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jeudi 29 décembre 2011

Dans une interview à Rapaport, Henry Mova Sakanyi : « Le gouvernement de la RDC est engagé dans la valorisation des pierres exportées… »

(L'Avenir Quotidien 29/12/2011) L’Ambassadeur congolais près le Benelux et l’Union Européenne, M. Henri Mova Sakanyi accordait une interview à Rapaport (un magazine de référence du diamant) sur la situation du diamant congolais et ses perspectives. C’était en marge de la remise des diplômes d’experts en diamants à 15 agents du Centre d’Evaluation, d’Expertise et de Certification des substances précieuses et semi précieuses (CEEC) à l’issue d’une formation à l’International Gemology Institute (IGI) d’Anvers (Belgique). Se prêtant aux questions de Marc Goldstein, le diplomate de la RDC a voulu faire comprendre à l’opinion que la RDC deviendra un hub du diamant mondial. Ci-dessous l’essentiel de cet entretien que nous avons tiré du site officiel de l’Ambassade de la RD Congo près le Benelux et l’Union Européenne.
Rapaport : De quand date la décision de faire appel à une source externe pour former votre personnel ?
S.E Henri Mova : « Vous n’êtes pas sans savoir que depuis les élections générales de 2006, le Congo, sous la houlette du Président de la République, S.E Mr Joseph Kabila Kabange, a amorcé au travers du programme des « 5 chantiers » sa phase de reconstruction. A cet effet, comme le Président l’a rappelé dans son discours à la Nation de 2008 « il est temps que les congolais sachent où va le bénéfice de leurs richesses minières », la mobilisation de toutes nos ressources est requise pour la réussite de cet ambitieux plan.
En notre qualité de deuxième plus grand producteur mondial de diamants industriels, la certification réelle et à sa juste valeur de cette richesse naturelle pour le bien-être de la population congolaise est donc primordiale. En outre, la période de troubles qu’a connu la RDC depuis 20 ans n’a pas permis la formation ou la remise à niveau d’experts en diamant. Il a fallut donc que, par le biais du CEEC créé en 2003 par décret du Président Kabila, l’Etat congolais possède à nouveau les capacités requises pour une meilleure certification de son diamant sur le marché mondial. Le marché du diamant étant en perpétuelle évolution, quoi de plus normal que de se tourner vers ceux qui possèdent le know how actuel afin de nous remettre à niveau ».
Pourriez-vous en quelques mots retracer ce qui a mené à une collaboration Union Européenne, Congo et IGI ?
« Le point de départ est bien la volonté du gouvernement congolais d’améliorer le recouvrement des recettes du pays provenant des recettes minières pour le bien-être de la population dont le CEEC est la plus claire émanation. Ainsi, par le biais de nos excellentes relations avec l’Union Européenne, cette dernière a parrainé via ses programmes en RDC en l’occurrence, le PAG (Programme d’appui à la gouvernance) et la COFED (coordinateur du fond Européen pour le développement) la signature de l’accord de partenariat qui a été conclu le 13 décembre 2010 entre l’IGI et le CEEC pour l’implantation d’une école de gemmologie à Kinshasa en plusieurs étapes. La formation de la vingtaine d’agents du CEEC à l’IGI n’est donc que l’une des premières étapes de ce partenariat ».
Pourquoi avez-vous choisi Anvers pour la formation et pas Mumbai, Tel Aviv ou une autre ville ressortissante du KP ?
« Inutile de vous rappeler les liens historiques qui lient nos deux pays. En effet, la Belgique est une fenêtre du Congo sur l’Europe et le monde, les belges nous connaissent mieux que quiconque et nous, congolais, les connaissons mieux que tous aussi. Nous sommes donc plus à l’aise avec des partenaires que nous connaissons. Outre cet aspect relationnel, Anvers, capitale historique du diamant depuis le 15ème siècle demeure la place forte internationale de ce minerai dont nous sommes l’un des plus grands producteurs. Nous voulons donc profiter de cette riche expérience d’Anvers pour acquérir le background nécessaire à une meilleure évaluation et gestion de notre diamant ainsi que l’établissement d’un partenariat win-win entre la RDC et la Belgique ».
Et parmi les diverses possibilités qui se sont offertes à vous, pourquoi avez-vous opté pour le International Gemological Institute (IGI), en non pour un institut de gemmologie concurrent ?
« Sans entrer dans les critères qui ont marqué ce choix, je remarque que l’IGI est l’un des plus grands laboratoires d’Anvers mais aussi une des plus grandes organisations dans le diamant mondial avec plusieurs représentations de New York à Tokyo en passant par New Dehli ou Tel Aviv. Pour mon pays qui veut peser de tout son poids dans le marché international du diamant, cette expertise internationale de l’IGI n’a-t-elle pas pesé dans la balance du choix ? »
J’ai cru comprendre, de la bouche même de représentants du Congo (et bien entendu dans la presse professionnelle) que le Congo considérait lui-même qu’il y avait des manquements et des erreurs dans les évaluations des lots qui sortaient du Congo et que c’était délétère pour l’image du Congo et pour ses finances également. J’ai cru en effet comprendre que ces erreurs consistaient la plupart du temps en sous-évaluation de la marchandise, ce qui donnait lieu à moins de taxes à percevoir. Qu’en est-il réellement d’après vous ?
« Comme je vous l’ai précédemment dit, le personnel de certification n’était pas remis à niveau depuis plus de vingt ans. Il est donc clair, le marché du diamant étant dynamique, qu’une sous-évaluation est inévitable, ce qui est fâcheux pour nos recettes fiscales. Cependant, avec la formation des agents du CEEC et le projet d’école de Gemmologie, nous avons l’espoir que cette hémorragie fiscale sera jugulée et que la population congolaise bénéficiera des fruits de sa richesse. Croyez-moi, Le Gouvernement de la RDC est pleinement engagé dans une démarche globale de valorisation des pierres exportées pour accroître ses recettes fiscales et financer sa reconstruction. Ainsi, à l’instar du diamant qui doit être obligatoirement désoxydé dorénavant avant son exportation pour un meilleur prix à l’étranger, d’autres minerais tels l’étain ou le cuivre ne peuvent plus être exportés en dessous d’un certain pourcentage de raffinage ».
Pensez-vous réellement que les 30 personnes que vous avez envoyé étudier pendant 2 mois à Anvers seront en mesure de former de nouvelles recrues sur place ? En effet, deux mois de formation, pour qui que ce soit, n’est pas vraiment sérieux sans une longue expérience, avant d’être en mesure de former quelqu’un à son tour. Quel est votre avis là-dessus ?
« Nous sommes conscients que le nombre est insignifiant par rapport à la production totale de notre pays. Cependant, j’ai personnellement discuté avec certains diplômés ainsi qu’avec la direction du CEEC, le 30 juin dernier lors de leur remise de grades à l’IGI, beaucoup ont déjà une certaine expertise dans le domaine et sont motivés et déterminés à réussir ce pari. N’est-ce pas cela la plus grande force, la volonté de réussir ? »
Le fait qu’une école soit créée en collaboration avec le IGI, vous assure-t-elle un transfert plus équitable du Know-How ?
« Les résultats seront évidemment mis en comparaison avec les années précédentes, les autres pays ou l’évolution du marché mondial. A partir de là, le CEEC et l’IGI évalueront les résultats et de commun accord, pallieront aux éventuels objectifs non atteints. Il est clair que cette collaboration permettra de créer un corps d’agents experts en diamants qui possèderont un know how essentiel à la mission qui leur est confiée de valoriser le diamant congolais ».
Il y a une remarque que vous avez faite et qui me pose question à plusieurs titres : Vous avez dit, si j’ai bien compris, qu’il était temps que le centre de gravité du monde diamantaire se déplace au Congo.
A. Pensez-vous que c’est réaliste d’un point de vue de production ? En effet, si l’on se base sur la seule production diamantaire, il me semble que des pays comme le Botswana ou l’Afrique du Sud seraient alors prioritaires en ce sens.
« En effet, de par sa position géostratégique, au centre de l’Afrique,la RDC est au milieu des lignes d’exportation du diamant et fait partie de la même région économique SADC que des grands producteurs tels l’Angola, le Botswana ou l’Afrique du Sud. Notre pays pourrait devenir le hub continental du diamant qui proviendrait de Johannesbourg, Luanda, Gaborone ou Freetown et j’en passe. Un partenariat stratégique win-win dans le cadre des relations belgo-congolaises pourrait s’établir avec Anvers à cet effet ».
B. Je comprends en tout cas le sens politique de votre remarque, que je lie bien évidemment à votre légitimé soif de bénéficiassions. Mais il me semble même qu’établir une importante industrie manufacturière au Congo ne paraît pas économiquement viable, en tout cas à l’heure actuelle.
« Pouvions-nous parler le boom du diamant en Inde ou en Chine, il y a plus de 50 ans ? C’était inconcevable ! Aujourd’hui ces deux pays ont pourtant leur place sur le marché mondial du diamant. Nous pensons que la RDC a tous les atouts économiques pour attirer les investisseurs dans le secteur du diamant : une croissance estimée en 2010 à 6,1%, un nouveau code minier des plus attractifs de l’Afrique, un nouveau code des investissements sécurisant, un contrat de gouvernance dans lequel le Gouvernement s’est engagé à faire une réforme du secteur de sécurité, de renforcer le système judiciaire, à améliorer la gouvernance économique et à lutter contre la corruption.
En outre, nous avons adhéré à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) ; ce qui constitue de sa part un effort en plus pour instaurer davantage de transparence dans le secteurs minier, l’OHADA (l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des Affaires), le MIGA (Multinational Investment Guarantee Agency) et le CIRDI(Centre International pour le Règlement des différends en matière des investissements). L’investissement comporte toujours un facteur risque pour l’investisseur mais en RDC, nous vous garantissons un risque mesuré et l’accès à un marché de plus de 60 millions d’habitants, une population jeune dont la moitié a moins de 20 ans ».
Quelle sont les perspectives d’avenir pour vous dans la relation Congo/Diamant ? Où souhaitez-vous aller dans les dix à vingt prochaines années ? Comment voyez-vous votre émancipation et votre lien avec Anvers et les autres places diamantaires évoluer ?
« Ces perspectives d’avenir sont contenues dans un document élaboré par le ministère des Mines dénommé « Vision du ministère des Mines 2010–2015 ». Les grandes lignes de cette vision globale minière tracent aussi les perspectives pour le secteur du diamant : estimation des réserves minières avec la création d’une banque de données, identification et certification des réserves pour attirer capitaux et outils de production, développer le know how des entrepreneurs congolais du domaine minier pour qu’ils négocient des contrats win-win et développer une main d’œuvre congolaise qualifiée du domaine et inciter à créer des Petites et Moyennes Entreprises minières congolaises. Les premiers actes dont la formation des agents du CEEC et la prochaine école de Gemmologie en RDC sont là pour en témoigner. La MIBA se relève avec l’implication personnelle du Président Kabila qui a consenti un financement pour la certification de ses gisements et l’acquisition de l’équipement nécessaire pour l’exploitation et la surveillance de la production. Nous pensons étapes par étapes arriver à maîtriser notre production et peser sur la marché mondial avec l’aide des principales places diamantaires mondiales dont Anvers, principalement ».
En gros, quelle est la perspective globale dans laquelle s’insère votre décision de former votre personnel ?
« Comme dit dans la réponse précédente, le plan stratégique du Ministère des Mines est clair à ce sujet : développer le know how congolais du secteur minier et créer des entreprises congolaises compétitives mondialement et capables de répondre aux exigences du marché mondial. Pourquoi la RDC ne pourrait remonter toute la chaîne de production un jour prochain, de l’extraction à la vente finale du produit de joaillerie ? Certainement, nous arriverons à ce résultat un jour mais sans précipitation inconsidérée ».

Lu pour vous par Lepetit Baende

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