(Le Potentiel 18/02/2013)
La loi de finances 2013 s’attaque aux défis du quotidien des
Congolais. Elle aborde, de front, des questions éminemment sociales. Les
affectations s’articulent clairement autour « des batailles du rail et de
l’électricité » en vue de l’accélération de la croissance. La notion de «
pertinence de la dépense de l’Etat » introduit la rationalisation des dépenses
publiques, avec des marges susceptibles de financer des actions publiques à
impact direct sur le vécu quotidien des Congolais. Mukoko Samba, vice-Premier
ministre, ministre du Budget, a abordé ces questions avec la presse. La vérité
des chiffres qui coupent l’herbe aux débats oiseux sur les concertations
projetées.
Les concertations envisagées au sein de la classe politique
(majorité et opposition), Société civile, diaspora, etc., voulues par le chef de
l’Etat n’occulte pas les débats sur la gouvernance en RDC. Plutôt que de ne
s’engager que sur la voie de la politique politicienne, le Congolais, lui,
attend des réponses à des questions fondamentales de son quotidien. Le
vice-Premier ministre, ministre du Budget vient d’offrir l’occasion de
s’attarder sur des questions essentielles pour les Congolais, la requalification
de son vécu quotidien.
La loi de finances 2013, promulguée par le chef de
l’Etat après une deuxième lecture au Parlement est le prétexte trouvé par la
presse pour en savoir plus sur la vérité des chiffres alignés à travers le
budget 2013. La loi de finances n’étant pas une juxtaposition de chiffres en
équilibre, mais une expression de la politique gouvernementale, visant à faire
fonctionner non seulement l’Etat mais aussi faire avancer la nation. Des
réformes pour la RD Congo sont essentielles. Le budget en équilibre est de 7
078,2 milliards de francs congolais. L’Etat dans toutes ses articulations est
touché.
La paie au 15 du mois
L’une des innovations contenues
dans l’exécution du budget 2013 a trait à la régularité de la paie des agents et
fonctionnaires de l’Etat. Mukoko Samba a ainsi confié que le 15 de chaque mois
sera enclenché la paie proprement dite. L’avantage à tirer consiste à permettre
aux banques de rendre disponibles les salaires 5 jours avant, évitant ainsi de
longues files devant les guichets.
L’autre vérité des chiffres du budget
consiste à retenir que l’arrêt du PEG 2 n’a pas d’incidences majeures. Les 1 833
milliards de francs congolais ne sont pas de ressources à rechercher. « Ce sont
des ressources qui financent les projets actifs. Notamment la réhabilitation
d’Inga 1 et 2 ; Pro-routes, le transport multimodal avec la SNCC, … » Seulement
85 milliards de francs congolais d’appui budgétaire de la Banque africaine de
développement sont inscrits au budget 2013. Le vice-Premier ministre Mukoko
Samba note qu’avec le FMI, le volet financier est consacré essentiellement au
renforcement de la balance de paiement. « Le financement apporté aux réserves de
change est perdu », a indique le ministre du Budget. Il est donc faux de
déclarer que l’apport extérieur au budget 2013 serait compromis.
Des
réformes tous azimuts
Pour faire avancer la nation, comme indiqué
ci-haut, Mukoko Samba indique que dans le budget 2013, à côté du fonctionnement
de l’Etat avec le paiement des salaires, les frais de la rétrocession aux
provinces, la construction des routes, etc., il importe d’accorder une attention
particulière aux investissements. D’où le budget prend en charge les réformes
tous azimuts voulus par le gouvernement sous l’impulsion du chef de l’Etat. Dans
le secteur de la sécurité, au regard de la guerre qui frappe le pays dans sa
partie orientale, l’armée, les services de sécurité… sont suffisamment pris en
compte. Les missions diplomatiques sont dotées de moyens de leur fonctionnement
optimal, particulièrement dans les capitales des pays membres permanents du
Conseil de sécurité, New York, Genève, Addis-Abeba...
Quant à
l’administration publique, le vice-Premier ministre, ministre du Budget la
considère comme « la clé » de la pérennisation des réformes amorcées. « Aucun
pays n’avance par des projets », mais dans la pérennité. « Les structures ad hoc
qui naissent et disparaissent » au gré des financements ne permettent pas de
poursuivre avec des actions orientées vers le développement. L’illustration
parfaite est administrée par la bancarisation de la paie des agents et
fonctionnaires de l’Etat qui a permis « de mieux comprendre comment l’Etat
fonctionne », note Mukoko Samba.
A fin décembre 2012, 3 000 milliards
sont reversés dans un sous-compte du Trésor public. Mukoko Samba aborde
également l’épineuse question de la retraite. Généralement, il revenait à la
Banque mondiale de financer les retraites des fonctionnaires de l’Etat
congolais. Le budget 2013 signe l’arrêt de cette pratique déshonorant pour la RD
Congo. « 2013 consacre le démarrage d’une vraie politique de retraites »,
annonce le vice-Premier ministre, ministre du Budget. Deux milliards de francs
congolais sont rendus disponibles pour la création d’une caisse de
retraite.
« Une vraie caisse », martèle Mukoko Samba qui sera appelée à
fructifier ses ressources afin de faire face au paiement régulier des retraites.
Cette caisse sera opérationnelle en 2014, promet le vice-Premier ministre,
ministre du Budget. Toutefois, 10 milliards de francs congolais sont consacrés à
la mise à la retraite dans l’Enseignement primaire et secondaire, au sein de
l’Armée, de la Police et des administrations des Finances et du Budget.
Toutefois, les agents actifs ne sont pas oubliés. Au courant de cet exercice
budgétaire, une augmentation uniforme de 17 000 francs congolais sera allouée à
chacun des agents et fonctionnaires de l’Etat.
Par ailleurs, il convient
de noter que face à la crise financière qui étreint les partenaires
traditionnels de la RDC, l’amenuisement des recettes suite à la guerre qui prive
l’Etat des recettes douanières le long des frontières de l’Est du pays, le
gouvernement doit faire preuve d’imaginations et d’ingéniosité. D’où, la
recherche d’autres sources de financements, notamment dans le secteur de
l’environnement, du tourisme…
Redistribution de la croissance
La
croissance essentiellement basée sur les minerais ne permet pas une meilleure
redistribution du revenu, reconnaît le VPM Mukoko Samba. Et cette croissance ne
doit pas bénéficier principalement aux autres. Avec la fin des exonérations, le
gouvernement est déterminé à faire en sorte que « ce qui est dû à l’Etat soit
payé ».
« La vraie question est de savoir comment répartir la
rémunération de l’exploitation lorsque le prix sur le marché dépasse le prix
initialement arrêté ? », s’interroge le VPM. Quant à la question de la fraude,
le VPM est catégorique : « Ce n’est pas au moment de la signature qu’il faut
chercher à gagner. Il faut gagner dans la durée ». Cependant, « le Code minier
accorde deux années d’amortissement de l’investissement. Des contrats miniers
sont dans la plupart des cas dans leur jeunesse ».
De toutes les
manières, la croissance serait perceptible, même s’il s’avère difficile, pour le
moment à la quantifier. Les constructions à Kinshasa, pour ne prendre que cet
exemple, « on peut en déduire que les emplois sont créés ». Les obstacles
structurels liés à l’électricité, à la distribution d’eau, la construction des
routes…, sont autant de déficits qui plombent la redistribution de la croissance.
« Crédits orphelins » et « Pertinence des dépenses
»
Abordant la question de la rétrocession aux provinces, le vice-Premier
ministre en dénombre de deux natures. Celle qui touche au fonctionnement des
provinces et des assemblées provinciales. L’autre touche au budget
d’investissement des provinces. Ces crédits figurent dans tous les budgets. Il
s’agit « des crédits du pouvoir central, mais à rétrocéder ».
Reste qu’il
faut convenir des modalités. En ce qui touche à la passation des marchés, le VPM
regrette que sur les 11 provinces, trois seulement se sont dotés d’édits sur les
marchés publics. Pire, il existe des lignes budgétaires pour lesquels les
services d’engagement sont incapables de produire les soubassements de leurs
utilisations. Ce qui induit la notion de la « pertinence de la dépense de l’Etat
», source de bonne gouvernance. Scruter le budget 2013 permet donc de quitter
les sentiers battus de la politique pour ceux des questions d’intérêt majeur.
Écrit par Le Potentiel
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Potentiel
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