(Congo Libre 29/10/2011)
Au moment où ces lignes sont couchées, des "rumeurs" persistantes font état du "report" de l’élection présidentielle et de la députation nationale. Aucune source autorisée n’avait pas encore légitimé ce "bruit" jeudi 27 octobre à 14h30.
Selon le calendrier établi par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), la campagne électorale pour l’élection présidentielle et pour la députation nationale démarre ce vendredi 28 octobre. Pendant un mois, les prétendants au poste de Président de la République vont déployer le "grand jeu" pour séduire le corps électoral. Gare aux promesses électorales.
Il faut espérer que l’on va assister à un affrontement loyal «projet contre projet», «argument contre argument» et non à une lutte féroce, voire sanglante, pour le pouvoir. Le pilonnage de la résidence du challenger Jean-Pierre Bemba par la garde présidentielle en août 2006 est encore frais en mémoire. C’était au lendemain du premier tour de l’élection présidentielle. Qui oubliera la «lutte finale» Bemba-Kabila en mars 2007?
Il y a des signes qui ne trompent pas. Le pouvoir kabiliste est entrain de recruter des «Kuluna» et autres «chefs Kuluna» pour constituer une version congolaise des Interahamwe. Le mot n’est pas trop fort. La ligue des jeunes du parti présidentiel n’est rien d’autre qu’une milice.
A travers les récentes répressions policières des manifestations pacifiques des forces de l’opposition pro-Tshisekediste, il est acquis que le président sortant «Joseph Kabila» n’est pas le genre d’homme à se soumettre aux règles du jeu démocratique. Le pluralisme politique, la tolérance, l’alternance et le respect de l’adversaire sont des concepts inconnus pour cet homme qui a été moulé dans la culture de la violence et de la gâchette facile. Le président sortant paraît décidé à faire couler le sang des paisibles citoyens de ce pays rien que pour continuer à savourer les délices du pouvoir. Le pouvoir pour le pouvoir.
Le 28 novembre, les citoyens congolais iront aux urnes. Ils auront ainsi l’opportunité de choisir un autre destin. Il s’agit de «sortir» le président sortant «Joseph Kabila» en lui disant : «Dix ans ça suffit». Pourquoi ?
D’abord parce que «Joseph Kabila» est un imposteur. Nul ne connaît son lieu de naissance encore moins son parcours personnel de l’âge de 18 ans jusqu’à celui de 25 ans lorsqu’il a foulé pour la première fois le sol zaïrois au lendemain de la création de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). Pour les uns, il est né à Hewa Bora II, une localité qui n’a pas d’existence légale. Pour d’autres, il aurait vu le jour à Lulenge, à Mpiki ou à Fizi. Avant de porter le patronyme de «Joseph Kabila», l’homme s’appelait Hyppolite, Kanambe, Mtwale, Christopher. Dans son ouvrage «Histoire du Congo - Les quatre premiers présidents», le professeur Célestin Kabuya Lumuna Sando passe au crible l’enfance, la jeunesse et le parcours tant professionnel que politique de Joseph Kasa Vubu, Mobutu Sese Seko et Laurent-Désiré Kabila. Le chapitre consacré à «Joseph Kabila» ne contient que trois paragraphes. A savoir : la naissance, l’investiture à la tête de l’Etat et quelques commentaires sur les douze premiers mois à la tête de l’Etat. Une lacune difficile à expliquer de la part d’un "scientifique" de la trempe de Kabuya.
Ensuite, le président sortant «Joseph Kabila» a fragilisé la cohésion nationale. Au lieu de rassembler les Congolais autour d’une ambition de renaissance nationale, il s’est comporté en grand commun diviseur. N’ayant aucune base sociale, il s’est appuyé sur un groupe des Congolais (les Balubakat et les natifs du Maniema) contre d’autres. Le tribalisme et le régionalisme ont fait un retour en force menaçant dangereusement l’unité nationale.
Enfin, «Joseph Kabila» constitue une menace tant pour l’indépendance nationale que pour l’intégrité physique du territoire. Au nom d’une prétendue «paix», il a infiltré des «agents étrangers» dans les institutions nationales et autres grands corps de l’Etat : le gouvernement, l’appareil judiciaire, l’armée, la police, les services de renseignements civils et militaires, l’Immigration. Des anciens chefs miliciens aux mains tâchées de sang ont été promus au grade de colonel ou de général. En janvier 2009, l’homme a tombé une partie de son masque en autorisant proprio motu l’entrée des troupes rwandaises en RD Congo.
Au total, «Joseph Kabila» a transformé la RD Congo en un Etat maffieux où convergent tous les voyous et autres «blanchisseurs» d’argent d’origine criminelle. L’appareil d’Etat est gangrené par la corruption. L’homme n’a aucun bilan à présenter au plan économique et social. Sauf quelques routes goudronnées et des écoles "réhabilitées" pour tromper la vigilance de la population. Une population dont les attentes en terme de bien-être n’ont pas été prises en compte.
Les Congolais doivent aller nombreux aux urnes pour «sortir» le président sortant «Joseph Kabila» en lui disant : «Dix ans, ça suffit». Il faut espérer d’ici là que les représentants des forces politiques de l’opposition auront compris que l’enjeu dépasse de loin les ambitions égoïstes des uns et des autres...
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2011
© Copyright Congo Libre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre message.
Je tiens à vous rappeler que vous etes le seul responsable des propos tenu dans vos commentaires...