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samedi 3 mars 2012

Malgré la présence de la Monusco, des FARDC…l’AFRICOM à l’Est : Les réseaux maffieux ont la peau dure

(Le Potentiel 02/03/2012)

La situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo est jugée «imprévisible» au Nord-Kivu, demeure «imprévisible» en Province Orientale et «volatile» au Katanga. Au Sud-Kivu, ce sont les «extorsions et pillages», perpétrés par les rebelles hutu rwandais des FDLR, qui poussent les populations civiles à fuir loin de leurs villages. La nouvelle opération militaire conjointe «Amani Kamilifu» (La paix renforcée), lancée le 12 février 2012 par les forces de la Monusco et les FARDC, va-t-elle enfin y faire taire définitivement les armes ? Rien n’est sûr. Tant que les tireurs des ficelles tapis à Kinshasa, dans les capitales occidentales ne seront pas sanctionnés, on continuera à piller et à tuer à l’Est de la RDC.Silence. On continue à piller et à tuer dans l’Est de la République démocratique du Congo. Plus particulièrement dans les deux Kivu, régions devenues le ventre mou du Congo. Que d’initiatives entreprises qui se sont chaque fois soldées en eau de boudin. Et pourtant, plus de 200 000 militaires sont mobilisés pour traquer ces forces négatives.
Cette zone d’insécurité échappe de plus en plus à l’Etat congolais. Il s’y est établi un vaste réseau de maffieux qui contrôlent des concessions minières et exercent une réelle pression sur les groupes armés, quelques éléments des FARDC ainsi que les pays voisins. Voilà pourquoi la solution tarde à venir. Ce qui explique aussi que le Kivu est devenu un eldorado, un no man’s land.
Christophe Boltanski, journaliste à L’Observateur paraissant en France, a été au Kivu. Il s’est rendu à Walikale pour suivre l’une des pistes des «minerais de sang». Dans son ouvrage, «Minerais de sang, piste de l’étain», il a vécu de moments inédits en suivant la trace «des cailloux gris et noirs, ces blocs d’où est extraite la cassitérite avant d’avoir l’étain indispensable à la vie moderne».
Au Kivu, il a été à Walikale, jusqu’à la concession de Bisie où convergent les militaires des FARDC et les rebelles ainsi que les creuseurs qui se relayent nuit et jour. Il a vu la mort roder ; les fusils commander. Il s’est arrêté à Goma avec ses comptoirs pour préfinancer les négociants vers les hommes d’affaires; les pilotes d’avion qui attendent les hommes d’affaires des sociétés qui exportent les «minerais de sang» vers le Rwanda avant qu’ils n’atterrissent à Londres, Paris et Bruxelles alors que dans la plupart des cas, la Malaisie est le point de chute. Mais pourquoi la cassitérite pour dégager l’étain. Tout simplement parce qu’il s’agit d’un «bouillon» de minerais : niobium, de l’antimoine, du zinc, du cuivre, du fer, de la wolframite, c’est-à-dire du tungstène, du manganèse, du scandium… De quoi faire courir les «chasseurs des pépites».
Il y a bien plus, reconnaît Christophe Boltanski : le coût de la production et de l’achat de ces minerais est moindre. Ils recourent à ces creuseurs artisanaux des groupes armés, de quelques éléments indisciplinés de l’armée régulière pour acheter à vil prix. Ils encouragent cette exploitation artisanale, entretiennent des groupes armés pour contourner la voie mécanique qui nécessite de gros investissements. Par contre, ils vendent aux prix de la bourse, réalisant ainsi des bénéfices plantureux.
Sa conclusion est tombée : «Voilà qui explique le chaos congolais et que c’est dans le désordre que l’on organise de grands bénéfices». L’existence d’un des réseaux maffieux est établie. La collusion des forces régulières congolaises avec les forces négatives, sans oublier celles des pays voisins ne fait plus de doute. Le problème n’est plus congolais. Il devient régional et international.
DES ACTIONS INEFFICACES
«Tout le monde y gagne», se résignent à dire tous ceux qui dénoncent l’impunité dont semblent jouir à Kinshasa tous ceux qui sont impliqués dans la poursuite des conflits armés dans la Province Orientale ainsi qu’au Nord et au Sud-Kivu.
Le gouvernement de la République ne se réunissant plus que par intermittence, c’est par la voix de la Monusco que les Congolais apprennent hebdomadairement la situation dramatique dans laquelle vivent «au quotidien» les populations dans les zones de guerre. Et lorsque le Conseil des ministres réduit ce drame quotidien à une «insécurité publique» dont la lutte est confiée à la «Police nationale», les âmes sensibles en viennent à chercher à connaître «la planète sur laquelle vit la classe dirigeante congolaise».
A ce propos, le rapport que les Nations unies ont présenté le 29 février 2012 à Kinshasa sur la «situation militaire» dans l’Est ne peut qu’inquiéter davantage. Morceaux choisis.
«La situation sécuritaire en Province Orientale est demeurée imprévisible à cause des pillages, enlèvements et tueries perpétrés par les groupes armés dans la région de Bangadi-Ngilima-Niangara et dans celle d’Ivo-Faradje».
«Au Nord-Kivu, la situation sécuritaire est jugée imprévisible et tendue, à cause de la recrudescence des affrontements entre groupes armés et des attaques conjointes menées par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et les éléments Maï-Maï contre les FARDC».
«Au Sud-Kivu, la récurrence des extorsions et pillages perpétrés par les FDLT dans les territoires de Walungu, Fizi et Uvira a sensiblement dégradé la situation sécuritaire dans cette contrée».
«Au Katanga, la situation sécuritaire quoique sans incident la semaine dernière, demeure volatile. Elle a été marquée le 21 février 2012 par l’évasion de sept (07) détenus de la prison de Bukama, à 500 kilomètres au Nord-ouest de Lubumbashi, dans le district du Haut-Lumami. Les groupes armés poursuivent leurs activités de manière intermittente dans le Secteur 2, où un calme relatif a tout de même été observé la semaine passée».
«Enfin, concernant les statistiques des patrouilles, la Force de la Monusco a mené 1 363 patrouilles armées, dont 500 nocturnes, et fourni 82 escortes, pendant 302 autres patrouilles ont été menées par les observateurs militaires de la Force». Mais jamais les forces négatives n’ont été vaincues. Elles sont là, omniprésentes, continuant à piller et à tuer.
EN 2012, «PLUS QUESTION DE FORCES NEGATIVES»
A en croire le commandement militaire des opérations «Ruwenzori» des FARDC, tout est mis en œuvre pour neutraliser définitivement les forces négatives opérant dans l’Est du pays. «L’année 2012, plus question des forces négatives, des groupes armés, ni même des milices. Ces unités ont trois missions spéciales : sécuriser la population et ses biens, mettre fin au phénomène forces négatives, groupes armés et autres milices dans ces localités, restaurer l’autorité de l’Etat et rétablir la paix et la sécurité», a déclaré son porte-parole, le colonel Célestin Ngeleka.
Du bluff pour la consommation extérieure où les FARDC ont-elles réellement pris la mesure de ce drame, de la vaste étendue et ramifications de ces réseaux des maffiosi qui ne reculent devant aucun danger pour les démanteler et les neutraliser ? C’est depuis le début de l’année que les FARDC mènent au Sud-Kivu d’intenses opérations militaires contre les éléments Maï-Maï Yakutumba qui continuaient de renforcer leurs positions sur les rivages du lac Tanganyika. Des éléments armés appartenant aux Maï-Maï Nyatura, Maï-Maï Kirikicho et des combattants FDLR avaient même été aperçus dans le territoire de Kalehe, créant une vive tension jusque dans le territoire de Shabunda.
Pour protéger les populations civiles et maintenir la vigilance dans les régions jugées potentiellement à risque, la Force de la Monusco avait lancé, le 24 janvier, la deuxième phase de l’opération «Usalama Imara» (Sérénité durable), à travers laquelle elle avait «intensifié des patrouilles» et établi 11 postes opérationnels supplémentaires, dont un a été déployé à Iganda (à 15 km au Nord de Mwenga) pour assurer la protection des déplacés qui retournent chez eux après les attaques des FDLR dans le territoire de Shabunda.
Toutefois, le refus d’anciens chefs militaires de la branche armée du CNDP (Conseil national pour la défense du peuple) d’être délocalisés de leurs bases du Kivu et la nomination de certains d’entre eux à de hauts postes de responsabilité au sein des FARDC ne rassurent point. Tout se passe comme si le CNDP y trouve son compte.
En effet, leur attitude pourrait se justifier par les plantureux bénéfices qu’ils tirent de l’exploitation des zones minières, avec des complicités que l’Etat congolais doit identifier et sanctionner. Raison pour laquelle dans les propositions de grandes réformes de l’Etat, il est demandé que les «militaires quittent les concessions minières».
Mettre fin aux pillages et aux tueries dans l’Est de la RDC, c’est s’engager résolument à démanteler les réseaux maffieux, à rétablir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays, à contrôler le circuit de commercialisation responsable des minerais. Dans le but de permettre au peuple congolais d’être le premier bénéficiaire de ses ressources naturelles. Un défi que toute la communauté internationale doit impérativement relever. Maintenant

Par Le Potentiel

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