A l’occasion de son investiture : Joseph Kabila ouvre les bras à l’opposition

(L'Avenir Quotidien 21/12/2011)

Président de tous les Congolais, Joseph Kabila Kabange promet de travailler avec tous les compatriotes qui ont la passion du Congo et veulent travailler à la modernisation du Congo parce qu’au service de la patrie, il n’y a point de camp politique. Seuls comptent pour lui, la compétence, le patriotisme et la bonne volonté. *Et ce, après avoir félicité le peuple congolais qui a été appelé à choisir entre d’une part les promesses chimériques sur fond de discours incendiaires, et d’autre part la perspective de la consolidation de la paix et la stabilité, la poursuite de la reconstruction du pays et la crédibilité du projet de sa modernisation. *Seul Robert Mugabe, président du Zimbabwe a fait le déplacement de Kinshasa ; d’autres chefs d’Etat africains invités se sont fait représenter par les Premiers ministres, le président de l’Assemblée nationale, les Ambassadeurs et chefs des missions diplomatiques et autres ministres.
Joseph Kabila Kabange a été investi président élu de la République démocratique du Congo par la Cour suprême de justice. C’était hier mardi lors de l’audience publique et solennelle de la Haute cour à l’esplanade de la Cité de l’Union africaine. Une cité qui a refusé du monde ; chacun voulant participer à un événement qui s’inscrit du reste, en lettre d’or dans l’histoire du pays.
Tout ceci s’est passé sous l’œil vigilent de Robert Mugabe, président de la République du Zimbabwe, qui n’a pas manqué de faire ce voyage afin de participer à un événement qui est le couronnement de l’alternance en Rd Congo. Et ce, en présence des Premiers ministres (Gabon, Rwanda, Tanzanie, Namibie), le président de l’Assemblée nationale (Centrafrique) ou des ministres (Congo-Brazzaville, Afrique du Sud, Angola, Burundi, Tchad, Soudan du Sud, Togo). Sans oublier les ambassadeurs du Cuba, de la Russie, de la Belgique, de la Grande Bretagne, des Etats-Unis d’Amérique, de la Chine, de la France, du Brésil et de l’Inde.
Tout juste après la lecture de l’extrait de rôle, la parole a été donnée au Procureur général de la République pour ses réquisitoires. Celui-ci a rappelé l’historique en ce qui concerne l’organisation des élections en Rd Congo et le contentieux qui s’en est suivi, avant de demander à la Cour de recevoir le serment de Joseph Kabila. Conformément à l’article 74 de la Constitution, Joseph Kabila a fait le serment devant la Cour suprême de justice (CSJ) qui a confirmé en audience publique son arrêt du 16 décembre proclamant sa victoire avec 48,95% des suffrages, devant dix autres candidats, dont l’opposant Etienne Tshisekedi (32,33%), 79 ans, arrivé deuxième. Et c’est par la suite qu’il a reçu les symboles du pouvoir de l’Etat et de toutes les autorités coutumières du pays ponctués par 21 coups de canon.
Président de tous les Congolais
Disons que c’est sur le terrain de l’ouverture politique que Joseph Kabila était attendu par plusieurs observateurs. Heureusement, il s’est montré ouvert à tous et n’a pas attribué sa victoire à un camp déterminé ou à une plate-forme politique quelconque. Président de tous les Congolais, Joseph Kabila Kabange a indiqué qu’il reste fidèle à son esprit d’ouverture traditionnelle. « Je suis convaincu qu’ensemble, déterminé et motivé, nous ne pouvons que relever le défi de l’émergence de notre pays. Je travaillerai donc avec tous les compatriotes qui ont la passion du Congo et veulent travailler à la modernisation du Congo parce qu’au service de la patrie, il n’y a point de camp politique. Seuls comptent la compétence, le patriotisme et la bonne volonté », indique-t-il.
Cette détermination du chef de l’Etat est de nature à donner un message en la direction de tous ceux qui doutaient encore de sa volonté de travailler avec tous les Congolais. Voilà une occasion indiquée qui est offerte à l’opposition, surtout en la direction de ceux qui se sont autoproclamés président de la République ou qui attendent des négociations politiques. Car en effet, s’il y avait négociations, elles doivent se dérouler dans un cadre bien précis, dont Joseph Kabila serait la personne habileté pour donner l’impulsion. C’est ici que certains pensent que le chef de l’Etat penchera vers un Gouvernement d’union nationale, si et seulement si on veut sauvegarder cette paix chèrement acquise.
Même si les seules paroles ne suffisent pas, le peuple voudrait voir Joseph Kabila concrétiser cette promesse qui a pour nature d’apaiser les uns et les autres et de promouvoir une opposition réellement républicaine en Rd Congo. Dans un discours devant toutes les têtes couronnées du pays et d’ailleurs, Joseph Kabila qui s’est succédé à lui-même a indiqué que ce moment privilégié marque la fin de l’histoire dans notre pays où l’alternance au pouvoir ne répondait à aucune norme démocratique et que le financement des élections était réalisé par la Communauté internationale. Pour la première fois, un mandat se termine sans une crise institutionnelle majeure.
L’éducation, l’agriculture et les mines
Dans son discours, le chef de l’Etat a rappelé son projet de société intitulé : « La révolution de la modernité » qui vise à faire de la Rd Congo un pool de l’intelligence et du savoir-faire ; un grainier agricole, une puissance énergétique avec un objectif ultime l’émergence du pays. Dans cette optique, en plus d’une gestion rigoureuse des finances publiques, Joseph Kabila compte poursuivre avec l’amélioration du climat des affaires. Il promet aussi de poursuivre avec la construction des infrastructures, car sans celles-ci, la lutte contre la pauvreté est vouée à l’échec. Dans son quinquennat, une attention particulière sera accordée à la réforme du secteur foncier pour non seulement limiter le nombre de conflits, mais faciliter l’accès au secteur bancaire. Parallèlement aux infrastructures, Joseph Kabila va s’investir dans l’amélioration de la vie sociale des Congolais. Ainsi, l’accent sera mis dans la création des emplois, l’amélioration de la couverture sanitaire du pays. Dans ces conditions, la construction des centrales hydroélectriques à vocation provinciale et interprovinciale sera poursuivie, ainsi que la construction des usines de traitement d’eau dans toutes les villes.
En ce qui concerne le secteur de l’éducation, il compte réduire le taux d’analphabétisme, rendre efficace la gratuité de l’Enseignement primaire, rendre disponible les bourses pour le secondaire et l’université. Bref, Kabila vise l’amélioration du taux de scolarisation. Mais au-delà de ces promesses, la question sera de savoir si le Kabila du deuxième et dernier mandat pourra rompre avec les pratiques du passé, lourdement marquées par la corruption. Pour ce faire, il affirme que la complaisance, la corruption et l’impunité sont à bannir. Il s’agit donc d’un camouflet à la politique de « Tolérance zéro » qui n’a pas du tout produit des résultats dont le peuple avait énormément besoin. Cette remise en question conduira le chef de l’Etat à s’entourer d’une équipe motivée qui lui permettra d’aller de l’avant.
Dans le secteur agricole, l’accent sera mis sur l’autosuffisance alimentaire. Ainsi, une approche pragmatique sera mise en jeu en vue d’une consommation essentiellement congolaise. De même, des efforts seront déployés pour retrouver nos parts du marché. Le pays devra alors retrouver sa part parmi les grands producteurs et exportateurs du café, du cacao, de l’hévéa et de l’huile de palme.
Au sujet du secteur minier, il devra être soumis à des réformes pour le rendre plus efficace et pour qu’il contribue réellement à l’amélioration des conditions de la population. Pour ce faire, le pays va s’investir dans la révision de certaines dispositions portant Code minier et l’interdiction d’exportation des minerais bruts. Du côté des hydrocarbures, il sera non seulement question de la prospection et de la recherche, mais aussi de l’exploitation. Dans tout ceci, l’objectif que se fixe la Rd Congo est de doter le pays d’un plan général d’industrialisation pour la promotion des PME. Toujours dans le cadre de l’évolution de la modernité, la fonction publique devra se mettre en cause. D’autant que le destin du pays n’est pas d’être dans la périphérie, mais au centre du monde où se nouent et se dénouent les grands enjeux.
Etant donné qu’aucun pays ne peut exister en autarcie ou faire face seul aux défis d’un monde en constante mutation, Joseph Kabila compte activer la présence de la Rd Congo dans les Organisations internationales où la Rd Congo est membre. La diplomatie sera donc réorganisée pour en faire la vitrine d’un Congo qui gagne et qui rassure. Comme on vient de le constater, il s’agit d’un ambitieux projet qui touche à tous les domaines de la vie nationale et dont l’exécution s’inscrit dans la durée et exige des efforts de tous.
Pour une action urgente
Lors de la campagne électorale et au cours de ses missions d’itinérance réalisées dans toutes les provinces du pays, Joseph Kabila a rencontré la plupart des Congolais et il en a mesuré le degré de satisfaction que des attentes. Ainsi, la population lui reconnait le mérite d’avoir rétabli la paix, d’avoir réunifié le pays, d’avoir instauré la démocratie, d’avoir instauré un Etat de droit, la stabilité du cadre macro-économique, l’annulation d’une partie substantielle de la dette publique extérieure, l’amorce de la reconstruction. « Ces acquis seront préservés et consolidés », rassure-t-il, avant d’appeler à une action urgente pour que les retombées de toutes ces actions soient constatées au niveau du social du vécu quotidien de la population.
Soulignons par ailleurs qu’avant toute chose, la parole a été accordée aux hommes de Dieu représentant plusieurs confessions religieuses, de consacrer le pays, son chef et le peuple entre les mains du Créateur. Ils ont tour à tour rappelé que « si le Seigneur ne bénit pas la ville, c’est en vain que travaillent les bâtisseurs ». Ils ont aussi sollicité l’aide du Seigneur pour qu’il inspire le chef de l’Etat à se choisir des patriotes qui l’appuieront dans son travail. La cérémonie s’est clôturée après un grand défilé militaire.

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