Par Le Potentiel
La fraude électorale et l’agression du président du Sénat à Paris sont parmi les questions qui suscitent encore des réactions en RDC. La dernière en date est celle de l’ACCRIM.
Depuis quelque temps, deux questions d’actualité défrayent encore la chronique en RDC. Il s’agit de la fraude électorale et l’agression du président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo à Paris. Préoccupée par ces questions, l’Association congolaise de Criminologie (ACCRIM), par la voix de son président, Daniel Félix Thabizé Yengola Selemani, membre de la Société internationale de Criminologie, n’est pas restée indifférente.
L’ACCRIM note que le processus électoral est un mécanisme essentiel, un moment important dans l’exercice de la citoyenneté responsable, redevable. Sa transparence et sa crédibilité affectent non seulement la légalité républicaine, mais aussi et surtout la légitimité du pouvoir dans un Etat qui se veut démocratique. Ce postulat étant posé, il importe d’interroger les faits tels qu’ils se sont déroulés sur le terrain.
Pour ce qui est des législatives nationales du 28 novembre 2011, nombre d’observateurs ont signalé des irrégularités, voire des fautes graves et nombreuses.
Interrogé à ce sujet, le président de l’ACCRIM a indiqué que le contentieux électoral s’annonce massif, et la Cour suprême de justice aura du pain sur la planche, avec une obligation de résultat pour crédibiliser les législatives. Il prévient : « Cette problématisation massive risque de conduire vers un goulot d’étranglement judiciaire, prélude à une crise politique majeure dont la gestion est imprévisible».
Si l’on scrute la rationalité qui gouverne la compétition électorale actuelle, on sera probablement déçu de constater que l’exercice des charges publiques en RDC, repose largement selon Daniel Félix Thabizé, «sur une logique néo-patrimoniale, alimentaire, qui explique à la fois la fourberie, la déloyauté et la virulence, ainsi que l’intolérance observées sur la scène politique congolaise, toutes tendances confondues ». Dans ces conditions, il s’interroge sur la pertinence historique de cette démocratie «dévoyée».
Pour lui, le vrai problème, fondamental, devrait être celui de la gouvernance, la bonne gouvernance, afin d’éradiquer la grande corruption et la fraude minière, ces crimes majeurs qui bloquent toute perspective de développement d’un pays aux potentialités scandaleuses.
Que faire ? S’interroge le président de l’ACCRIM. A ses yeux, « le moment est venu pour mettre en œuvre la Stratégie nationale de lutte contre la corruption, tout en domestiquant les instruments juridiques internationaux pertinents ».
Soucieuse de promouvoir une criminologie africaine de développement, l’ACCRIM se dit prête à y apporter sa contribution scientifique. Sa devise est « Vitam impedere vero » signifiant « consacrer sa vie à la vérité ».
Acte insoutenable
Quant à l’agression perpétrée contre le président du Sénat à la Saint-Sylvestre à Paris, Daniel Félix Thabizé Yengola Selemani dit qu’il s’agit d’un acte insoutenable. Figure emblématique du paysage politique congolais, cette icône nationale fut malheureusement une cible idéale d’une bande de la diaspora congolaise «déboussolée», vraisemblablement instrumentalisée.
A en croire le président de l’ACCRIM, «les Congolais de l’étranger traversent plusieurs angoisses existentielles face à ce qu’ils perçoivent comme violences structurelles de l’Etat ». La plupart sont plutôt des «exilés économiques», précise-t-il. Et d’ajouter : «Ils ont quitté notre pays, ou sont « bloqués » à l’étranger, pour des raisons essentiellement socio-économiques ». Ils prennent des nationalités étrangères par «état de nécessité». Dans leur exil, ils sont victimes de plusieurs frustrations.
Des rancœurs sociales s’accumulent, et le passage à l’acte pseudo-justicier n’est qu’une question de circonstance. Opportunément, à Bruxelles, Paris, Londres, comme en Afrique du Sud, la diaspora réagit plutôt mal, face à la problématique d’une sortie de crise post électorale par la troisième voie.
Il convient de se garder, par des jugements à l’emporte-pièce, de diaboliser la diaspora qui semble elle-même paradoxalement prise au piège de la pensée unique. Kengo l’a compris, en pardonnant à ses agresseurs.
Agence-conseil en politique criminelle, l’ACCRIM recommanderait au prochain gouvernement de la République et au chef de l’Etat réélu, d’élaborer et de mettre en œuvre une diplomatie volontariste d’encadrement des Congolais de l’étranger, notamment par la réactivation des mécanismes consulaires de leur protection, la facilitation du retour au pays par des mesures incitatives pour l’entrepreneuriat et la mise en valeur des intelligences.
Au Parlement, l’ACCRIM recommanderait la revisitation urgente de la loi sur la nationalité dans la perspective globale d’une législation migratoire d’ouverture. La loi actuelle est rétrograde, obsolète, marginalisante. Il en est ainsi de la loi électorale qui n’organise pas de vote à l’étranger.
A.T.
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