«Ces patrons nous paient 7.000 Francs CFA (5,5 euros) par tas de 100 briques cuites transportées par les écoliers du four au chantier de construction. Cet argent sert à autofinancer nos écoles…», se justifie Milanga Tabanabusoga, directeur titulaire de l’école primaire Atoko.Certains parents, peu au fait de la législation, pensent que ces travaux sont inscrits dans le programme scolaire. D'autres les condamnent. Yafa Nalenge est parent d’élève. Elle dénonce ces comportements:
«Dans les écoles implantées au village, ce sont les travaux champêtres qui priment: les écoliers passent plus d’heures au champs qu’en classe.»Car en plus d’être illégal, ce travail peut s’avérer dangereux.
«J’ai menti au directeur pour éviter que mon enfant transporte des briques: j’ai avisé son enseignant qu’il est maladif, inapte à faire ces travaux pour l’école.»
«Mon enfant a été mordu par un serpent pendant les heures des cours. Il transportait des briques pour un particulier sur ordre d'un enseignant», s’indigne Thérèse Lukale, une mère d’écolier de Kindu, chef-lieu de la province du Maniema à l'est de la RDC.Pour les directeurs et les enseignants, cette exploitation des enfants est un moyen de s’assurer une source de revenus. Sous couvert d’anonymat, certains témoignent.
«Impayés, nous utilisons tous les moyens pour gagner ces petits sous.»Désireuses de protéger les droits des enfants, les organisations non-gouvernementales se sont saisies du problème. Pourtant certains des directeurs nient les faits qui leur sont reprochés:
«Lorsque votre enfant est hospitalisé et qu’en même temps vous n’avez pas à manger pour les autres enfants avec un salaire de 35.000FC (29 euros) par mois, vous ne pouvez pas négliger cette opportunité», ajoute un autre enseignant.
«Je ne sais pas pourquoi les ONG veulent s’occuper de ces cas, interroge le directeur de l’école primaire Luka. Nous ne faisons pas travailler les enfants ici à l’école. Ils viennent pour étudier. Nous avons nos salaires chaque fin du mois.»L’Ong Haki za Binadamu (Droits de l’homme) a condamné, via des communiqués de presse diffusés aux radios, ce fléau, et par la même occasion a alerté les autorités locales. Mais pour l’instant, son action a donné peu de résultats.
Déterminé à stopper ces pratiques, Raphaël Upelele, coordonnateur d’Haki za Binadamu, a affirmé que l’affaire se poursuivra dans les tribunaux.
«Comme notre voix n’a pas été entendue, nous comptons poursuivre en justice les directeurs d’école qui continuent cette pratique que la loi portant protection de l’enfant interdit.»© SlateAfrique
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