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jeudi 5 janvier 2012

Lettre ouverte au Cardinal Monsengwo ! (Par Mashidiko Ngoy Munoko, Député Honoraire et Professeur d’Université)

(La Prospérité 05/01/2012)

Je suis Citoyen Congolais, Mashidiko NGOY MUNOKO, Député Honoraire, Professeur de mon état, Docteur en Sciences Economiques de l’Université de Munich (Allemagne) avec deux branches secondaires : Sociologie et Sciences Politiques et Président de l’ONGD/Asbl « Fondation Maisha ni Mandeleo », en sigle « Fondation MENEME ». Etant l’une de vos ouailles, baptisé catholique et croyant en la Puissance de l’Eternel Dieu et en la Rédemption par le Seigneur Jésus de Nazareth, j’ai toujours caressé l’espoir que vous, comme Pasteur de notre Sainte Eglise au Congo, vous conduiriez le Peuple de Dieu dans ce pays vers de paisibles prairies. J’entends par paix, non seulement l’absence de cliquetis des armes, mais surtout une paix du cœur, profonde et intérieure, que l’on ne peut obtenir que par une réconciliation sincère avec Dieu, l’Eglise, soi-même, le prochain et l’environnement. Cependant, votre position relative à l’actuelle introduction de la démocratie dans notre pays provoque chez moi un trouble sérieux. En effet, j’attendais de vous un message au-dessus du tohu-bohu politicien, un message appelant toutes les brebis à comprendre que l’expérience de démocratie, comme tout processus humain, entraîne des irrégularités qu’il faut corriger paisiblement dans le temps. Votre position devrait être celle d’un Sage au milieu du village. Mais, hélas ! Vos déclarations ressemblent à de l’huile que vous jetez sur le feu. Pis encore, vous vous associez avec les puissances d’oppression séculaire de notre Peuple pour déstabiliser l’effort en cours en vue du démarrage de notre pays vers un mieux-être économique et vers un progrès social. Si Monsieur Tshisekedi croit avoir gagné les suffrages populaires, alors pourquoi, tout grand juriste qu’il est, a-t-il refusé de le démontrer devant la Cour Suprême de Justice de notre pays ? Il est de notoriété publique, que les Etats oppresseurs étrangers en veulent aux Autorités de la Troisième République qu’ils accusent de trahison parce qu’elles ont décidé de faire appel aussi à d’autres technologies de développement, notamment chinoise, pour tenter de rattraper un retard scandaleux que subit notre pays. La volonté de ces puissances consiste à ne pas lâcher le Congo, leur vache à lait. Pour elles, l’apparition des partenaires nouveaux au Congo signifie une intrusion sur leur terrain de chasse gardée, une concurrence insupportable pour leurs industries en difficultés et leurs économies en régression. Ils craignent l’assèchement de subventions qu’elles tirent grâce à l’imposition d’un échange inégal et un pillage des matières premières. En clair, l’Occident n’acceptera jamais de bon cœur l’émergence du Congo. Et ce n’est donc pas auprès d’eux que les patriotes Congolais comme vous devaient aller chercher des instructions. Il n’y a pas de stéréotype démocratique qui doit s’imposer au Congo. Jadis les puissances du Nord ont envahi notre pays sous le prétexte d’y introduire la civilisation (sic). Aujourd’hui, elles sont prêtes à le réoccuper sous le prétexte d’y introduire la « vraie » démocratie « resic ». Il m’est difficile d’imaginer qu’un Pasteur autochtone, même peu patriote, ne puisse comprendre l’importance de l’enjeu en question ; l’enjeu d’un moment crucial pour secouer le joug séculaire qui nous maintient dans une situation de sous-hommes. Mais, que dis-je, peut-être tous les acteurs politiques de l’opposition comprennent mieux que moi cet enjeu mais leur « ego » est plus fort que leur « patriotisme ». D’ailleurs, l’histoire de notre pays martyrisé montre que les oppresseurs ont toujours eu des collaborateurs étrangers et autochtones fidèles. En effet, pendant 4 siècles d’esclavagisation du Congo, les Papes de Rome ont béni les navires destinés à transporter les plus jeunes, les plus beaux et les plus vigoureux de nos aïeux vers les Amériques ; et, sur place, des chefs autochtones transfuges ont reçu des armes à feu pour pratiquer la chasse à l’homme et ravitailler les négriers. Pendant le pillage du Congo par Léopold II, les missionnaires se taisaient alors qu’on tuait et mutilait nos ancêtres épuisés par la récolte de pointes d’ivoire et de caoutchouc. Pendant la colonisation de nos pères, les missions ont collaboré aux châtiments corporels et à la discrimination qui se pratiquaient même dans les écoles et les églises pendant les messes. Plus récemment encore, au moment des événements de 1960, l’Eglise Catholique est montée au créneau contre le nationalisme, le Cardinal Malula a incité la dictature naissante à assassiner le Nationaliste Lumumba et les princes des églises. On a organisé des cultes grandioses pour implorer Dieu à protéger la dictature qui a bloqué le développement de notre pays et à permis la récupération néocolonialiste de notre indépendance politique. En examinant sérieusement votre comportement, je crois que vous avez un problème de choix entre la religion et la politique. Mais, nul ne peut servir deux maîtres à la fois. Etes-vous essentiellement un Chef religieux ou un Chef politique ? Le troupeau de Catholiques au Congo a droit à la vérité. Interrogé à ce propos, notre Seigneur Jésus de Nazareth a répondu clairement qu’il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Votre échec récent en politique devrait, à mon avis, vous donner les indications pour déterminer votre choix. En effet, vous avez eu à présider la Nation Congolaise réunie en Conférence pour réaliser la transition démocratique. Moi qui vous écris, j’ai créé avec onze de mes collègues, au début de cette Conférence, un Groupe Parlementaire Informel pour la défense de la souveraineté populaire afin de dissuader les autres collègues à la déclarer « souveraine » en argumentant principalement que 1° la souveraineté appartient au Peuple qui confère des mandats limités de souveraineté selon les modalités précises, que 2° cette déclaration serait un coup d’Etat doux inapplicable compte tenu du rapport des forces existantes et que 3°, par contre, la Conférence devait impliquer le Président Mobutu pour aller aux élections démocratiques contrôlées. Devant la fronde d’agitateurs politicailleurs qui avaient envahi la conférence, j’ai décidé de m’expatrier en abandonnant même les « per diem » alléchants. Au contraire, vous avez adhéré à l’option d’une Conférence souveraine et les résultats, tout le monde le reconnaît, fut l’impasse de l’échec total. Je suis encore persuadé aujourd’hui que l’adoption de notre point de vue aurait épargné au Peuple Congolais, les convulsions désastreuses de fin de la dictature Mobutienne. En ce moment crucial de l’histoire de notre Peuple, il me semble regrettable que vous optiez pour une politique de confrontation qui conduit de nouveau à un échec avec son lot d’imprévisibles drames. Aussi, vous inviterais-je à vous ressaisir et à réorienter votre position vers l’effort de reconstruction de notre pays pour le bonheur et le bien-être de notre Peuple qui, depuis des millénaires, souffre tant. La poubelle de notre histoire est trop pleine de fils du Congo, je ne me réjouirais pas de vous y savoir destiner.
La Pros

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