Un centre d’affaires et d’ambiance par excellence, le centre névralgique de la ville. Fauchés comme des pestiférés par un pour du Maréchal Mobutu aux abois, les cadavres des centaines de ces fervents catholiques avaient été transportés et exposés dans l’église Saint Joseph de Matonge qui est, dès lors, resté -un symbole de la résistance contre la dictature.
Et chaque année, ce haut lieu de la prière reprend ses marques l’instant de quelques heures d’une messe dite pour la circonstance, sur fond d’un sermon qui ne fait pas de cadeau au pouvoir en place et lui rappelle que la mémoire de ces vaillants combattants de la liberté ne sera jamais trahi. C’est dans cette logique d’intransigeance que le jeudi 16 février 2012, les catholiques vont de nouveau faire le déplacement de Saint Joseph pour se souvenir de leurs morts…
Sauf que pour cette année, il y a risque que ce moment de souvenir donne lieu à des faits qui pourraient une fois de plus marquer les esprits. L’archevêché de Kinshasa veut organiser le 16 février dans la capitale congolaise une marche pacifique des chrétiens pour «réclamer la légitimité et la légalité du pouvoir » en République démocratique du Congo, après les scrutins présidentiel et législatif contestés de fin 2011. « Nous demandons la vérité des urnes … », déclarait l’Abbé Pierre Bosangia à l’AFP. Plusieurs sessions de formation à l’action non violente ont été organisées depuis mi janvier 2012 dans les paroisses de Kinshasa et environ 22.000 personnes ont été formées ; a affirmé cet homme d’église précisant que plus de 200.000 personnes sont attendues à la marche du 16 février.
Que des médias kinois aient parlé des actions de rue qui profilent à l’horizon, à l’instar d’une géante marche pacifique projetée, suscite des questionnements quand bien même, de source du Conseil de l’apostolat des laïcs catholiques du Congo, CALCC, l’organisation d’une telle marche n’a pas encore été confirmée. «Jusqu à ce jouir, rien de tel ne nous a été communiqué, sauf la messe qui pourra accueillir les fidèles venus de toutes les paroisses de Kinshasa», a confié un cadre du CALCC sous le sceau de l’anonymat et craignant visiblement pour des débordements dus au surnombre et les conséquences de la réaction éventuelle du pouvoir qui s’est, depuis la publication des résultats de la présidentielle de novembre 2011, mise dans une situation de défensive qui ne se justifie nullement et n’a cessé de s’illustrer par sa propension à déployer des chars de combats et des milliers de policiers surarmés aux trousses des paisibles manifestants.
Prêts à en découdre à tout moment et sur les nerfs. Des exemples, à ce sujet, sont légion. De moyens disproportionnels, quant à ce, ont été chaque fois utilisés par la police pour faire peur sans que l’on sache trop pour quelle raison. C’est ainsi que, à elle seule, l’idée de l’organisation des manifestations de rue telle que cette marche pacifique dont on parle tant au 16 février 2012 donne déjà des sueurs froides.
Les raisons d’un désamour
Pourquoi cette marche somme toute normale fait autant peur? Une question qui n’est pas sans fondement. Elle, trouve sans justification dans le fait que depuis la publication des résultats de la présidentielle du 28 novembre 2011, le climat s’est détérioré sensiblement entre l’Eglise catholique et le Pouvoir de Joseph’ Kabila. Une situation qui tire ses origines dans le fait que ces résultats publiés par la Commission, électorale nationale indépendante, CENI, n’ont pas répondu aux attentes de l’opinion, à en croire différentes réactions qui les ont sanctionnées, émanent tant des observateurs dans leur ensemble, des candidats pour la plupart, leurs témoins disséminés à travers des bureaux de vote ainsi que des acteurs politiques de tous bords. Pour les uns et les autres, ces élections ont été entachées de plusieurs irrégularités.
Joseph Kabila, au cours d’un point de presse avec des médias internationaux dans les jours qui ont suivi la publication des résultats, a reconnu ces irré8uiarltés mais a minimisé leur incidence sur l’ensemble des résultats. Ngoy Mulunda, président de la CENI, en a fait autant. Comme quoi, lesdites irrégularités n’auraient pas été une invention d’une opposition que l’on a diabolisée à outrance. Ne serait-ce pas là le motif qui, lé 12 décembre 2011, aurait poussé le Cardinal Laurent Monsengwo à user de son langage tranchant pour déclarer que les résultats publiés par la CENI n’étaient conformes ni à la justice encore moins à la vérité des urnes. Une phrase restée célèbre qui a été interprétée en ses divers.
Assez suffisant pour lui attirer la foudre de guerre de la part du camp présidentiel qui l’a traité de tous les noms en mobilisant tous les médias à grand renfort d’espèces sonnantes et trébuchantes pour vouer aux gémonies cette sommité ecclésiastique du pays. Monsengwo Pasinya a été mis dans le même sac que des politiciens pour avoir, sur la chaîne belge francophone RTBF, déclaré le candidat Etienne Tshisekedi wa Mulumba vainqueur de la présidentielle de novembre 2011. Le prélat catholique aura néanmoins commis le tord d’avoir brandi des chiffres qui n’étaient pas vérifié, au préalable et non proches de la réalité. Cela avait juste suffi pour donner la matière à ses détracteurs qui n’avaient pas demandé plus en vue de le vilipender à outrance.
Conséquence : les catholiques du pays dans son ensemble, touchés dans leur amour-propre et croyant que l’on a touché au sacré en voulant descendre leur chef de son piédestal, se sont mis à mener des campagnes de réaction isolées à ce qui a ressemblé à un lynchage médiatique de mauvais ton. Parce que cela ne pouvait durer éternellement et qu’il fallait faire revenir les choses à l’ordre, du 9 au 11 janvier 2012, l’Eglise catholique battra le rappel des troupes, en réunissant tous ce qu’elle en terme d’Evêques pour une assemblée plénière dans la capitale, Kinshasa.
Inévitable frontal Pouvoir-Catholiques
Les conclusions de ces travaux tirées du rapport d’observation électorale menée par l’Eglise catholique n’ont pas fait dans la dentelle et ses sont montrées aussi tranchantes en soutenant le Cardinal Monsengwo car le contraire aurait étonné.
«Du rapport final de la Mission d’observation électorale de la CENCO et des témoignages recueillis dans divers diocèses et d’autres sources, il ressort, nous disent les Evêques, que le processus électoral s’est déroulé à beaucoup d’endroits dans un climat chaotique. L’on a noté plusieurs défaillances, des cas de tricheries avérées et vraisemblablement planifiées, de nombreux incidents malheureux entraînant mort d’hommes, des cafouillages et à certains endroits, un climat de terreur entretenu et exploité à dessein pour bourrer les urnes. Eu égard à ce qui précède, les Evêques estiment que le processus électoral a été entaché de graves irrégularités qui remettent en question la crédibilité des résultats publiés», soulignaient les Evêques.
C’était plus qu’un camouflet à l’endroit du travail de Ngoy Mulunda et son équipe. De là, demander à ces derniers de démissionner, il n’y avait qu’un pas vite franchi. Ce à quoi l’intéressé a rigolé sous cape. Rideau. C’est dire combien la méfiance s’est grandement installée depuis lors entre le Pouvoir et l’Eglise qui se regardent en chien et chat, attendant le moment propice pour se régler des comptes. Les observateurs craignent ainsi que la date du 16 février 2012 soit cette occasion tant rêvée de part et d’autre. Un véritable choc frontal. Le compte à rebours vient de commencer…
Léon Munganga
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