Drôle ! Très drôle, ce qui se passe dans ce pays mis à genoux par ses élites politiques. L’Unc de Vital Kamerhe, le seul parti à avoir introduit une requête à la Cour suprême de justice (CSJ) pour contester l’élection de Joseph Kabila dont il demandait l’annulation pure et simple a surpris plus d’un Congolais. Comment ? Par un revirement à 180° dans ses propos injurieux à l’égard de la haute Cour.
C’est le week-end dernier au prononcé du verdict dans l’affaire opposant le ministère public à l’honorable Bakongo député de l’UNC-Goma. Celui-ci était poursuivi pour une kyrielle des charges graves entre autres atteinte à la sécurité de l’Etat, rébellion, détention d’armes de guerre etc.
Le Parquet qui estimait ces faits établis a requis la peine capitale, c’est-à-dire la peine de mort pour le prévenu, l’honorable Bakongo. Pourtant les hauts magistrats de la Cour qui statuaient en dernier ressort n’ont pas suivi le réquisitoire du ministère public. Pour eux, les faits allégués ne sont pas établis et que le dossier est vide. La Cour a toutefois requalifié ces infractions en une simple incitation à la haine tribale. Et l’a condamné à une peine très légère de 12 mois de prison.
Danses et chants louant la Cour suprême de justice venant des dignitaires de l’UNC ont accompagné cet Arrêt. Parlant au nom de Vital Kamerhe, le secrétaire général Ewanga n’a pas tari d’éloges envers la Cour des Cour. Il y a eu étonnamment des superlatifs comme la plus indépendante, la plus neutre, la plus professionnelle, la plus digne.
Décidément on se croirait sur une autre planète, pas sur cette terre des hommes et dans cette ville de Kinshasa. Il n’y a même pas deux mois, la même UNC de Vital Kamerhe, lorsqu’elle avait été déboutée dans sa requête sur le contentieux à la présidentielle, a vilipendé la même Cour, au même siège, devant le même public. Kamerhe l’avait traitée d’une Cour partisane, propriété privée de Joseph Kabila et dont les Arrêts sont élaborées dans les officines du gouvernement parallèle. Quant à ses magistrats, il avait soutenu mordicus qu’ils disent autre chose que le droit, qu’ils n’ont aucune conscience. Bref l’UNC Kamerhe crachait sur la haute Cour.
Moins de deux mois plus tard, le parti cher à Vital Kamerhe change casaque et se perd en éloges à la même Cour en faisant l’apologie de la conscience de ses magistrats. Kabila peut se frotter les mains et sabler champagne. Celui-là même qui avait contesté son élection devant la Cour suprême de justice et qui avait remis en cause l’indépendance de ses magistrats dit le contraire aujourd’hui en les qualifiant de magistrats consciencieux et braves…
On en déduit que cette reconnaissance du caractère indépendant du travail de la Cour par l’Unc de Vital Kamerhe renferme une autre reconnaissance, celle de l’Arrêt renvoyant Kamerhe aux études et celui confirmant Kabila comme Président élu car il s’agit d’une seule et même instance. On ne peut se permettre de louer son travail que quand on gagne le procès et pas quand on perd. Or dans chaque affaire portée en justice, il y a toujours un gagnant et un perdant. Quand on est gagnant on jubile comme à l’Unc le vendredi dernier et quand on perd, on fulmine et on crie à l’injustice comme c’était le cas en novembre. Qui a changé ? En tout cas pas la haute Cour qui est restée stoïque…impassible devant toutes les diabolisations des inconstants comme Vital Kamerhe.
Muenda Kani
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Il me semble que nous devons arrêter de jouer au pyromane à chaque fois que l'opportunité nous est donnée de fédérer la majorité de congolais autour de l'essentiel, c'est-à-dire la reconstruction de notre pays. Faisons tout pour panser les plaies de sorte qu'elles puissent se cicatriser plutôt que de remuer le couteau dessus tout le temps. Nous devons éviter, à travers nos écris, de chercher à distendre les congolais et de les éloigner par conséquent de la raison.
RépondreSupprimerA moins que je me fourvoie, vous dites quelque part dans votre texte que Vital Kamerhe a fait l'éloge de la CSJ (il n'y a aucun mal si tel en était le cas). Mais moi je dis faux, car ce sont plutôt certains militants de l'UNC présents à l'audience qui ont jubilé de joie au prononcé du verdict en disant ceci: "et voilà, la CSJ revient petit à petit à la raison..." et bravo pour elle.(Vous n'en faites pas mention pourquoi?)
Je voudrais cependant que notre ami, Mr Muenda Kani (auteur de cet article), sache que: l'Être Humain est perfectible. La CSJ, organe composé des humains, après avoir fait ce que vous et moi savons, se ressaisisse et ressente aussi le besoin de redorer son blason, présenter une autre image beaucoup plus juste et humain à la face du monde et devant Dieu, en essayant cette fois-ci de dire véritablement le droit.
Pour le cas du compatriote BAKONGO que d'aucuns voulaient voir cloué au pilori et ôté définitivement de ce bas monde, les membres de la CSJ se sont trouvés, une fois encore, devant un cas de conscience et c'est le droit et le coeur qui ont eu raison d'eux car après tout ce sont des Êtres Humains. Battons-nous tous ensemble pour notre pays et arrêtons de reveiller les sorciers.