(L'Avenir Quotidien 20/12/2011)
Le président sortant de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange a été proclamé vendredi soir vainqueur de l’élection présidentielle à un tour du 28 novembre 2011, par la Cour suprême de justice (CSJ), chargée de donner les résultats définitifs du scrutin. A peine réélu, le Raïs a pas mal de défis à relever pour fidéliser les 48,95% d’électeurs et, au-delà, les Congolais qui appartiennent tous à un seul pays.
Il doit aussi répondre au vœu de tous ceux qui se sont exprimés dans les urnes, de même que ceux qui se sont abstenus et qui pensent qu’après la construction des infrastructures de base pour lesquelles la population avait grandement besoin pour écouler ses produits, le n°1 de tous les Congolais doit cette fois-ci s’occuper du ventre de ses compatriotes. Pour demeurer crédible dans la pensée des Congolais, le Chef de l’Etat doit concrétiser les promesses faites pendant la période de campagne. Comme on peut bien le constater, il a promis la poursuite de la construction des infrastructures de base, l’amélioration de la desserte en eau et en électricité, l’habitat social, etc.
Briser le mythe kinois
Première mission de son quinquennat, Joseph Kabila Kabange doit briser le mythe kinois. Un mythe selon lequel « on ne peut bien diriger la Rd Congo que lorsque vous êtes accepté par les Kinois. En effet, les concurrents de Joseph Kabila aux élections présidentielles ne tarissent pas d’imagination pour couler leur principal adversaire. En 2006, lorsque prédominait l’idéologie « Mwana Mboka », entendez originaire, des rumeurs avaient circulé d’après lesquelles Kabila aurait dénigré les Kinois, surtout les jeunes qui demeurent longtemps sous le toit paternel. En 2011, le jour de la clôture de la campagne électorale, Kabila a été faussement pointé du doigt d’avoir tué des militants d’un parti politique de l’opposition. La finalité de tous ces montages était de faire comprendre aux Kinois que leur président ne les a jamais portés.
Cette façon de voir les choses de la part des Congolais en général et des Kinois en particulier doit inspirer le Chef de l’Etat, le seul qui aura à gérer le pouvoir à la destinée de tout le monde, même de ceux qui ne l’ont pas élu. Il faudra donc briser ce mythe en demandant à l’ex candidat n°3 de s’approcher des Kinois, de partager leurs problèmes, ainsi, il pourra utilement reconquérir leur confiance. Au besoin, il peut envisager une toilette minutieuse de sa cour, en vue d’écarter quiconque voudrait le séparer du peuple. Entre-temps, le conseil des ministres devra reprendre sa fréquence, pour donner de l’espérance à un peuple fatigué des mots et des promesses.
Contrairement à certaines pensées véhiculées à Kinshasa, d’après lesquelles cette attitude des kinois peut varier avec un certain pouvoir mystique, il sied de rappeler qu’en démocratie, la popularité découle, des fétiches, mais bien plus de la combinaison effective du « pouvoir du peuple, par et pour le peuple ». Car l’exercice du pouvoir se fait toujours en compagnie du souverain primaire. En effet, lorsque la Bible dit que tout pouvoir vient de Dieu, cela sous-entend que le pouvoir ne doit s’exercer qu’au profit de ce même peuple.
L’occasion faisant le larron, le moment est indiqué de fustiger le comportement de ceux parmi les proches du chef de l’Etat qui n’ont pas réellement fait leur travail à Kinshasa. Avec la ville de Kinshasa dans les mains du PPRD, parti au pouvoir, sans compter les 24 bourgmestres, le chef de l’Etat est celui qui devrait bénéficier de la confiance et de l’attention de l’ensemble des Congolais. Si, aux élections du 28 novembre dernier, il n’a pas réalisé le score escompté à Kinshasa, la balle est dans le camp de son entourage, même si celui-ci se contente de dire que le Raïs a amélioré son score, comparativement aux élections de 2006. C’est la raison pour laquelle le peuple veut un changement, et ce changement ne devra en aucun cas ménager la cour du chef.
Pour rappel, à une certaine époque, Joseph Kabila avait indiqué qu’il n’avait pas 15 hommes à ses côtés, capables de relever le défi du développement et de la construction de la Rd Congo. Aujourd’hui, Joseph Kabila a carte blanche, surtout qu’il n’y a que lui seul qui a été élu et non quelqu’un d’autre, afin de se doter d’un entourage compétent, capable de l’accompagner dans ce travail très noble. D’autant plus que ce qui a été constaté sur terrain déçoit quelque peu. Au lieu d’offrir au chef de l’Etat le service dont il attendait d’eux, certains membres de son entourage se sont évertués dans une lutte fratricide contre tous ceux qui voulaient faire des efforts, tous ceux qui émergeaient ou qui pensaient autrement qu’eux. Une façon de faire qui doit obligatoirement changer, et cela au profit également du succès du quinquennat.
Du social des Congolais
Durant toute la période de la campagne électorale, au-delà des promesses de Joseph Kabila, le peuple, peu importe le coin où il se trouve, a exprimé ses vœux de l’amélioration de ses conditions de vie. Par condition de vie, l’on entend notamment un salaire décent, qui tienne compte des critères objectifs, la sécurité sociale, la santé, l’habitat social, etc. Même si le Gouvernement a fourni d’énormes efforts pour revoir à la hausse les salaires d’huissiers, le Chef de l’Etat, pour cette mandature, pourrait instaurer une base salariale équivalente à 100 USD (cent dollars) pour la fonction publique, de même que les enseignants et d’autres catégories sociales. Le Gouvernement doit investir dans la ménagère congolaise, cette femme qui se réveille à 4 heures du matin et qui est à la base de la survie de plusieurs personnes. Il faut faire en sorte que ses conditions de travail s’améliorent aussi pour qu’elle soit davantage efficace.
En parcourant plusieurs villes de la Rd Congo, l’on peut facilement se rendre compte qu’un bon salaire payé à temps est à la base de la paix sociale tant recherchée au pays. Car en effet, il n’y a qu’une personne qui a bien mangé qui peut donner le meilleur de lui-même pour la production d’un travail de qualité, c’est-à-dire, se dévouer pour le compte de l’Etat congolais. Le contraire est celui qui est vécu, où on lit la démotivation généralisée des agents et cadres obligés, malgré eux à adopter des pratiques qui ne les honorent pas. Le social ne concerne pas seulement que le civil, mais aussi les militaires et policiers qui doivent voir leur situation changer. Car, il ne sert à rien d’envoyer policiers et militaires garder l’intégrité territoriale, si et seulement si ils ne savent même pas prendre en charge leurs propres familles restées dans les zones neutres. En plus, c’est le policier et les militaires qui ont reçu pour mission de garder les personnes et leurs biens. Comment va-t-il réellement se dévouer si lui-même n’est pas pris en charge ?
Au sujet du SMIG congolais, disons qu’il est possible de donner au dernier des congolais 500 dollars, dans un premier temps, de même pour les militaires. On peut facilement appliquer Mbudi par palier comme cela a été dit. Pour y arriver, il faut boucher tous les trous de détournements, de l’économie informelle où les gens ne dédouanent pas leurs marchandises ni ne payent ce qu’ils doivent à l’Etat. On peut aussi avoir les moyens pour appliquer Mbudi et donner aux militaires, aux derniers de soldats, aux derniers de policiers, 500 dollars. Et pour les militaires, il faut qu’il y ait des conditions en dehors de leur solde : construire des casernes, là où les militaires et leurs familles vont trouver l’école et divers autres services sociaux courants. Que le militaire ait la cantine pour ses compléments, en termes de ration alimentaire. Cela se faisait avant et ce serait même une demande pour augmenter l’agriculture congolaise. Avec cela, les militaires ne pourraient sortir en ce moment-là que moyennant autorisation, sans armes et sans uniforme non plus. Cela va diminuer l’insécurité et à ce moment-là, le militaire va se rappeler qu’il est en train de servir sous le drapeau et jouit, du fait-même, des avantages qu’il faut.
Il faut ajouter à ceci que les effets attendus de l’atteinte du point d’achèvement de l’IPPTE en 2010 ont été en deçà des attentes du peuple. Joseph Kabila a maintenant la chance, non seulement de créer des emplois productifs, mais aussi d’offrir un environnement des affaires attractif aux investisseurs qui n’attendent qu’un signal de sa part. Quelle diplomatie ? Lors de la 66ème Assemblées de l’ONU, le chef de l’Etat s’était félicité d’une diplomatie qui a permis d’harmoniser les relations avec tous les pays de la Région, notamment ceux avec lesquels il était en conflit. C’est le cas du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi. Même si cette diplomatie a permis d’éteindre le feu, disons que pour son nouveau mandat, Joseph Kabila, derrière lui le peuple congolais a besoin d’une diplomatie agissante avec des diplomates qui auront pour principal tâche de vendre l’image du Congo à l’étranger.
Pour ce faire, il va falloir qu’ils soient payés à temps et que l’Etat soit à même de payer toutes ces dettes en termes d’arriérés de salaire, de loyer, etc. Au-delà de cette question, le Congo a besoin des diplomates formés et crédibles. Et non pas de ceux dont la compétence et la crédibilité laissent à désirer. Le Congo doit arrêter avec l’image d’une diplomatie familiale, où c’est le désordre et le favoritisme qui règnent, en lieu et place de mérites individuels. Et si et seulement si le diplomate demeure celui qui a reçu pour mission de vendre l’image de marque du pays, Joseph Kabila a besoin d’une justice distributive qui sécurise non seulement les congolais, mais aussi tous ceux qui ont choisi le Congo comme leur seconde patrie et qui créent un climat propice aux affaires. Une diplomatie agissante plus une justice distributive, égale l’amélioration du climat des affaires. Ceci va permettre de sortir de la logique d’une justice acquise à la cause d’un individu, comme ne cessent de le crier certaines organisations internationales, pourquoi pas des observateurs au processus électoral en Rd Congo.
En dépit du mot d’ordre de « Tolérance zéro » prôné par le chef de l’Etat durant les cinq ans écoulés, la corruption se porte bien en Rd Congo. D’ailleurs, le dernier classement de Transparency Internationale est éloquent quant à ce. Ceci pour dire que le mot d’ordre du chef de l’Etat est loin de rencontrer les attentes de la population congolaise qui est restée sur sa faim. Les « kulunas en cravate » (entendez les fossoyeurs de la gestion publique) sont restés impunis et encensés même par des musiciens. A titre purement illustratif, le prolongement du Boulevard Triomphal que Laurent-Désiré Kabila avait initié en son temps, n’avait coûté que 800.000 dollars Us. Pour une partie du prolongement du Boulevard, pratiquement de la même distance, la Rd Congo a payé 29 millions de dollars Us pour 1 Km. Les travaux effectués il y a peu par la Régie des Voies aériennes (RVA) à l’aéroport international de N’Djili qui ont englouti une richesse importante qui aurait servi à autre chose, si et seulement si la corruption était combattue.
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