Vital Kamerhe, votre rendez-vous avec Etienne Tshisekedi, pourtant annoncé par les medias n’a pas eu lieu finalement. Diverses interpellations ont été entendues. Pour- quoi ce rendez-vous n’a- t-il pas eu lieu ?
Merci beaucoup pour l’opportunité que vous m’offrez. Nous avons convenu Tshisekedi et moi de ne pas communiquer sur ce rendez-vous manqué, parce que chacun de nous ayant compris les raisons qui avaient été avancées pour le report de ce rendez-vous. Ce n’est pas un rendez-vous manqué, mais c’est un rendez-vous reporté. Mais, quand je suis rentré à Kinshasa, j’ai trouvé une mise au point du professeur Loseke. J’ai demandé à Me Mayo, qui est le porte- parole de l’UNC d’élaborer le communiqué de l’UNC à cet effet. Mais, je me rends compte que la rumeur et la spéculation vont dans tous les sens. Et l’absence de communication risque d’être préjudiciable à l’entente qui existe déjà entre le président Tshisekedi et moi, entre les grands leaders de ce pays qui sont dans l’opposition. C’est pourquoi, j’accepte aujourd’hui de parler à travers votre grand journal. Etant donné que vous avez toujours traduit dans l’objectivité les propos et les déclarations parvenus à votre journal.
Si vous pouvez avancer les raisons du report?
A la veille de mon voyage pour Addis-Abeba où nous avions une réunion de la classe politique congolaise pour évoquer les questions liées au processus électoral dans notre pays, j’avais dit au professeur Loseke, puisque c’est lui qui m’avait contacté, que j’étais d’accord pour rencontrer le président Etienne Tshisekedi, mon aîné. Je ne pouvais pas me rebiffer, surtout avec ma politique de la main tendue. Ils m’ont proposé de venir à Bruxelles quelques jours après. J’ai leur dit qu’il n’était pas possible, puisque je séjournais encore à Addis-Abeba.
Ils m’ont proposé le Canada, je leur ai dit que là c’était probable. Mais, avant tout, je devrais remplir mon agenda. Je devrais répondre à l’invitation du Département d’Etat américain. Je devrais également boucler deux rendez-vous d’avec deux chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest avant de poursuivre mon périple vers Washington.
Cependant, j’avais demandé qu’on me donne tout le programme du président Etienne Tshisekedi pour comparer si nos agendas ne vont pas se croiser quelque part.
Comment vous vous-êtes finalement convenus?
Ils m’ont fait remarquer qu’après Canada, le président Tshisekedi va faire Washington. Et moi, mon agenda avait prévu que j’arrive à Washington le 3 octobre. Je devrais y rester du 3 au 7 octobre. Malheureusement, j’y suis arrivé le 5. Tshisekedi était encore à Washington.
Il se fait que le jour où j’arrive dans la Capitale américaine, le président Tshisekedi se rendait à Raleigh dans l’Etat de Californie du Nord. Il m’a été dit à travers mon émissaire, puisque nous travaillons déjà sur ce que nous devons faire ensemble, le président Etienne Tshisekedi a compris le contretemps intervenu.
Et vous, avez-vous mis ainsi fin à toutes les négociations pour une candidature commune de l’opposition?
Le président Tshisekedi a proposé que nous puissions nous rencontrer à son retour au pays à l’Est du Congo. J’ai salué sa proposition. J’avais trouvé cela excellent. S’il y a accord, que nous puissions le conclure devant le peuple congolais en lui réservant la primeur. Et ça sera historique.
Donc, les négociations ne sont jamais arrêtées?
Pour moi, nous devons nous rencontrer encore avec le président Etienne Tshisekedi. J’ai appris à travers la rumeur que j’étais attendu à Bruxelles, à Paris… alors que je n’avais pas reçu une invitation en ce sens. Même si cela était le cas, je suis quand même président d’un parti politique. J’ai tout mon parti à gérer. Nous nous approchons des échéances électorales et le temps n’est pas toujours avec nous. Nous devons le gérer de manière à ne pas perdre une seule minute. Je crois que l’essentiel, ce que du côté du président Tshisekedi et de mon côté nous soyons prêts pour ce rendez-vous. Un autre élément qui a fait que je puisse retarder mon arrivée à Washington, c’était de vouloir d’abord comprendre ce qui s’est passé à Goma, Uvira, Bukavu avec la descente sur le terrain du conseiller politique du président Tshisekedi, monsieur Mubake.
Qu’avez-vous voulu comprendre?
Vous savez qu’au même moment où son président m’invite, puisque, ce n’est pas moi qui avait demandé d’y aller, j’avais exprimé ma demande en ce sens depuis très longtemps. Le président. Tshisekedi est venu saisir cette demande après. Je n’ai pas compris que le président Tshisekedi m’invite pour signer un accord avec lui, pendant qu’il envoie au même moment son conseiller pour m’insulter d’abord à Goma, puis à Bukavu et s’en prendre à mon parti comme si nous étions détenteur du pouvoir. Si le fédéral du Sud-Kivu a dû réagir, c’est parce qu’il en avait marre. Je n’ai pas compris comment mon propre frère, pouvait-il se permettre de m’insulter dans les médias et partout où il est passé. J’ai voulu comprendre comment Mubake peut-il descendre chez nous et se tromper d’adversaire. Je me suis dit ce n’est pas une stratégie de «talk and fight». On tente de vous approcher et en même temps on vous combat. Cela a provoqué des inquiétudes dans la population.
A cinq jours de la campagne, c’est encore possible?
C’est possible. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Je pense que l’opposition ne doit pas avoir une seule stratégie. Nous devons en avoir plusieurs. Je crois qu’à chaque temps correspond une stratégie appropriée. Est-ce-que en ce moment où nous sommes à deux jours de la campagne électorale, on peut encore avoir un temps pour des négociations qui peuvent aboutir à une candidature commune? Moi je doute. Mais, on peut avoir du temps pour constituer une plate-forme commune comme l’a proposé Delly Sesanga. J’ai aussi déjà souligné cela, quand je parlai de ma théorie sur les trois piliers sur lesquels devraient se bâtir le rassemblement de l’opposition.
Pouvez-vous rappelez ces trois piliers ?
Le premier pilier était le programme préélectoral commun. Nous devrions être unis comme un seul homme pour lier les cinq doigts de la main, n’oubliez pas que je suis le n°5 pour combattre la tricherie sous toutes ses formes. Il n’y a aucun parti qui peut réunir 124.000 témoins. Donc, nous pouvons nous mettre ensemble pour que chacun dans son fief où il est fort puisse déléguer ses témoins afin que nous mettions en place un centre de compilation pour suivre les résultats.
Si vous vous ne mettez pas ensemble, il ne vous reste plus qu’accepter la médiation que vous offre Joseph Kabila?
Quand on est joueur dans une compétition et que tout de suite on dit qu’on devient arbitre, ce que on a renoncé au jeu. Le président Kabila doit être clair. Il ne peut pas être à la fois joueur, entrain de compétir avec nous, et en même temps médiateur. Ça s’appelle la tricherie. Il va marquer les buts même théoriquement quand il le voudra. Nous n’avons pas besoin de Joseph Kabila. Nous sommes unis parce que nous prônons tous l’alternance, ensemble nous avons fustigé le bilan négatif de Kabila, nous sommes unis parce que notre peuple attend de nous un sursaut patriotique, nous sommes unis parce que, et les militaires, et les fonctionnaires, et les policiers et tous les opprimés savent désormais que leur espoir il faut aller le chercher du côté de l’opposition.
Pour vous la médiation de Kabila n’a aucun effet ?
Le président Joseph Kabila n’a qu’à préparer les explications comme il l’a dit vis-à-vis du peuple pour défendre son bilan de cinq chantiers qui ne se limitent qu’au boulevard du 30 juin et qui coûtera au finish 200 millions des dollars sous prétexte de travaux qui se poursuivent jusqu’à Kintambo. Qu’il explique aux Congolais, comment les travaux de l’échanger peuvent coûter 120 millions. Quand j’avais dit que je n’étais pas au courant de l’entrée des troupes rwandaises au Congo, on m’avait demandé de démissionner. Maintenant que le chef de l’Etat a déclaré qu’il a appris l’arrivée des troupes américaines à Kisangani via Internet, imaginez quelles conséquences pouvons-nous en tirer. La médiation de Kabila, nous n’en avons pas besoin. D’ailleurs, nous nous apprêtons à publier une déclaration commune sur les élections. Nous ne voulons pas de la tricherie.
Vous ne craignez pas l’émiettement des voix?
Si chacun à une portion de territoire congolais, qu’il consolide.
Par exemple, moi je prends l’Est et le Nord du Katanga, le président Tshisekedi le Centre et la grande partie du Katanga, il prend une partie de Kinshasa, Jean- Pierre Bemba va donner un mot d’ordre pour que l’on ne vote pas Joseph Kabila. Tous ceux qui sont en prison, Mokia, Kutino et d’autres donneront un mot d’ordre de voter contre Kabila, puisque le retour de ce dernier, c’est la misère. Personne ne peut douter du leadership de Né Mwanda Semi dans le Bas-Congo. Il a aussi une bonne partie de Kinshasa. Le patriarchie Gizenga a demandé tardivement à sa base de voter pour Joseph Kabila. Ceux qui sont partis avec la mission d’explication ont échoué. La base de Bandundu et celle de Masina ont dit non à Joseph Kabila.
Voilà pourquoi je dis, l’adversaire de Tshisekedi, ce n’est pas Kamerhe ; Kamerhe non plus n’est pas l’adversaire de Tshisekedi. Ne nous trompons pas d’adversaire. Notre adversaire, c’est Kabila. Nous devons signer le pacte de non agression.
Ce pacte de non agression, c’est avec l’ensemble de l’opposition ou seulement avec l’UDPS?
Chaque leader doit communiquer pour dire à ses militants qu’à partir d’aujourd’hui, ne vous trompez plus d’adversaires. Nous ne devons plus nous attaquer à l’opposition. Seul candidat à attaquer, c’est Joseph Kabila sur son bilan et ses idées largement négatifs. Les Congolais ne se sont jamais mal portés comme c’est le cas aujourd’hui.
Lors de son point de presse, Kabila s’est vanté de quelques réalisations. II estime que le peuple va lui renouveler sa confiance?
Je soutiens totalement la réaction de l’UDPS et ses alliées. Je vous devrais dire que nous sommes à l’écoute du peuple, de la population congolaise. Le point de presse du président Joseph Kabila a fait rire, puisque au moment où il parlait beaucoup de gens n’ont pas suivi parce que certains étaient soit allé chercher de l’eau, d’autres n’avaient pas du courant, d’autres encore n’ont pas suivi parce que leurs enfants venaient d’être chasser pour n’avoir pas payé les fameux «frais des parents à l’école», des militaires étaient entrés de déranger la population parce qu’ils n’ont pas été payés pendant deux mois, les policiers se demandaient comment vont-ils vivre pendant ces élections… Nous sommes entrain de nous poser la question si le président de la République ne se moque-t-il pas de nous? Quand il confirme que les magistrats ont 1.600 dollars. Vous aussi journalistes, vous avez également eu votre réponse. Vos 2 millions le chef de l’Etat ne sait pas non plus si vous les avez reçus. Ç’a été utilisé ailleurs, a-t-il rapporté. Finalement qui dirige ce pays? Ce qui m’a choqué le plus, c’est d’entendre le chef de l’Etat dire qu’il n’était pas informé de l’arrivée des troupes américaines, alors qu’à la signature de la décision, nous avons vu l’ambassadeur du Congo aux côtés du président Obama. Le président de la République devrait avoir le courage de dire à la nation, qu’il avait promis de ne pas poursuivre Bosco Ntaganda. Le chef devrait avoir l’honnêteté d’expliquer le sens de l’accord signé avec le CNDP. Que de laisser la nation dans le flou. Quand ils avaient signé cet accord j’avais prévenu le président de la République.
Vous commencez votre campagne à partir d’où?
C’est top secret. Je ne veux pas dévoiler par où je dois commencer ma campagne. Je comptais me rendre le 29 octobre à Bukavu pour commémorer la mort de Mgr Muzihirwa, je suis entrain de penser si je ne dois pas envoyer mes représentants. Je pensais aussi débuter ma campagne dans les deux Kasaï ou encore par Kisangani. Mais finalement, j’ai résolu d garder encore secret le lieu du début de ma campagne.
Pourquoi vous ne serez pas ce Kamerhe qui accepte le ralliement sans parler de ticket en se disant que je suis celui qui va constituer la deuxième force pour prendre la primature?
S’il ne s’agissait que de moi, cela pouvait se discuter. Mais, vous savez que derrière moi, il y a toute une base. Il y a d’abord un parti politique l’UNC et une plateforme ensuite, AVK. C’est comme si on demandait à Tshisekedi de se rallier derrière un candidat sans autre forme de procès. Ça pourrait aussi signer sa mort politique. Si je me ralliai à lui, et que Joseph Kabila dise à la population que voilà, Kamerhe se ranger derrière Tshisekedi pour devenir Premier ministre, n’est-ce pas que la population prendra acte et votera pour Kabila. Et je serai considéré comme un petit vagabond politique.
H.M. MUKEBAYI NKOSO
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