(France 24 19/11/2011) À la tête de la République démocratique du Congo depuis 2001, Joseph Kabila briguera un nouveau mandat lors de l'élection présidentielle du 28 novembre. L'occasion de dresser le bilan de ses cinq dernières années au pouvoir.
À quelques jours des élections présidentielle et législatives du 28 novembre en République démocratique du Congo (RDC), les chances de réélection du président Joseph Kabila, candidat à sa propre succession, se font de plus en plus réelles. Parachuté à la tête du pays en 2001 après l’assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila, président depuis 1997, l’actuel chef de l’État congolais, aujourd’hui âgé de 40 ans, s’est dit assuré de prolonger son premier mandat acquis lors de la présidentielle de 2006. Cinq années plus tard, son bilan est pourtant mitigé.
En 2006, alors qu’il était candidat à la magistrature suprême, Kabila avait mis l’accent, sur cinq chantiers majeurs auxquels il comptait s’attaquer : les infrastructures, l’eau et l’électricité, la santé et l’éducation, l’habitat, et l’emploi. Des secteurs primordiaux pour un pays dont le développement est au point mort.
La RDC pointe à la dernière place du classement de l’indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Le pays se positionne également au 178e rang mondial sur 183 du rapport Doing Business, mesurant la facilité à faire des affaires, effectué par la Banque mondiale. Retour sur les principales mesures qui ont marqué le quinquennat de Joseph Kabila.
•L’atteinte du point d’achèvement de l'Initiative des pays pauvres très endettés (PPTE). Négocié par le gouvernement Kabila, ce programme a permis, en juin 2010, d’effacer à hauteur de 12,3 milliards de dollars la dette de la RDC. Lancé conjointement par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, le PPTE vise à alléger les dettes, considérées comme insoutenables, des pays les plus pauvres du monde.
•Les accords de coopération sino-congolais de septembre 2007. En échange de ressources naturelles, la Chine s'engage à construire des infrastructures qui manquent cruellement à la RDC (routes, écoles, hôpitaux, etc.). Ce renforcement de la coopération entre les deux pays entre dans le cadre du programme des cinq chantiers prioritaires fixés par Joseph Kabila lors de la campagne pour la présidentielle de 2006. Un accord dont l’opacité est critiquée en 2011 par l’ONG britannique Global Witness. Portant initialement sur 9 milliards de dollars, il a été revu à la baisse à 6 milliards de dollars et les emplois qu’il devait engendrer n’ont jamais véritablement profité aux Congolais.
•La promulgation d’une loi sur la décentralisation, qui entérine, en août 2008, la création de 26 provinces dotées d’une large autonomie politique, juridique et financière, dans le cadre du processus de décentralisation engagé en 2006. Les 26 nouvelles provinces conservent 40 % des recettes qu’elles génèrent. Un bilan, là encore, mitigé. Ces processus rencontrent, selon l’OCDE, des difficultés importantes. Sur les 12 lois nécessaires pour rendre la décentralisation effective, cinq seulement avaient été adoptées en juillet 2011, et le délai accordé par la Constitution pour créer les 26 provinces est déjà dépassé. De plus, la retenue à la source des 40 % de recettes aux provinces peine à se mettre en place.
•"Revisitation" des contrats miniers. Le gouvernement congolais décide, en avril 2007, de mettre en place une commission chargée de "revisiter" les contrats miniers, réputés pour leur manque de transparence, signés entre le pays et plusieurs investisseurs tant nationaux qu'étrangers. Conclusion : sur 57 contrats, 37 sont à renégocier, les autres sont à résilier. Selon le gouvernement, le point fort de cette mesure est d’avoir permis aux entreprises publiques de voir leurs parts sociales augmenter.
À cela, il faut ajouter une multiplication des partenariats avec les pays émergents, notamment la Chine, l’Inde, la Corée du Sud et le Brésil.
Pour ce qui est des cinq chantiers, force est de constater que seul celui des infrastructures semble avoir évolué. Toutefois, malgré des efforts effectués dans le sens de la réhabilitation du réseau routier, notamment ces deux dernières années, la situation des infrastructures reste insatisfaisante.
Selon François Ndengwe, directeur de l’entreprise African Advisory Board, dédiée au développement économique et stratégique de l’Afrique, la stagnation du pays en termes économiques est évidente : "le Congo ne bénéficie aucunement des ressources de son sol". Il dénonce un système de "co-corruption", exercée par les régimes occidentaux sur les dirigeants à Kinshasa, et vice-versa. François Ndengwe pointe également une politique de l’emploi inexistante et une absence de statistiques fiables sur le chômage.
Dans ses discours de campagne, le président-candidat apparaît sûr de sa réélection, conforté dans sa position par une opposition divisée. Ses chances sont accrues par une réforme électorale qui, en janvier 2011, a fait de la présidentielle congolaise un scrutin à un seul tour. Les chantiers colossaux entrepris ces dernières années et loin d’être achevés sont eux, plus que jamais, au centre des discussions politiques.
Par Charlotte OBERTI (texte)
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