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vendredi 30 décembre 2011

R.D.C. - Législatives 2011/ Majorité présidentielle : faucons et colombes s’empoignent

(Le Potentiel 30/12/2011)

Du rififi au sein de la Majorité présidentielle. L’harmonie des premiers jours n’y est plus. La guerre des clans bat son plein, entre les faucons, conduits par le PPRD, et les colombes, avec en tête le PALU. Les résultats des législatives 2011 constituent la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. La Commission électorale nationale indépendante, CENI, poursuit la publication des résultats partiels des législatives 2011. Plus cette opération se déroule, et tend d’ailleurs vers sa fin, plus le ton monte au sein des états-majors et formations politiques.
La raison est simple. L’enjeu demeure la constitution de la «Majorité parlementaire» d’où sortira le futur Premier ministre. Si au sein de l’Opposition on retient encore son souffle tout en suivant attentivement la publication progressive des résultats de vote, dans les rangs de la Mouvance présidentielle, la sérénité est en train de céder le pas à la nervosité, aux fluctuations et aux contestations.
En effet, dans une première évaluation, les éléments d’appréciation indiquaient que la future majorité présidentielle pourrait être composée du PPRD, du PALU et du MSR. Une majorité qui allait être renforcée par d’autres partis alliés, notamment l’ARC d’Olivier Kamitatu, PDC d’Endundo Bononge et tant d’autres.
Malheureusement, les choses sont en train de prendre une autre tournure. Eu égard aux nouveaux éléments d’appréciation, cette nouvelle Majorité parlementaire qui suscite déjà beaucoup d’engouements, pourrait se constituer sans d’autres grandes formations politiques de la MP. Bien plus, deux clans ont vu le jour au sein de cette plate-forme.
Le premier, celui des faucons, est conduit par le PPRD. Le second clan, celui des colombes, avec à sa tête, le PALU d’Antoine Gizenga. Le dernier développement de la situation politique serait à la base de cette situation. Mieux, les résultats, bien qu’encore partiels, des législatives 2011, constituent la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
LA BOULIMIE DU PPRD
La raison principale serait le manque d’honnêteté, l’absence de solidarité avec les partenaires dont se serait rendu coupable le PPRD. La chaîne de solidarité vient d’être brisée à la suite de cette attitude. Bien plus, la boulimie du pouvoir devant cette obsession de disposer de sa majorité parlementaire, en vue d’accéder à la Primature et former le gouvernement. A ce stade, on n’exclut pas une certaine complicité avec des services de la CENI qui se seraient distingués par un tripatouillage maladroit. Aussi, déplore-t-on quelques manœuvres isolées en catimini et peu correctes. Rétrogrades et peu honnêtes dans cette détermination de parvenir à tout prix à cette fin. Ce qui expliquerait ces insinuations autour des contrées qui n’auraient pas voté pour le candidat Joseph Kabila Kabange. Pire encore, cette tendance à vouloir prendre le président de la République en otage pour des raisons faciles à deviner.
En témoignent aussi toutes ces altercations observées dans plusieurs coins de la République entre les candidats à la députation nationale de cette même famille politique. Altercations soutenues par des accusations susceptibles de vicier les résultats de vote et le processus électoral.
Cette tendance de se désolidariser avec les autres partenaires, de la part du PPRD, a été observée bien avant la campagne électorale. La stratégie électorale n’a pas obéi à un consensus et les libéralités ont été effectuées de façon sélective, selon la tête des cadres du PPRD. Voilà qui pourrait expliquer cette option du PALU de ne point signer l’acte d’engagement de la Mouvance présidentielle, MP, mais de soutenir seulement le candidat Joseph Kabila Kabange. La concentration du pouvoir par une seule personne, par un seul parti dans un partenariat a aliéné toute initiative consensuelle et commune. Pas étonnant que certains partenaires aient fait les frais à cause de cette boulimie de pouvoir.
Cette hargne de faire cavalier seul s’est accentuée dès lors que l’on aurait appris du président de la République qu’il ne s’en tiendra qu’au parti qui aura réuni le plus de députés pour disposer du Premier ministre. C’est ici que les faucons et les colombes de la Mouvance présidentielle s’empoignent et se font mal.
LE CERCLE DES MECONTENTS
Face à cette approche peu orthodoxe, un premier groupe de mécontents a déjà vu le jour. Il s’agit du groupe des colombes avec à sa tête le Parti lumumbiste unifié, Palu. Un noyau de quatre grandes partis politiques qui rappelle bien la légende des «quatre mousquetaires».
Une légende qui pourrait bien se vérifier tant ces quatre partis politiques ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils sont tout aussi déterminés à démontrer les raisons profondes de leur appartenance au sein de la Mouvance présidentielle, le travail abattu depuis la dernière législature et leurs convictions à poursuivre dans le même élan dans l’intérêt supérieur de la Nation. Loin des ambitions personnelles et égoïstes qui aliènent les préoccupations de la communauté. Ils refusent de jouer les seconds rôles, de voir des partenaires zélés s’acharner à prendre en otage le président de la République. Aussi, consacrent-ils ces instants précis à des réflexions profondes avant d’entreprendre des actions politiques efficaces après la proclamation des résultats des législatives 2011. Ils s’en sont bien capables. Depuis 2006, ils ont prouvé leur capacité de mobilisation, d’initiatives et de créativités politiques.
Plus intéressant, l’on apprend que d’autres alliés ou partenaires refusent de demeurer en reste. Frustrés également par ce qui est en train de se passer dans certaines circonscriptions électorales, ils sont près à franchir le Rubicon pour rejoindre les «Quatre mousquetaires». L’hypothèse que le cercle des mécontents pourrait s’élargir n’est plus à écarter.
Cette situation ne serait évitée que si le président de la République faisait le rappel des troupes pour mettre les choses au point. Une telle ambiance ne peut être porteuse d’un message d’espoir au début de ce nouveau mandat du chef de l’Etat.
L’ASSEMBLEE NATIONALE PIEGEE
Au demeurant, Le Potentiel ne croyait pas si bien dire en évoquant cette probabilité dans ces mêmes colonnes. Cette boulimie de pouvoir n’est rien d’autre que ce piège dangereux que l’on tend à la future assemblée nationale. Le risque d’une «majorité fabriquée» de toutes pièces pour occuper la Primature et s’imposer en nombre au sein du gouvernement aura des conséquences désastreuses sur la gestion du pays. C’est-à-dire, l’aliénation de ces deux principales institutions nationales, gouvernement et Assemblée nationale ; le clientélisme l’emportera sur l’excellence et la probité tant morale qu’intellectuelle.
Faut-il rappeler que dans son discours d’investiture, le président de la République avait bien dit qu’il est le «président de tous les Congolais» et non d’un «seul parti politique». Qu’il est prêt à travailler avec tous les Congolais ayant un sens élevé de leurs obligations d’Etat doublé de patriotisme.
L’on oublie en outre facilement que tous les yeux sont tournés vers la CENI et que la coopération internationale est même suspendue aux résultats des législatives 2011. Une fois que la crédibilité de ce scrutin suscitera des doutes, la réévaluation de la coopération internationale sera effectivement à l’ordre du jour.
Il est excessivement dangereux de prêter le flanc à la médisance, à la médiocrité, au clientélisme… les portes ouvertes de la désacralisation des institutions de la République. Un pas vers la balkanisation de la République démocratique du Congo.

Par Le Potentiel

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