(Le Potentiel 29/02/2012)
La loi américaine sur les «minerais de sang» est en train de bousculer «l’ordre» mis en place par les maffieux de tous bords. Le but poursuivi est de briser les économies de guerre qui déstabilisent la République démocratique du Congo et foutent le désordre dans la région des Grands Lacs. Toutefois, le retard mis dans la reconstruction de l’Etat rend inefficace cette volonté d’accompagnement de l’administration Obama.Toute la communauté internationale attend beaucoup des institutions nationales issues des élections de 2011. Il en va même de la réévaluation de la coopération internationale pour permettre à la RDC de jouer son rôle moteur dans la région de l’Afrique des Grands Lacs confrontée à une instabilité de plus en plus récurrente à même de déclencher la «troisième guerre mondiale».
Cette inquiétude découle de la ruée vers les «minerais du sang» entretenue par des maffiosi indécrottables. Raison pour laquelle, des «guerres d’agression» succèdent aux «guerres économiques» dans un enfermement infernal.
Les revenus de ce commerce illicite entretiennent des économies de guerre qui fournissent des armes aux groupes armés nationaux et étrangers qui pullulent, notamment en RDC, au Rwanda, Burundi et Ouganda. D’où, cette circulation intense des armes et de la drogue.
Par ailleurs, ces «minerais de sang» constituent de véritables bouffées d’oxygène pour des Etats parias qui en tirent des bénéfices plantureux. Ils deviennent ainsi complices des crimes de guerre, contre l’humanité et des crimes économiques en servant de transit à ces réseaux de trafic illicite des minerais. De nombreux efforts fournis jusqu’à ce jour n’ont rien apporté de positif et de durable. La présence d’une armée internationale, forte de 17 000 hommes, sous le mandat de la Monusco, se perd en conjectures et se contente d’actions ponctuelles. Des opérations armées conjointes RDC-Rwanda, d’une part, RDC-Ouganda, d’autre part, se sont toujours soldées par des échecs parce qu’il s’agit désormais d’un fonds de commerce. Aussi les lueurs d’espoir disparaissent-elles aussitôt qu’elles pointent à l’horizon et, par conséquent, l’on revient toujours à la case départ.
Entre-temps, la population congolaise continue à payer le lourd tribut. C’est le cas actuellement avec ce regain de violences au Sud-Kivu. Comme si avant élections était égal à après élection. Plus d’1 million de déplacés soumis à des intempéries de tous ordres.
LA LOI AMERICAINE
Depuis le passage de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a Goma, où elle a vu de ses propres yeux les horreurs de ces «guerres économiques», l’administration Obama a mis les bouchées doubles. Elle a commencé par mettre en place un commandement militaire pour l’Afrique, AFRICOM. Ensuite, elle a dépêché un détachement des Marines pour combattre les forces négatives. Entre les deux étapes, Washington a fait adopter une loi, connue sous le nom de «Loi Dodd-Franck».
Cette loi oblige les entreprises américaines à ne s’approvisionner qu’auprès des fournisseurs «sains». Elles ont l’obligation de mentionner dans leurs rapports si les minerais achetés proviennent de la RDC ou pas.
Le but de cette loi est d’aider à «résoudre le conflit dans l’Est de la RDC et à débarrasser la chaîne d’approvisionnement de ce que l’on appelle communément les minerais de sang», comme le souligne Dr Claude Kabemba dans sa réflexion consacrée à cette loi et parue dans notre livraison 5461 du 28 février 2011.
Depuis, cette loi américaine fait des vagues. A en croire des informations en notre possession, l’on observe une effervescence dans certains points de négoce à l’étranger. Particulièrement en Europe et en Amérique. Les acheteurs deviennent réticents au risque d’être sanctionnés conformément aux prescrits de cette loi américaine.
Même effervescence dans la région des Grands Lacs où certaines banques avaient ouvert des portes dans des pays limitrophes pour faciliter l’achat des «minerais de sang». Elles accordaient même des crédits. L’une après l’autre, elles sont en train de mettre la clé sous le paillasson. D’autres pays ont décidé de sanctionner leurs cadres politico-militaires pour se faire «blanc comme neige» devant la loi américaine.
RECONSTRUIRE L’ETAT
Mais comme le dit si bien Dr Claude Kabemba, cette loi de l’administration Obama ne serait qu’une goutte d’eau dans l’océan si la RDC ne prend pas le taureau par les cornes. Le pays doit jouer le jeu. C’est-à-dire, accompagner cette volonté de l’administration Abama à démanteler ce réseau de trafic illicite des minerais.
La panacée passe par la «reconstruction de l’Etat congolais». Un Etat fort et compétent. Cela passe par la mise en place en place des «institutions nationales» qui incarnent incontestablement l’autorité de l’Etat pour protéger les personnes et leurs biens, dire le droit en toute équité, disposer d’une administration efficace et efficiente, une armée dissuasive à même de protéger l’intégrité territoriale. En d’autres termes, il faut entamer dès maintenant un travail en profondeur qui doit se traduire par la mise en oeuvre de grandes réformes de l’Etat.
Dr Claude Kabemba est plus explicite en relevant que «l’administration Obama hésite à investir dans les efforts visant à reconstruire l’Etat congolais. Les USA continuent à adopter une approche selon laquelle le Congo est malade, il continue à recevoir des interventions non pas pour le guérir mais pour le maintenir en vie». Et de poursuivre : «si l’administration Obama souhaite vraiment aider la RDC, elle devrait travailler avec le nouveau gouvernement issu des élections du 28 novembre 2011 en vue d’élaborer un plan détaillé pour réformer l’armée congolaise (en commençant par retirer l’armée des sites miniers) ainsi que l’administration publique». Il faut donc guérir la RDC et non la maintenir en vie en justifiant cette piteuse légende selon laquelle la RDC n’est qu’un «géant aux pieds d’argile», un «non Etat».
Les grandes réformes de l’Etat, c’est le noeud du problème. C’était le sens à donner aux élections du 28 novembre qui doivent avoir le mérite de marquer un tournant décisif du pays. Gouverner autrement en s’appuyant sur des institutions nationales fortes et dépersonnalisées.
C’est le grand défi à relever par l’actuelle Assemblée nationale, le futur gouvernement et le prochain Sénat. S’y prendre autrement serait continuer à naviguer à vue, ne pas avoir une idée exacte de véritables enjeux nationaux, régionaux et internationaux. Bref, c’est se faire complice des ennemis de la RDC qui ne visent qu’à balkaniser ce pays en s’appuyant sur les minerais de sang.
Par Le Potentiel
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