(Amnesty International 21/12/2011)
Les forces de sécurité de la République démocratique du Congo doivent mettre fin à une vague d'arrestations politiques, et en particulier aux arrestations arbitraires et illégales menées à la suite de l'élection présidentielle aux résultats contestés, a déclaré Amnesty International lundi 19 décembre.
Les forces de sécurité de la République démocratique du Congo doivent mettre fin à une vague d'arrestations politiques, et en particulier aux arrestations arbitraires et illégales menées à la suite de l'élection présidentielle aux résultats contestés, a déclaré Amnesty International lundi 19 décembre.
Des dizaines d'arrestations ont eu lieu dans le pays depuis l'élection du 28 novembre. Les personnes visées sont souvent des membres et des partisans de l'opposition politique.
« Les forces de sécurité congolaises semblent profiter du climat de tension et d'incertitude qui règne à la suite des récentes élections pour mener cette série d'arrestations politiques et procéder notamment à des arrestations arbitraires et illégales qui menacent d'étouffer la liberté d'expression et de réunion », a déclaré Paule Rigaud, directrice adjointe du programme Afrique d'Amnesty International.
« Ces arrestations doivent cesser. Les personnes interpellées doivent être libérées, à moins d'être rapidement inculpées d'une infraction reconnue par la loi et présentées devant un juge afin qu'elles puissent contester la légalité de leur détention dans le plein respect de leur droit à un procès équitable, qui inclut le droit de faire appel à un avocat. »
Les informations dont dispose Amnesty International suggèrent que cette pratique est utilisée comme une méthode d'intimidation et que parmi les victimes se trouvent des civils, des journalistes, des avocats et des responsables de l'opposition politique, mais aussi des agents des forces de sécurité.
Quatre journalistes travaillant pour une radio communautaire ont été arrêtés par des membres de l'Agence nationale de renseignements (ANR) le 14 décembre au petit matin à Kabambare, dans la province du Maniema, dans l'Est du pays. Ils étaient accusés d'être passés outre une décision officielle ordonnant la fermeture de leur station de radio. Trois d'entre eux ont été libérés dans l'après-midi. Le quatrième a été relâché le 15 décembre, également dans l'après-midi.
Le 13 décembre, à Bukavu, dans le Sud-Kivu, des agents de la Police nationale congolaise (PNC) auraient frappé et arrêté l'avocat Eustache Nsimba et l'auraient emmené dans un lieu inconnu. Il participait à une manifestation organisée par l'opposition. Le maire de Bukavu avait été informé à l'avance de ce défilé mais l'aurait interdit lors d'une déclaration à la radio. Eustache Nsimba a été relâché plus tard dans la journée.
Amnesty International a également appris que des agents des forces de sécurité avaient participé à l'arrestation arbitraire d'au moins deux membres de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS) dans la province du Katanga. Ces deux personnes, qui appartiennent au principal parti d'opposition, sont toujours en détention. L'une d'elle est détenue au secret, dans le cachot de l'ANR.
Selon une ONG locale, depuis le début du mois de décembre, des membres des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) auraient aussi enlevé ou arrêté de manière arbitraire une dizaine de membres de l'armée et d'agents de la PNC ainsi que des civils à Kinshasa. Toutes les personnes arrêtées auraient été prises pour cible parce qu'elles sont originaires des provinces de l'Équateur, du Kasaï-Occidental et du Kasaï-Oriental, fiefs de l'opposition.
On ignore où se trouvent certaines personnes. D'autres sont en détention au secret dans des camps militaires de Kinshasa, notamment au camp Kokolo, ou dans d'autres lieux situés hors de portée des autorités judiciaires, comme le camp Tshatshi ou l'immeuble du Groupe Litho Moboti (GLM).
Amnesty International prie vivement les autorités congolaises de fournir des informations sur ce qu'il est advenu des personnes arrêtées, et de les libérer si elles ne sont pas rapidement inculpées d'une infraction reconnue par la loi et autorisées à contester la légalité de leur maintien en détention ainsi qu'à consulter un avocat et à voir leur famille.
L'organisation demande également aux autorités congolaises de veiller à ce qu'une enquête minutieuse, indépendante et impartiale soit menée sur les violations présumées des droits humains, en particulier les homicides illégaux de manifestants, perpétrées par les forces de sécurité de RDC et d'autres acteurs immédiatement après les élections.
« Selon de nombreuses informations, des violations des droits humains ont entaché la préparation des élections congolaises et se poursuivent ; des restrictions sont imposées en matière de liberté d'expression et de réunion, et les forces de sécurité intimident les sympathisants de l'opposition et les défenseurs des droits humains », a déclaré Paule Rigaud.
« Tous les responsables présumés de ces violations doivent faire l'objet d'une enquête et être rapidement déférés à la justice. L'impunité ne ferait qu'engendrer de nouvelles violences et atteintes aux droits humains. »
PRE01/634/2011
19 décembre 2011
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