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jeudi 1 mars 2012

Groupes armés au Kivu : attaquer le mal à la racine

(Le Potentiel 01/03/2012) 
Qu’est-ce qui fait que l’insécurité persiste, les groupes armés continuent de se créer et que les conflits armés n’en finissent pas dans l’Est de la République démocratique du Congo ? « Le cerveau de ce réseau maffieux se trouve à Kinshasa », avait déclaré le président Joseph Kabila, il y a près de deux ans à la presse.
L’organisation de l'Eglise catholique Caritas/Sud-Kivu a dévoilé récemment à Kinshasa que «300 cas d'assassinats ont été enregistrés dans la province du Sud-Kivu (Est) en 2011», en soulignant que « ces crimes sont pour la plupart commis par les rebelles hutu des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et par d'autres groupes armés» qui y opèrent.
Dans la même province, vient d’apparaître le nouveau groupé armé Raïa Mutomboki Mboko avec une centaine de jeunes gens pour «défendre la population civile du territoire de Mboko, où il est installé, contre les attaques des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR)», rapportent Les Dépêches de Brazzaville citant la Monusco.
C’est dans ce contexte de recrudescence des violences dans les provinces du Kivu, où près de 100 000 personnes sont chassées de chez elles depuis fin 2011, que les FARDC et la Monusco ont lancé l’opération militaire conjointe «Amani Kamilif » le 16 février 2012 à la suite des «massacres enregistrés fin décembre et début janvier, particulièrement vers le 4 janvier», a expliqué le lieutenant colonel Félix Basse, porte-parole civil de la Monusco.
METTRE LES JEUNES A L’ABRI DES « SEIGNEURS DE GUERRE »
«L’année 2012, plus question des forces négatives, des groupes armés, ni même des milices. Ces unités ont trois missions spéciales : sécuriser la population et ses biens, mettre fin au phénomène forces négatives, groupes armés et autres milices dans ces localités, restaurer l’autorité de l’Etat et rétablir la paix et la sécurité », a déclaré le colonel Célestin Ngeleka, porte-parole des opérations Rwenzori.
En fait, diverses motivations conduisent les jeunes gens à s’enrôler dans les groupes armés dans l’Est de la RDC gangrené par des conflits interethniques, des exactions de tous genres, des pillages.
«Le rôle de la jeunesse urbaine sera particulièrement déterminant dans l’évolution des violences. S’estimant massivement victimes du système en place (chômage, injustices, corruption, déscolarisation, échecs scolaires, culture urbaine de violence et d’agression), les jeunes ont été des acteurs-clés aux premiers postes des conflits parce qu’ils n’avaient rien à perdre. L’armée des maquis se présenterait également comme un grand recruteur-employeur donnant l’illusion de répondre au chômage des jeunes », renseigne une étude de l’Institut interculturel dans les Grands Lacs, Pole Institute.
Avec une population estimée à 5 millions d’habitants vivant dans une province de 59 631 km2, le Nord-Kivu se caractérise en effet par un taux de scolarisation au primaire de 34,2 % et un (1) médecin pour 41 351 personnes dans les 97 regroupements de ses six territoires (Beni, Rutshuru, Lubero, Masisi, Walikale, Nyiragongo).
Il est donc de la responsabilité du gouvernement central d’initier une politique mettant les jeunes à l’abri des sirènes des seigneurs de guerre.
DECAPITER LE RESEAU MAFFIEUX
Il y a deux ans, le président Joseph Kabila a affirmé que le « cerveau du réseau maffieux (qui entretient les conflits armés dans l’Est) se trouve à Kinshasa ».
Depuis lors, le trafic des matières précieuses continue de vivre de beaux jours, sans que le « cerveau » en question n’ait été ni « identifié » physiquement ni « décapité » soit par ordonnance présidentielle soit par un jugement d’un quelconque tribunal saisi pour ce faire.
Et lorsque Kigali a suspendu de leurs fonctions quatre officiers généraux de l’armée rwandaise «impliqués» dans le commerce illicite des minerais du Kivu, Kinshasa n’a eu pour réaction que celle de «féliciter» le gouvernement du Rwanda. Sans plus !
L’opération «Tolérance Zéro» convaincrait le peuple congolais et la communauté internationale si elle réussissait à sanctionner les personnalités qui s’enrichissent de manière éhontée en alimentant les conflits armés dans la Province Orientale, au Nord et au Sud-Kivu.
INCONTOURNABLE DIALOGUE INTER-RWANDAIS
Au terme de plusieurs semaines de contacts tripartites (RDC-FDLR-Sant’Egidio) facilités par les médiateurs de Sant'Egidio en Italie, les rebelles hutu rwandais s’étaient engagés le 31 mars 2005 à «cesser la lutte armée, transformer leur lutte et combat politique, au fur et à mesure que les mesures d'accompagnement seront identifiées et mises en œuvre».
Par la même occasion, ils avaient «condamné le génocide» commis au Rwanda en 1994, «le terrorisme» ainsi que «les autres crimes de droit international».
Au fil des années, il a été remarqué que la communauté internationale hésite à faire pression sur le régime de Paul Kagame pour l’amener à accepter à s’asseoir à la «table de négociations» avec l’opposition armée.
Pourtant, en visite éclair à Bamako la semaine dernière, le ministre français des Affaires étrangères a vanté les bienfaits du «dialogue politique» pour résoudre la question de la rébellion. «Il n’y aura pas de solution militaire dans ces affrontements, et il faut donc prendre la voie du dialogue politique aussi inclusif que possible avec tous ceux qui doivent s’asseoir autour de la table et le président a tout à fait confirmé que c’était son intention», a déclaré Alain Juppé.


Par Angelo Mobateli

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