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mercredi 21 décembre 2011

Kabila investi malgré la contestation

(Le Figaro 21/12/2011)

Son principal adversaire pour la présidence du Congo, Étienne Tshisekedi, prévoit, lui aussi, de prêter serment vendredi dans un stade de Kinshasa.
Trois semaines après avoir été élu président de la République à l'issue d'un scrutin émaillé de nombreuses irrégularités, Joseph Kabila, 40 ans, a prêté serment mardi dans une capitale congolaise maintenue sous haute surveillance, après les violences de ces dernières semaines.
«Devant Dieu», le chef de l'État a promis de «sauvegarder l'unité nationale», alors que plusieurs milliers de Kinois s'étaient réunis sur l'esplanade de la Cité de l'Union africaine, où avait lieu la cérémonie d'investiture. Parmi les chefs d'État invités, seul le sulfureux président zimbabwéen, Robert Mugabe, avait fait le déplacement jusqu'à Kinshasa. Les membres de la Cour suprême de justice étaient également présents, et ils ont confirmé en audience publique leur arrêt du 16 décembre proclamant la victoire de Kabila avec 48,95 % des suffrages, devant dix autres candidats, dont l'opposant Étienne Tshisekedi (32,33 %), 79 ans, arrivé deuxième.
Rejetant les résultats du scrutin du 28 novembre, Tshisekedi s'est depuis proclamé «président élu». Il a prévu de prêter serment «devant le peuple» vendredi au stade des Martyrs de Kinshasa, autour duquel plusieurs chars de la garde républicaine sont déjà déployés. Un véritable défi lancé à Kabila, qui fait craindre de nouvelles violences entre les deux camps. Des heurts survenus en fin de campagne et pendant le scrutin ont fait au moins 18 morts, principalement à Kinshasa, selon l'ONG Human Rights Watch, qui accuse la garde républicaine.
Paris appelle au calme
Ces derniers jours, le ton est encore monté entre partisans de Kabila et de Tshisekedi. «Si on veut tuer Tshisekedi, nous aussi, nous sommes prêts à mourir», jurent des proches du «président élu», qui ont été dispersés lundi dans le quartier de Limete à coups de gaz lacrymogène par la police. «Kabila a mangé notre argent», renchérissait à l'AFP un autre de ses adversaires.
«Tshisekedi va prêter serment devant qui?», s'interrogent de leur côté nombre de pro-Kabila, persuadés que l'armée ne suivra pas l'appel du vieil opposant à désobéir à Kabila. La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a appelé les Congolais à s'abstenir de toute violence. «Nous nous appuyons beaucoup sur les institutions régionales, les Africains eux-mêmes, les voisins du Congo, pour envoyer ce message de dialogue», déclarait lundi Alain Juppé. Mardi, la France était représentée par son ambassadeur à Kinshasa. Mais, jusqu'à présent, Paris n'a pas appelé Tshisekedi à renoncer à sa prestation de serment, prévue dans un stade qui peut contenir 80.000 personnes.
Les irrégularités constatées lors du scrutin présidentiel ont également été dénoncées par des observateurs internationaux et plusieurs pays. Ce qui n'a pas empêché mardi Joseph Kabila d'encourager la Commission électorale «à conclure de façon satisfaisante et crédible le chapitre des élections législatives» couplées à la présidentielle et dont les résultats provisoires sont attendus le 13 janvier.
Héritier du pouvoir à 30 ans, après l'assassinat en 2001 de son père, Laurent-Désiré Kabila, Joseph Kabila avait opportunément fait réviser la Constitution en janvier pour faire passer la présidentielle de deux à un seul tour. Il avait été élu une première fois en 2006, promettant le retour à la paix et à la reconstruction d'un pays ruiné par deux guerres à la fin des années 1990. Mardi, Kabila a rendu hommage aux forces de sécurité qui «ont fait preuve de patriotisme avant, pendant et après le scrutin». Une mise en garde à peine voilée à ses adversaires avant vendredi, journée de tous les dangers en RDC.
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