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jeudi 5 janvier 2012

LIBERTE DE LA PRESSE EN RDC: un censeur nommé Kabila

(Le Pays 05/01/2012)

Joseph Kabila, fraîchement réélu président de la République démocratique du Congo(RDC ) après l’élection présidentielle contestée du 28 novembre 2011, est en train de se payer une nouvelle réputation. Après celle de président mal élu, l’homme de Kinshasa s’affirme progressivement comme un oppresseur des médias dans son pays. Dans sa volonté de mettre sous l’éteignoir son adversaire politique, Etienne Tshisekedi, et de lui couper tout moyen d’expression, le président congolais n’a pas trouvé mieux que de mener la vie dure aux médias qui lui sont proches ou qui lui donnent tout simplement la parole.
Le dernier événement en date est la suspension du signal de RFI dans ce pays, que les autorités accusent d’être le porte-voix de l’UDPS (l’Union pour la démocratie et le progrès social) de Etienne Tshisekedi. La radio française, dans sa mission d’information, a couvert toutes les activités liées à l’investiture de l’opposant qui s’est autoproclamé président élu. Cette attention de RFI pour le candidat Tshisekedi est mal vue du côté des autorités de Kinshasa qui ont coupé son signal même si elles se cachent derrière des prétextes fallacieux pour ne pas assumer leur acte. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois puisque entre juillet 2009 et octobre 2010, ce signal avait été coupé pour, disait-on, atteinte au moral des troupes. A l’intérieur du pays même, il ne fait pas bon d’être animateur de médias. Pas moins de 160 cas d’entraves à la liberté des médias ont été recensés par l’ONG « Journalistes en danger ».
Selon elle, la moitié des entraves ont eu lieu lors de la présidentielle du 28 novembre : « 42 cas d’incarcération ou d’interpellation, 57 cas de menaces ou d’agressions, 43 cas de censure et d’entrave à la circulation de l’information et 17 cas de pression. » La chasse aux voix discordantes s’est accentuée lors de la campagne électorale et pendant la crise postélectorale. Ce n’est pas les médias le problème ; les bâillonner, c’est casser le thermomètre au lieu de faire retomber la fièvre. Ce n’est pas la faute aux journalistes, ni aux médias si Etienne Tshisekedi défie les autorités de son pays. Ils sont simplement les témoins de faits dont ils sont chargés de rendre compte. La répression des médias sous quelque forme que ce soit ne servirait à rien, sinon qu’à discréditer davantage un pouvoir déjà mal assis.
Le défi qui attend Kabila pour ce mandat est de tirer les leçons de cette élection chaotique en instaurant une démocratie plus respectueuse du suffrage universel, des droits de l’Homme, de la liberté de presse ainsi que des règles de bonne gouvernance économique pour répondre véritablement aux aspirations du peuple congolais. C’est la meilleure façon de clouer le bec à ses contempteurs au lieu de s’en prendre aux médias qui ne font que rendre compte des turpitudes du landerneau politique.

Abdoulaye TAO

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