Ce 17 janvier 2012 marquait le 51éme anniversaire de l’assassinat de Patrice Lumumba, le père de l’indépendance congolaise. Bien qu’il ne soit resté que deux mois et demi à la tête du Congo, le souvenir de la grandeur de cet homme reste vivant dans la mémoire collective des congolais et des africains en général. Il a laissé derrière lui l’image d’un homme courageux, d’une figure emblématique des indépendances africaines, d’un symbole de liberté et de l’anticolonialisme, un héros qui a acquis une réputation mondiale. A ce jour d’anniversaire de son assassinat, l’Organisation pour l’Unité des Afro-américains, Malcom X, et la radio WMCA de New York lui ont rendu un fabuleux hommage.
Déjà le 28 juin 1964 lors d’un rassemblement de l’Organisation pour l’Unité des Afro-américains, Malcom X témoignant sur la vie de Lumumba l’avait qualifié de » plus grand homme noir qui n’ait jamais existé en Afrique ».
Époustouflé par son combat, sa ténacité et son nationalisme intransigeant, Malcom X avait rendu hommage à ce grand
homme africain en ces termes « Il n’a craint personne. Il a tellement effrayé les colons qu’ils ont dû le tuer. Ils ne pouvaient pas le corrompre, ils ne pouvaient pas l’effrayer, ils ne pouvaient pas l’atteindre. Il a dît au Roi des Belges, Sir, vous pouvez nous accorder la liberté, vous pouvez nous rendre notre indépendance, mais nous ne pouvons jamais oublier ces cicatrices, vous ne nous donnez rien car la question est de savoir si vous pouvez reprendre ces plaies et cicatrices que vous nous avez infligées et qui restent à jamais marquées sur nos corps et nos esprits ? Pouvez-vous nous restituer nos membres que vous nous aviez coupés quand vous étiez ici ? »
Continuant sur sa lancée ce militant pour les droits des afro-américains avait déclaré :
« Je pense que les journaux, les commentateurs et certains de ces prétendus experts dépensent trop de temps, se font passer pour des savants hautement qualifiés essayant de prouver que les Congolais sont des sauvages, qu’ils ne sont pas entièrement développés, qu’ils ne peuvent pas se diriger eux-mêmes. Cette campagne de dénigrement et de déstabilisation est essentiellement orchestrée par les occidentaux et particulièrement les USA, mais on se demande à quel dessein? La cause principale de la plupart des ennuis du Congo est clairement l’intervention des étrangers – le combat qui se passe sur la richesse minérale du Congo et sur la position stratégique que le Congo représente sur le continent africain. Et pour le justifier, ils le font à la charge des Congolais, en essayant de les faire paraître comme des gens incompétents et sauvages. » Avant d’ajouter « et je pense, comme un des messieurs mentionnés plus tôt, s’il y a des sauvages au Congo alors il y a des sauvages plus mauvais encore au Mississippi, en Alabama et à New York et probablement certains à Washington D.C. aussi. »
Dans le même sens que Malcom X, Che Guevara avait lui aussi de son temps salué l’héroïsme de Lumumba « qui n’était pas seulement un martyr de l’indépendance du Congo, mais bien un martyr de la révolution mondiale » selon ses propres mots. Lors de son discours au siège des Nations Unies à New York en 1964 dans sa partie consacrée à Lumumba il déclara :
« La bestialité de l’impérialisme ? C’est une bestialité qui ne connaît pas de limites ; qui n’a pas de frontières nationales. Telle fut la bestialité des armées Hitlériennes … semblable à la bestialité de l’Amérique du Nord, comme celle des parachutistes belges. Et celle de l’impérialisme français en Algérie. Car, l’essence même de l’impérialisme, c’est transformer les hommes en sauvages, des animaux assoiffés de sangs, déterminés à abattre, de tuer, assassiner et détruire le dernier vestige de l’image du révolutionnaire ou le partisan de tout régime qu’ils écrasent sous leurs bottes parce qu’il se bat pour la liberté. La statue de Lumumba détruite aujourd’hui, mais elle sera demain reconstruite, nous rappelle l’histoire tragique de ce martyr de la révolution mondiale et nous assure qu’on ne peut jamais faire confiance à l’impérialisme. En aucune façon. Pas un iota! »
Aux admirateurs de ces précurseurs, la meilleure façon de leur rendre hommage est de concourir à la matérialisation de leurs aspirations et de faire vivre les idéaux pour lesquels ils se sont sacrifiés.
Charis Basoko
Jambonews.net
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