"La crise autour de l'élection présidentielle a été circonscrite par les autorités, avec une répression discrète mais efficace. Et l'opposition a manqué sa chance en ne sachant pas apporter la preuve des fraudes massives qui ont eu lieu", souligne un expert de l'International Crisis Group (ICG).
Les deux scrutins se sont déroulés le 28 novembre, mais alors que Joseph Kabila a été proclamé vainqueur de la présidentielle face à l'opposant Etienne Tshisekedi, les résultats des législatives ne sont toujours pas connus.
La Commission électorale (Céni) avait même suspendu le 21 décembre la publication des résultats partiels, en attendant l'arrivée d'une équipe d'experts américains et britanniques chargés de garantir la transparence du processus. Avant de faire marche arrière mercredi et de reprendre la compilation des résultats, alors que les experts américains ne doivent pas arriver avant début janvier, selon le département d'Etat.
"Nous devons travailler ensemble pour éviter (de renouveler) la situation d'incompréhension" lors de la publication du résultat de la présidentielle, avait pourtant souligné la semaine dernière le vice-président de la Céni, Jacques Djoli.
Les habitants de Kinshasa plaisantent ou s'inquiètent ainsi d'avoir deux "présidents": Joseph Kabila, sacré par la Céni et la Cour suprême, et Etienne Tshisekedi, qui s'est autoproclamé "président élu", alors que de nombreuses irrégularités ont été constatées lors du scrutin par les missions d'observation internationales. Mais comme depuis plusieurs semaines, la police a réprimé à nouveau vendredi toute tentative de rassemblement des partisans d'Etienne Tshisekedi, les dispersant à coups de gaz lacrymogènes et contraignant l'opposant à "prêter serment" dans le jardin de sa résidence.
La communauté internationale a montré sa désapprobation avec une participation minimale lors de la cérémonie d'investiture de Joseph Kabila le 20 décembre - un seul chef d'Etat étranger, le président controversé du Zimbabwe Robert Mugabe - sans toutefois remettre en cause l'élection.
Mais la crise électorale se prolonge à travers les législatives, qui font l'objet de nombreuses contestations, bien que seuls les résultats partiels d'une quarantaine de "centres de compilation", sur 169, aient été publiés. "C'est exactement le même hold-up que pour la présidentielle", s'emporte Albert Moleka, directeur de cabinet d'Etienne Tshisekedi. "Le processus électoral a perdu toute crédibilité et la Céni aussi".
Face à ces réclamations et aux menaces de l'Union européenne de "réévaluer" son aide à la RDC si des progrès n'étaient pas réalisés, la Céni a décidé d'accepter "l'aide technique" des experts étrangers. Mais le nombre et le mandat précis de ces experts restent flous, alors que les résultats des législatives doivent être annoncés le 13 janvier et que le travail à accomplir est immense - 19.000 candidats se disputent les 500 sièges de l'Assemblée.
"C'est un peu bizarre de faire venir ces experts seulement pour les législatives. Les deux élections se sont passées le même jour, dans les mêmes bureaux de vote. On ne peut pas dissocier les deux scrutins", estime Albert Moleka. "Si les experts sont assez nombreux et qu'ils s'impliquent vraiment, on pourra sauver les résultats des législatives", juge pour sa part Thomas Luhaka, député du Mouvement de libération du Congo (MLC, premier groupe d'opposition parlementaire).
"Il va y avoir une reconfiguration de l'espace politique. Une hypothèse, c'est que certains partis de la majorité présidentielle acceptent de se joindre à nous pour former une coalition majoritaire", espère-t-il.
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