, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda. A cette occasion, il a plaidé pour des élections apaisées afin de pérenniser la paix retrouvée après plusieurs années de guerre et d’instabilité politique aux conséquences incalculables. Ainsi, tous les 5 ans, le peuple aura la possibilité de renouveler ses dirigeants à tous les niveaux. Mais c’est comme si cet appel, ainsi que des dispositions pertinentes du code de bonne conduite n’ont pas suffi pour convaincre différents protagonistes à promouvoir des élections qui n’engendreront pas de conflits.

C’est donc une inquiétude générale qui règne dans le chef de certains Congolais en début de cette semaine, au regard des incidents survenus çà et là, mais aussi du fait que certains compatriotes auraient déjà rapatriés femmes et enfants à l’étranger pour les protéger contre d’éventuels conflits. Les discours empreints de haine sont entendus à longueur de journées. Ce qui a même contraint l’Eglise catholique à battre campagne en Europe, afin de prévenir le monde et l’alerter quant au risque que court la Rd Congo de vite basculer dans le syndrome ivoirien.

En effet, selon un communiqué de presse de la Monusco, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Rd Congo, Roger Meece exprime sa grande préoccupation suite à l’information faisant état de 4 victimes par balles, un mort et trois blessés, lors d’un incident survenu à Mbuji-Mayi, dans la Province du Kasaï Oriental le 28 octobre dernier, à l’occasion d’une manifestation du Parti Travailliste pour marquer le début de la campagne électorale. Un climat de plus en plus inquiétant, pendant que quarante-et-une ONG humanitaires et des droits de l’homme, nationales et étrangères, ont appelé vendredi « tous les acteurs congolais et internationaux concernés à prendre des mesures urgentes pour prévenir la violence électorale, mieux protéger les civils et assurer des élections crédibles, libres et transparentes ».

Une information que ne dément pas le porte-parole du gouvernement, mais qui a tout de même expliqué que la victime est un enfant touché par une balle tirée en l’air et que le policier responsable avait été arrêté. Lambert Mendé, cité par la BBC, a ajouté que la police congolaise a engagé des discussions avec l’Ouganda pour obtenir plus d’équipements adaptés à la sécurisation des mouvements de foule pendant la période électorale. Un jour après, soit samedi dernier, ce sont les partisans de la Majorité présidentielle (MP) et ceux de l’Opposition qui se sont affrontés, dans la partie Nord et Est de la capitale du Kasaï-Oriental. Ces incidents ont fait des dégâts matériels de part et d’autre. La jeep officielle du gouverneur Ngoy Kasanji a été sérieusement endommagée.

Selon des informations qui nous parviennent de cette province, les violences ont éclaté tôt le matin de samedi au quartier Simis, qui constitue le bastion de l’UDPS. Les militants disent avoir été provoqués par le cortège du gouverneur de province qui battait campagne dans cette partie de la ville. Mais, selon des témoins, la résidence d’un sportif, garde du corps du gouverneur, a été mise à sac ainsi que celle de la présidente de l’ACDD, un parti politique proche du pouvoir, endommagé par les membres du parti de l’opposant Etienne Tshisekedi. En représailles, les militants du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), qui soutient Joseph Kabila, ont attaqué la résidence d’un candidat député de l’UDPS, située juste à côté de la représentation de la Banque centrale du Congo (BCC). Sur place, tous les insignes du parti ont été arrachés et mis au feu. La police a saccagé la permanence de l’UDPS au quartier Simis, ont indiqué les mêmes sources.

A Kinshasa, plusieurs dégâts sont à signaler : un militant de l’UDPS qui a perdu la vie lors des accrochages avec le PPRD au Rond-point Ngaba vendredi dernier. Et ce, sans oublier d’autres incidents qui ont opposé hier dimanche les sportifs du PPRD aux militants de l’UDPS au niveau du quartier 1, dans la commune de Masina. Ici aussi, on nous informe que les affrontements qui ont duré près de deux heures avant que la police n’intervienne, ont provoqué des scènes de pillages sur les échoppes du quartier, causant plusieurs blessés et des arrestations.

La liberté de rassemblement est constitutionnellement protégée

Au regard de tous ces incidents qui n’augurent des lendemains enchanteurs, la MONUSCO rappelle que la liberté de rassemblement, le débat politique libre et constructif et la liberté d’expression sont importants et doivent être protégés durant cette période de campagne. Il y va de la crédibilité du processus. Ceci vaut son pesant d’or, lorsqu’on sait que lors de la réunion du conseil provincial de sécurité à Mbuji-Mayi, le porte-parole du gouvernement provincial a annoncé que l’UDPS est interdite de manifestation sur la voie publique durant toute la campagne électorale, prévue jusqu’au 26 novembre. Une décision qui viole dangereusement les dispositions pertinentes de la Constitution de la République, qui stipule en son article 26 que la liberté de manifestation est garantie. Et que toute manifestation sur les voies publiques ou en plein air, impose aux organisateurs d’informer par écrit l’autorité administrative compétente. Et cette décision doit être considérée par les différentes parties comme étant illégale et ne devra même pas être respectée.

En plus, le gouvernement provincial du Kasaï Oriental oublie qu’étant en période de campagne électorale, les partis politiques et regroupements politiques n’ont pas à requérir une quelconque autorisation pour organiser notamment des marches. Et ce, même s’il revient à l’autorité compétente de prendre des mesures d’encadrement. C’est ici que le ministre de la Communication et des Médias a déploré l’absence d’un effectif des policiers formés et préparés pour contrer les manifestations publiques dans cette ville diamantifère. C’est dans ce même ordre d’idées que le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies a lancé un appel au sens civique de tous et voudrait encore rappeler que chacun a une responsabilité et un rôle à jouer pour que les élections se déroulent dans un climat apaisé. Il demande au gouvernement d’ouvrir immédiatement une enquête pour déterminer les conditions dans lesquelles ces personnes ont perdu la vie ou ont été blessées et établir les responsabilités. Il adresse ses condoléances les plus attristées aux parents et proches de la personne décédée et ses vœux de prompt rétablissement aux blessés.

Juge et partie

Ce qui étonne dans ce processus, c’est lorsqu’on observe que les autorités politico-administratives censées assurer la sécurité sont elles-mêmes candidates aux élections présidentielle et législative en Rd Congo. Dans la mesure où parfois, cette double casquette ne leur permet pas de bien jouer le rôle capital, celui de s’occuper des affaires courantes de la société, notamment la sécurité des personnes et de leurs biens en cette période de campagne électorale. Et pourtant, la logique voudrait que ceux qui doivent s’occuper de leur propre campagne électorale et de celle de leur candidat à la présidentielle démissionnent de leurs postes, afin de laisser travailler des autorités neutres. Ainsi, ces autorités, même ayant un parti politique, prendraient au moins de mesure qui sécuriseraient la population. Car, si une jeep d’un gouverneur du Kasaï-Oriental est attaquée, ne lui demandez pas d’assurer lui-même sa propre sécurité ou de punir les coupables. Sinon, il y a risque d’être juge et partie.

La CENI interpellée

Pour une certaine opinion, c’est la CENI qui aurait aidé tout le monde, en demandant à toutes les personnes intéressées de démissionner d’abord de leurs postes, avant de pouvoir se lancer dans la campagne électorale. Et pourtant, la CENI a été incapable de respecter même la loi électorale votée au parlement.

En effet, en son article 10, la loi soumet les fonctionnaires et agents de l’administration publique de rédiger leurs lettres de mise en disponibilité ; De même, les mandataires publics actifs dans les établissements publics ou entreprises publiques devaient introduire leurs lettres de démission. A ce jour, la CENI n’a brandi à l’opinion aucune lettre de mise en disponibilité ni de démission. Peut-être dira-t-elle que ces gens se trouvent parmi ceux qui ont été invalidés. Ce qui ne sera pas vérifiable, lorsqu’on sait que les mandataires bien connus occupent paisiblement leurs postes de responsabilités et n’ont jamais été inquiétés par qui que ce soit.

JMNK

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