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dimanche 30 octobre 2011

RDC : 41 ONG inquiètes des violences pré-électorales

(Afrikarabia 29/10/2011) 
Le 28 octobre démarre la campagne électorale en République démocratique du Congo (RDC). Des ONG congolaises et internationales demandent des mesures urgentes pour prévenir de la dégradation de la situation sécuritaire. Des élections contestées pourraient déclencher une violence généralisée.

A seulement 1 mois des élections présidentielle et législatives en RD Congo, 41 organisations d’aide humanitaire et de défense des droits humains s’inquiètent de l'escalade de la violence et appellent tous les acteurs congolais et internationaux concernés à prendre des mesures urgentes pour prévenir la violence électorale, mieux protéger les civils et assurer des élections crédibles, libres et transparentes.

« Ces élections sont un test ultime. La RDC est-elle en voie de consolider sa démocratie naissante ou de retourner à un état d’insécurité, d’instabilité et de violence généralisée ? Ces secondes élections sont cruciales pour consolider le gain démocratique du pays, achever un cycle électoral complet et renforcer les institutions de la démocratie », déclare Thierry Vircoulon, directeur Afrique centrale de l’International Crisis Group (ICG).

Le gouvernement congolais est à la tête d’un pays où environ 20% des enfants meurent avant d’atteindre l’âge de 5 ans, où la durée moyenne d’éducation chez les adultes est de 3,8 années, et où des millions de civils sont morts au court des dernières décennies en conséquences de la guerre. Un nouveau gouvernement nécessitera un mandat fort et légitime de la part du peuple congolais pour répondre efficacement à ces problèmes systémiques.

« La communauté internationale fournit des milliards de dollars pour aider la RDC. Elle ne peut payer pour des élections frauduleuses ou conduites de façon médiocre qui déclencheraient des violences et feraient reculer le développement. Nous avons beaucoup moins d’observateurs électoraux qu’en 2006. La communauté internationale doit être stricte en termes de surveillance du respect des normes internationale et se tenir prête à condamner fermement toute irrégularité. Après des décennies de guerre et de pillage, le peuple congolais mérite la paix et la stabilité – et a vraiment besoin de soutien pour cela », affirme Paul Nsapu, secrétaire général de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et président de la Ligue des électeurs en RDC.

Les événements récents en RDC ont révélé un potentiel alarmant de violence et de déstabilisation durant la période électorale. Des affrontements violents entre la police et l’opposition ont eu lieu depuis début septembre, faisant plusieurs morts et de nombreux blessés à Kinshasa. A cette violence liée aux élections s’ajoute l’insécurité généralisée qui ravage le pays depuis des années, avec une augmentation récente du nombre d’attaques contre les travailleurs humanitaires : la RDC a connu ce mois-ci le plus mortel de ces incidents dans toute son histoire, avec le meurtre de cinq humanitaires au Sud Kivu. Les forces de sécurité en RDC peinent déjà à faire face à l’insécurité continue et ne sont pas en mesure de répondre à une escalade de la violence.

« Les autorités congolaises disent qu’il y a la paix et la sécurité en RDC. Mais avec les élections dans un mois à peine, la tension politique a augmenté et des affrontements entre partis politiques et militants ont lieu régulièrement. La décision du gouvernement congolais d’interdire les manifestations politiques et publiques révèle son incapacité à prévenir et à répondre à la violence électorale, et va à l’encontre de la constitution congolaise. Nous avons besoin que des forces de sécurité fiables nous protègent durant cette période électorale, en particulier à Kinshasa où la tension est déjà très élevée », insiste Jérôme Bonso, coordinateur de la coalition Agir pour les Elections Transparentes et Apaisées (AETA) en RDC.

Le gouvernement congolais a la responsabilité de protéger les civils et d’organiser des élections pacifiques. Cependant, il existe aujourd’hui de sérieux doutes quant à la possibilité de tenir des élections crédibles, transparentes et démocratiques dans les délais officiels. Sans des élections libres et justes répondant aux normes internationales, et sans une forte présence d’observateurs locaux et internationaux pour rétablir la confiance dans le processus électoral, le risque de dispute électorale et de violence est considérable. Kinshasa, où certaines de nos organisations ont dénoncé l’usage excessif de la force par la police nationale contre des manifestants, figure parmi les principaux lieux à risque. Le risque de violence est également élevé dans l’Est de la RDC, où la population avait majoritairement voté pour le Président Kabila à la dernière élection présidentielle.

Ces organisations appellent à ce que les mesures suivantes soient rapidement mises en œuvre pour prévenir la violence électorale :

- Les autorités congolaises devraient s’assurer que les civils pourront participer aux élections dans des conditions de sécurité et de dignité, en déployant des forces de police nationale bien entraînées et bien équipées, et de s’assurer que la police ne fasse pas un usage excessif de la force. Les autorités devraient respecter la liberté d’expression et des médias, garantir le droit de se rassembler et de manifester pacifiquement, et s’abstenir de toute tentative d’intimidation. Elles devraient s’assurer que des mécanismes de règlement des litiges sont en place.

- La Commission électorale nationale indépendante (CENI) devrait immédiatement rendre publique davantage d’information quant à sa stratégie, notamment concernant le rassemblement des données et la publication des résultats, ainsi qu’en termes d’éducation des électeurs. Elle devrait faciliter un dialogue constructif à propos du processus électoral entre la société civile, l’opposition et les autorités au pouvoir, dans la lignée du processus de consultation réalisé en 2006.

- Les partis politiques devraient souscrire au Code de conduite, accepter les résultats d’élections libres et justes, et demander à leurs militants de rester pacifiques. Ils devraient éviter d’invoquer des discours de haine incitant à la violence.

- Les ambassades et les missions d’observation électorale devraient coordonner leurs actions entre elles et avec les observateurs locaux afin de pouvoir surveiller un maximum du territoire congolais, en se concentrant sur les lieux à risque – tels que les grandes zones urbaines de Kinshasa, Lubumbashi et Mbandaka. Elles devraient également développer davantage la capacité locale d’observation électorale et dénoncer publiquement toutes violations du processus électoral.

- La mission des Nations unies en RDC (Monusco) devrait assurer que sa force de réaction rapide et que la police onusienne sont prêtes à se déployer dans les lieux identifiés à risque afin de prévenir et de répondre toute violence électorale, y compris de répondre à tout usage excessif délibéré de la force par les autorités congolaises contre les civils. La Monusco devrait aussi informer publiquement des violations relatives aux élections, et assurer une médiation en cas de conflit entre partis politiques.

Voir la listes des organisations signataires :
http://afrikarabia2.blogs.courrierinternational.com/media/00/00/576580014.rtf

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