(Le Pays 18/02/2013)
A
peine a-t-on eu le temps de contenir la furie guerrière des rebelles du M23
qu’une nouvelle milice, dit-on, fait son apparition en RD Congo. Les Raïa
Mutomboki, ainsi se font-ils appeler, ont pris le contrôle de la cité de Punia
dans la province du Maniema, à l’Est du pays.
A l’issue de deux ou trois
heures de combats, ils ont réussi à chasser les éléments de l’armée régulière
qu’ils accusent d’exactions dirigées contre les populations. En fait, il n’y a
rien de nouveau sous le ciel congolais où, tels des champignons poussent des
rébellions qui, profitant de l’inexistence d’un Etat réel, revendiquent le
contrôle de certaines zones connues pour leurs immenses ressources naturelles.
Vouloir expliquer cet état de fait par le gigantisme du pays serait faire preuve
d’irresponsabilité si l’on sait qu’un Etat comme l’Algérie par exemple, qui
dépasse de loin la RD Congo, en termes de superficie, n’est pas sujette à ce
bordel.
A vrai dire, ce à quoi on assiste en RD Congo est la résultante
de la mal gouvernance devenue vraisemblablement la colonne vertébrale du régime
du président Joseph Kabila ; si fait que, s’estimant marginalisé, chaque segment
de la société congolaise s’organise comme il peut pour se faire entendre. La RD
Congo, pour tout dire, ressemble à un véritable far west, tant il y règne un
désordre chimérique sur fond de clivages ethno-régionalistes. A preuve, c’est
l’un des pays où les miliciens se recrutent facilement dans les rangs de l’armée
régulière. C’est aussi dans ce pays où sans coup férir, les soldats désertent
face à l’ennemi dès le premier coup de feu, tout en prétextant un « repli
stratégique ». C’est encore au pays des Kabila que des rebelles ou des
miliciens, on ne sait au nom de quelles prérogatives, peuvent lancer un
ultimatum au pouvoir.
Autant le dire, la RD Congo est le pays du bazar.
En tout cas, pour l’heure, il faut craindre une probable connexion entre les
Raïa Mutomboki et les rebelles du M23 qu’on sait redoutés par le pouvoir
congolais. Ce qui n’est pas exclu, d’autant que Kinshasa, on s’en souvient, a
fait montre de mauvaise foi au cours des négociations engagées avec le M23 sous
les auspices de la Communauté sud-africaine de développement (SADC). Il est donc
plus que jamais urgent pour Kabila d’éteindre cette braise pour non seulement
éviter qu’elle ne se propage, mais aussi éviter qu’elle n’en rajoute à une
situation déjà fort complexe.
Plutôt que de bander les muscles comme le
laisse entrevoir le truculent porte-parole du gouvernement Lambert Mendé, il
vaut mieux chercher à établir des contacts avec les dirigeants des Raïa
Mutomboki. Cela permettra de connaître le cahier des charges de ce groupe armé,
et de désamorcer la crise. Mais, de toute évidence, la RD Congo ne sera jamais à
l’abri des rébellions armées, tant que ses dirigeants ne repenseront pas leur
mode de gouvernance. Le reste n’est que de la poudre aux
yeux.
Boundi OUOBA
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