Après les élections, le temps de la suspicion et de l’attente
Officiellement, on ne saura que le 6 décembre qui de Joseph Kabila, le « sortant » ou d’Etienne Tshisekedi, son principal rival de l’opposition, sera déclaré vainqueur. Pour les 500 députés il faudra attendre jusqu’au 13 janvier.
Ce 6 décembre devait théoriquement être le point d’orgue d’un difficile processus démocratique, après les premières élections libres de 2006 au sortir de deux guerres destructrices (96-97, 98-2003). Il devient un rendez-vous risqué.
Les deux camps croisent les accusations, montrent leurs muscles et leur détermination.
« Bien sûr que je vais gagner », tonne l’impassible septuagénaire Tshisekedi, le patron de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), vigoureusement « neutralisé » deux fois par la police au dernier jour de la campagne et le jour du vote.
De l’autre côté le silencieux Kabila, installé en 2001 et élu en 2006, fait donner ses lieutenants.
« Nous sommes en train de vivre la dernière étape du schéma insurrectionnel de l’UDPS », déclarait mercredi à l’AFP le secrétaire général de la Majorité Présidentielle, Aubin Minaku.
Avec cet avertissement sans frais: « quiconque commettra une infraction, fût-ce Etienne Tshisekedi, devra subir la rigueur de la loi, c’est ce qu’on verra dans les jours à venir ».
« éviter l’incendie de la maison RDC »
Visiblement très inquiète de ces deux trains qui foncent l’un vers l’autre à toute vapeur, la communauté internationale en est réduite à multiplier les appels au calme, et surtout au respect du verdict des urnes.
« Pour éviter l’incendie de la maison RDC, toutes les personnes éprises de paix sont invitées à travailler pour la transparence des opérations électorales », s’alarme jeudi un quotidien kinois, alors que le dépouillement progresse péniblement, selon des observateurs de terrain.
Dans ce climat de cocotte minute, les rumeurs, la plupart du temps invérifiables, prennent comme une traînée de poudre et alimentent la paranoïa ambiante.
Côté opposition: les stylos de la Céni seraient chargés à l’encre sympathique pour truquer les résultats, des urnes auraient été bourrées nuitamment, les PV de bureaux de vote sont truqués, un avion en provenance d’Afrique du sud aurait amené des milliers de bulletins pré-cochés Kabila, après la clôture du scrutin.
Pour les adversaires de Kabila, sa seule chance de gagner serait le dépouillement et une Cour suprême « aux ordres » au moment de proclamer le vainqueur.
Côté pouvoir: agents électoraux molestés, matériel détruit, logique de prise de pouvoir de l’UDPS.
Les deux camps prétendent avoir des remontées des profondeurs du pays qui donnent leur champion vainqueur assurent-ils.
Le puissant pasteur Daniel Ngoy Mulunda, président de la Céni, multiplie les déclarations pour démentir en bloc toutes les accusations de fraude et assurer que pas un seul instant il n’est question d’annuler les élections.
Toutes ces annonces de résultats partiels ou de tendances sont illégales, ajoute-t-il.
Pour la présidentielle, ils étaient onze sur la ligne de départ. Les autres candidats d’une opposition mosaïque semblent déjà laminés par les deux poids-lourds de cette élection à un seul tour, et trois au moins ont demandé l’annulation des élections.
Il n’en reste plus que deux sur le ring: le N°3, Joseph Kabila, 40 ans, et le N°11, Etienne Tshisekedi, 78 ans.
Et comme Mohamed Ali et George Foreman lors du combat du siècle à Kinshasa en octobre 1974, du temps où la RDC s’appelait encore Zaïre, tous les deux cherchent le K.O.
Afp
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