(Le Potentiel 01/02/2012)
La CENI lève le voile aujourd’hui mercredi 1er février, sur les résultats des législatives 2011. Notamment en ce qui concerne les circonscriptions électorales de la ville de Kinshasa, de Kongolo (Katanga), Popokabaka (Bandundu), Rusthuru (Nord-Kivu) ainsi que la ville de Mbuji-Mayi, au Kasaï Oriental. Avec le travail abattu par la CENI, en attendant le verdict de la Cour suprême de justice autour des contentieux électoraux, l’on peut déjà se faire une idée de ce que serait la future Assemblée nationale. Certes, il faudra compter avec la décision de l’UDPS de boycotter les travaux de cette institution. Mais, n’empêche qu’on dégage les principaux groupes parlementaires tout en suivant l’évolution de la situation.Le paysage politique est en train de se dessiner au sein de la future Assemblée nationale. Fait satisfaisant, les analyses du Journal Le Potentiel sont en train d’être confirmées. En effet, trois cas de figure étaient prévisibles aux termes des élections 2011, abstraction faite à toutes les contestations. Ainsi, ces élections devaient aboutir sur l’une des trois hypothèses suivantes :
1.- un président avec sa majorité parlementaire ;
2.- un président sans majorité parlementaire, avec cohabitation en vue ;
3.- un gouvernement d’union nationale dans l’éventualité qu’aucun camp politique ne disposerait de la majorité parlementaire.
Au regard des résultats provisoires des législatives, version CENI, aucun parti politique ayant pignon sur rue n’a réuni la majorité parlementaire. Allusion faite au Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, PPRD, un des partis phare au pouvoir, et l’Union pour la démocratie et le progrès social, UDPS (Opposition). Aux derniers résultats provisoires, le PPRD ne totalisait que 56 sièges contre 34 à l’UDPS sur les 500 sièges à pourvoir. Ce qui ouvre la porte à des alliances avec d’autres formations politiques.
Le camp de la Mouvance présidentielle dispose, pour ce faire, de 60 partis politiques au titre de partenaires, alliés ou sympathisants. Ce qui lui confère une position confortable face à l’Opposition qui, en dehors de l’UDPS, n’en compte que 21. Entre les deux camps, il y a bien sûr des indépendants, au nombre de 14.
Certes, il ne faudra pas sous-estimer les réalités insolites de la politique congolaise. La transhumance politique est souvent conditionnée par les privilèges que confère le pouvoir. Pas étonnant que moyennant certaines libéralités, les députés deviennent versatiles, malléables, corruptibles, allant d’un camp à l’autre.
En effet, selon les premières estimations, la Mouvance présidentielle pourrait déjà disposer de 306 députés contre 105 à l’Opposition, hormis les 14 indépendants. Toutefois, chaque camp est à même d’améliorer son score en fonction de derniers résultats attendus. Mais les rapports de force ne changeront pas.
Cette situation prendrait une autre tournure si l’UDPS mettait effectivement sa décision à exécution. Dans ce cas, l’Opposition perdrait au moins 40 sièges.
LES FORCES PARLEMENTAIRES
Comme il est de coutume dans toutes les institutions de ce genre, la réalité est toujours tributaire des forces politiques parlementaires en présence. La future Assemblée nationale n’y échappera pas.
En effet, dans le camp de la Mouvance présidentielle, le PPRD arrive bien sûr en tête. Cependant, ce parti qui a connu un vrai recul par rapport à l’édition électorale 2006 avec 111 députés, ne compte que 56 députés, jusque maintenant. Même s’il améliorait son score, il ne dépasserait pas 62 députés. Maigre consolation, toutefois, parce que le parti qui vient immédiatement après, le PPPD, que d’aucuns surnomment déjà «PPRD-bis» dans la mesure où les humoristes relèvent qu’il suffit seulement d’enlever une lettre pour se rendre à l’évidence – dispose provisoirement de 25 députés.
Vient en troisième position le Mouvement social pour le renouveau, MSR, avec 24 députés. Mais ce parti serait à même de revoir le nombre de ses députés à la hausse avec les derniers résultats à publier, ce qui le placerait en deuxième position, juste après le PPRD. Satisfaction au sein de ce parti dans la mesure où le MSR aura réalisé le même score qu’en 2006 avec 27 députés.
ARC et PALU se disputeront les quatrième et cinquième places. Pour le moment, ils totalisent, chacun, 14 députés. Mais le PALU a dégringolé quand on sait qu’en 2006 il comptait une trentaine de députés à l’Assemblée nationale. Viennent ensuite l’AFDC avec 10 députés, RRC avec le même nombre de députés, l’ECT dispose de 9 députés et MIP qui aligne 8 députés.
Dans le camp de l’Opposition, l’UDPS effectue une bonne entrée politique avec 34 députés. Ceux qui analysent les faits politiques sans passion affirment que le gagnant de cette élection est bien sûr l’UDPS, absente de l’édition 2006. Viennent en deuxième et troisième positions, le MLC de Jean-Pierre Bemba avec 16 députés et l’UNC de Vital Kamerhe avec 15 députés. Des scores passibles de changement après la publication de derniers résultats.
Le RCD/K-ML de Mbusa Nyamuisi occupe la cinquième position, avec 6 députés, talonné par CDC accusant 4 députés, UFC de Kengo wa Dondo avec 3 députés, tandis que l’ATD de José Makila et DCF/Nyamuisi avec respectivement 3 députés, à ce jour.
Ce sont là les forces ou groupes parlementaires qui domineront la future Assemblée nationale. Si toutefois l’UDPS, une fois de plus, ne mettait pas à exécution sa menace.
MAJORITE PARLEMENTAIRE ET GOUVERNEMENT
La question fondamentale est celle de savoir ce qu’il faut attendre de la future Assemblée nationale. Interrogation intéressante dans la mesure où cette future Assemblée nationale est tributaire de la stratégie électorale mise en place pour conserver ou conquérir le pouvoir. Ensuite, elle dépend du sérieux de la Commission électorale nationale indépendante, CENI, pour compiler correctement, en toute responsabilité et impartialité les résultats de vote.
En effet, si la stratégie électorale consistait à avoir à tout prix et n’importe comment la majorité parlementaire, dans ces conditions, l’on disposera d’une majorité parlementaire débridée susceptible de transformer l’Assemblée nationale en une caisse de résonnance, animée par des «applaudisseurs». Cette institution sera ainsi fragilisée.
Par ailleurs, si jamais l’Opposition, dans sa stratégie électorale, ne visait qu’à prendre le pouvoir pour le pouvoir, elle ne fera pas le contrepoids. Elle ne jouera pas son rôle de «contre–pouvoir», prêtant ainsi le flanc aux débauchages pour faire passer des lois sur mesure. Une fois de plus, l’Assemblée nationale sera fragilisée.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il y a fort à parier que l’on souffrirait de mêmes insuffisances pour la nomination du futur Premier ministre. Il sera une personnalité sans poigne, difficile de permettre au gouvernement d’imposer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays. Pas étonnant que des amateurs fassent leur entrée au gouvernement et que la distribution des cartes ne soit qu’une question de «partage de responsabilités» au prorata des résultats du vote, avec en primeur des «chefs de partis» qui s’empresseront à privilégier leurs noms.
C’est dire que la partie s’annonce délicate pour la constitution de la majorité parlementaire. Avec un nombre si élevé d’«alliés et sympathisants», cette majorité risque de ne pas du tout être efficace Ce qui ne permettrait pas à cette Assemblée nationale d’être à la hauteur de sa tâche. C’est dans ces circonstances que le MSR, le PALU, l’AFDC, l’ARC pèseront de tous leurs poids politiques dans cette perspective de conférer une nouvelle dynamique à cette institution.
C’est sous cet angle que l’on évoque la formation d’un «gouvernement de cohésion nationale». Une façon de rencontrer les préoccupations du président Kabila qui a souhaité «travailler avec des compétences ayant la passion du pays». Un gouvernement un peu à la française sans frustrer les groupes ténors de la Mouvance présidentielle. Comme pour dire que les tractations politiques ne font que commencer.
ESQUISSE DU TABLEAU LINEAIRE
Députés MP
Députés Opposition
1.- PPRD 56 députés
1.UDPS 34 députés
2.- PPPD 25 députés
3.- MSR 24 députés
3.UNC15 députés
5.-ARC 14 députés
4.RCD/K-ML-6 députés
6.- PALU 14 députés
5. CDC 4 députés
7.- AFDC 10 députés
6.- UFC 3 députés
8.- RRC 10 députés
7.ATD 3 députés
9.- ECT 9 députés
8.DCF/N 3 députés
10.- M I P 8 députés
9. SET 2 députés
11.- PDC 6 députés
10.Congo Pax – 2 députés
12.-UDCO 6 députés
11.- MPRC 2 députés
13 ADH 5 députés
12.- RECO 2 députés
14.UNADEF - 5 députés
13. – ADR 2 députés
15.- CCU 5 députés
Indépendants
16.- NAD 5 députés 14
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