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vendredi 20 janvier 2012

Crise postélectorale : l’insouciance des élites

(Le Potentiel 20/01/2012) 
Comparé aux élections multipartites, mais opaques, de novembre 2011, le vote par acclamation, en vigueur sous le parti unique, n’a jamais soulevé autant de contestations. L’opinion nationale en est comme tétanisée.

Que font les Congolais quand, peu après l’élection présidentielle et les scrutins législatifs du 28 novembre 2011, ils se retrouvent avec, d’une part, un président de la République proclamé par la Commission électorale nationale indépendante, puis investi par la Cour suprême de justice. Et de l’autre, un président autoproclamé qui revendique la victoire des urnes ?
Il s’observe que, dans la Mouvance du président Kabila, des gens haut placés dans la nomenklatura minimisent publiquement la situation de crise, faisant semblant de banaliser l’étincelle annonciatrice d’un incendie. Il est cependant paradoxal que, dès la publication des résultats des législatives, les mêmes soi-disant kabilistes sortent les griffes dehors, dénonçant avec une rage insoupçonnée des fraudes massives et des irrégularités monstrueuses lors des derniers scrutins.
Entretemps, dans le camp de l’Opposition, où l’on vitupère contre les fraudeurs du bloc adverse, les tshisekedistes affichent une certaine impatience à être rétablis dans leur droit. C’est-à-dire la reconnaissance de la victoire de leur leader.
Pour être objectif, il faut ajouter à ce tableau noir les autres acteurs majeurs qui ont un mot à dire sur la vie de la RDC. Citons les évêques catholiques dont le verdict a été sans appel : les résultats de la présidentielle annoncés par la Commission électorale et validés par la Cour suprême de justice ne reflètent « ni la justice ni la vérité des urnes ».
Le point de vue de la puissante Eglise catholique est d’ailleurs réconforté par tous les observateurs internationaux : du Carter Center américain à l’Union européenne, en passant par la SADC (Southern african development community) et les centaines d’ONG congolaises.
Comment réagissent alors les Congolais face au dilemme ? Un contraste. En effet, selon que l’on se réclame officiellement du pouvoir, de l’Opposition ou simple citoyen, les avis sont nuancés. Ils vont de l’acceptation du verdict des urnes à l’invalidation des scrutins, en passant pas la restitution du pouvoir au gagnant, en l’occurrence Etienne Tshisekedi.
ELITES, LA SOURCE DU MAL
Les élites congolaises, voilà la source du mal dont a souffert et continue à souffrir le peuple. Pour une question requérant justice, éthique, moralité, vérité, les élites se lancent dans un juridisme débridé, assurées d’être récompensées pour avoir (encore) vendu leur âme, leur conscience contre des choses éphémères.
Néanmoins, ces élites jouisseuses sont rapidement rattrapées par leur inconstance. C’est ce qui explique la levée des boucliers dans leur camp au lendemain de la publication perlée des résultants des législatives.
Chaque jour qui passe, la radio, la télévision, la presse écrite sont littéralement inondées par des tonitruantes déclarations. Elles émanent de toutes les provinces avec cette particularité que celles où le président sortant aurait été élu avec une majorité statistique effarante, sont les premières à crier aux fraudes massives, aux bourrages des urnes.
La dernière déclaration en date explique mieux qu’un discours la légèreté des élites politiques. Un témoignage de Radio Okapi : « Une quarantaine de députés nationaux sortants de la Majorité présidentielle (MP) et de l’opposition, candidats aux élections législatives du 28 novembre, exigent l’annulation de ce scrutin sur toute l’étendue de la République ».
Cela paraît surprenant car, s’agissant hier de la présidentielle, ces députés et tant d’autres candidats inscrits, ont gardé un mutisme de cimetière. C’est à penser qu’ils avaient l’assurance que le « mal » électoral ne les atteindrait pas. Les voilà pris en étau. Que reprochent-ils au processus piloté par la Céni ?
Dans leur déclaration lue devant la presse, mardi 17 janvier, par le député Jean-Baudouin Idambito Bakaato, ils en appellent à des concertations politiques en vue de trouver des solutions appropriées aux différentes questions qui bloquent aujourd’hui «la marche normale du pays».
Au fond, ces députés de la Majorité et de l’Opposition estiment que les élections manquent de crédibilité, à cause «des irrégularités et des fraudes massives». Ils se disent soucieux «de sauver le pays du déchirement politique aux conséquences incalculables ». Comme des girouettes, les élites réagissent non pas pour la bonne cause nationale. Mais surtout pour sauvegarder leurs intérêts. Ils connaissent, par expérience, tous les leviers à actionner, si jamais des concertations ont lieu, pour revenir au pouvoir.
Certes, tous n’ont pas démérité. Mais à étudier les cas individuellement, l’on se rendra compte que la majorité d’entre eux a été sanctionnée par le souverain primaire pour égoïsme avéré, incompétence et antivaleurs.
Au fond, la sortie des députés de la Majorité sonne comme un aveu du manque criant de crédibilité des élections de novembre 2011. Une preuve de plus, qui apporte de l’eau au moulin de ceux – et ils sont de plus en plus nombreux – qui réclament le rétablissement de la vérité des urnes.
Est-ce que cette évolution de la situation postélectorale peut réveiller les consciences et pousser à chercher des voies de sortie au blocage ? Nous réservons notre réponse.

Par Ben-Clet

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