Les deux favoris à l'élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), le président sortant Joseph Kabila et l'opposant Etienne Tshisekedi se sont déclarés "satisfaits" et "confiants" sur le déroulement du scrutin d'hier. Pourtant, de nombreuses violences, des irrégularités et des fraudes ont fortement entaché la crédibilité de ces élections. Une situation qui contente toutefois les deux principaux candidats, persuadés d'avoir gagné les élections. Trois autres candidats (Kengo, Mbusa et Bombole) demandent l'invalidation du vote.
Au lendemain des élections chaotiques de lundi, marquées par de nombreux incidents, les opérations de dépouillement se sont poursuivies mardi en République démocratique du Congo (RDC). Difficile de lister tous les problèmes logistiques survenus le jour du vote, mais le simple fait que certains bureaux de vote soient restés ouverts ce mardi, 1 jour après la clôture du scrutin, démontre l'étendu des dysfonctionnements. Voici sommairement les différents problèmes rencontrés le jour du vote par la mission d'observation conjointe AETA (Agir pour les Elections Transparentes et apaisées) EurAc (Réseau Européen pour l'Afrique Centrale) :
- Le dysfonctionnement du système avec l'ouverture tardive de quelques bureaux de vote dont certains ne l'ont été qu'entre 11h et 13h ;
- L'absence totale ou partielle du matériel électorale dans nombre de bureaux de vote particulièrement les bulletins de vote et des isoloirs ;
- La non prise en compte de nombreux électeurs omis de la liste électorale mais ayant leurs cartes d'électeurs et, ce, malgré la décision de la Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI, de faire voter cette catégorie d'électeur sur la liste des dérogés, ce qui provoque la désorientation, le découragement et la nervosité des nombreux électeurs ;
- La création précipité d'extensions des bureaux dont certains non connus par les électeurs et/ou nécessitant des déplacements parfois longs ;
- La non sécurisation du matériel électoral, faisant que des bulletins de vote, cochés ou non, se trouvent, en dehors des bureaux de vote, entre les mains des tiers ;
- Les cas constatés de disfonctionnement ont créé des tensions qui ont mis certains observateurs nationaux et internationaux en insécurité...
Sans surprise, dans le camp présidentiel, on minimise les incidents. On parle de "couacs", de "fausses notes", de "défaillances", mais pas de quoi remettre en cause le scrutin pour la Majorité présidentielle de Joseph Kabila. Il faut dire que le président sortant partait arithmétiquement favori dans ce scrutin à un seul tour, avec 10 autres candidats d'opposition face à sa candidature. Il aurait également été difficile pour lui de contester une élection qu'il avait lui-même organisé.
Mais la "non-contestation" du scrutin par Etienne Tshisekedi est plus étonnante. L'UDPS avait en effet fait campagne sur les risques de fraudes massives pendant le vote et sur les nombreuses irrégularités dans l'enregistrement des électeurs. Le désordre et le chaos de lundi pouvaient leur donner d'excellentes raisons pour rejeter en bloc le vote. Mais visiblement, le patron de l'UDPS semble se satisfaire de ces "incidents" et a promis de "respecter les résultats des urnes". La raison est très simple : si le 5 décembre, la CENI le déclare vainqueur du scrutin, il vaut mieux ne pas avoir contesté ce même scrutin quelques jours auparavant... Une déclaration qui nous fait penser qu'Etienne Tshisekedi paraît très sûr de lui sur l'issue du vote. Un proche de Tshisekedi a confié à RFI : « même s’il y a eu énormément d’irrégularités, nous n’allons pas demander l’annulation du vote parce que nous savons que les résultats nous sont favorables ».
Autre son de cloche pour Vital Kamerhe, Léon Kengo, Antipas Mbusa et Adam Bombole. Ces candidats estiment "qu'en 2006, le scrutin était beaucoup plus crédible". Ils demandent donc "l'invalidation" des deux votes, présidentiel et législatif et dénoncent des "manquements et des irrégularités" : l'existence de bureaux de vote "fictifs" ou la découverte de bulletins de vote "parallèles, pré-remplis ou vierges au profit" du candidat Joseph Kabila... A la différence d'Etienne Tshisekedi, ces candidats avaient peu de chance d'arriver en tête du scrutin... ce qui sera peut-être le cas du candidat de l'UDPS. Mais attention, le dépouillement n'est pas terminé et aucune indication claire n'a encore filtré des bureaux de vote.
Christophe RIGAUD
Plus d'infos sur afrikarabia2.blogs.courrierinternational.com
Au lendemain des élections chaotiques de lundi, marquées par de nombreux incidents, les opérations de dépouillement se sont poursuivies mardi en République démocratique du Congo (RDC). Difficile de lister tous les problèmes logistiques survenus le jour du vote, mais le simple fait que certains bureaux de vote soient restés ouverts ce mardi, 1 jour après la clôture du scrutin, démontre l'étendu des dysfonctionnements. Voici sommairement les différents problèmes rencontrés le jour du vote par la mission d'observation conjointe AETA (Agir pour les Elections Transparentes et apaisées) EurAc (Réseau Européen pour l'Afrique Centrale) :
- Le dysfonctionnement du système avec l'ouverture tardive de quelques bureaux de vote dont certains ne l'ont été qu'entre 11h et 13h ;
- L'absence totale ou partielle du matériel électorale dans nombre de bureaux de vote particulièrement les bulletins de vote et des isoloirs ;
- La non prise en compte de nombreux électeurs omis de la liste électorale mais ayant leurs cartes d'électeurs et, ce, malgré la décision de la Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI, de faire voter cette catégorie d'électeur sur la liste des dérogés, ce qui provoque la désorientation, le découragement et la nervosité des nombreux électeurs ;
- La création précipité d'extensions des bureaux dont certains non connus par les électeurs et/ou nécessitant des déplacements parfois longs ;
- La non sécurisation du matériel électoral, faisant que des bulletins de vote, cochés ou non, se trouvent, en dehors des bureaux de vote, entre les mains des tiers ;
- Les cas constatés de disfonctionnement ont créé des tensions qui ont mis certains observateurs nationaux et internationaux en insécurité...
Sans surprise, dans le camp présidentiel, on minimise les incidents. On parle de "couacs", de "fausses notes", de "défaillances", mais pas de quoi remettre en cause le scrutin pour la Majorité présidentielle de Joseph Kabila. Il faut dire que le président sortant partait arithmétiquement favori dans ce scrutin à un seul tour, avec 10 autres candidats d'opposition face à sa candidature. Il aurait également été difficile pour lui de contester une élection qu'il avait lui-même organisé.
Mais la "non-contestation" du scrutin par Etienne Tshisekedi est plus étonnante. L'UDPS avait en effet fait campagne sur les risques de fraudes massives pendant le vote et sur les nombreuses irrégularités dans l'enregistrement des électeurs. Le désordre et le chaos de lundi pouvaient leur donner d'excellentes raisons pour rejeter en bloc le vote. Mais visiblement, le patron de l'UDPS semble se satisfaire de ces "incidents" et a promis de "respecter les résultats des urnes". La raison est très simple : si le 5 décembre, la CENI le déclare vainqueur du scrutin, il vaut mieux ne pas avoir contesté ce même scrutin quelques jours auparavant... Une déclaration qui nous fait penser qu'Etienne Tshisekedi paraît très sûr de lui sur l'issue du vote. Un proche de Tshisekedi a confié à RFI : « même s’il y a eu énormément d’irrégularités, nous n’allons pas demander l’annulation du vote parce que nous savons que les résultats nous sont favorables ».
Autre son de cloche pour Vital Kamerhe, Léon Kengo, Antipas Mbusa et Adam Bombole. Ces candidats estiment "qu'en 2006, le scrutin était beaucoup plus crédible". Ils demandent donc "l'invalidation" des deux votes, présidentiel et législatif et dénoncent des "manquements et des irrégularités" : l'existence de bureaux de vote "fictifs" ou la découverte de bulletins de vote "parallèles, pré-remplis ou vierges au profit" du candidat Joseph Kabila... A la différence d'Etienne Tshisekedi, ces candidats avaient peu de chance d'arriver en tête du scrutin... ce qui sera peut-être le cas du candidat de l'UDPS. Mais attention, le dépouillement n'est pas terminé et aucune indication claire n'a encore filtré des bureaux de vote.
Christophe RIGAUD
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