Qu’est-ce qu’il veut à la fin, Etienne Tshisekedi Wa Mulumba ? Pas plus tard que le dimanche 6 novembre 2011, alors que la campagne pour l’élection présidentielle congolaise du 28 novembre prochain était déjà surchauffée, il y a ajouté du soufre en déclarant depuis l’Afrique du Sud que parce qu’on le sait majoritaire dans le pays, on pouvait le considérer dès à présent, avant même le scrutin, comme le chef de l’Etat. Résultat des courses : la suspension pour une semaine de « RLTV », acquise à sa cause et coupable d’avoir permis au vieux lion du Kasaï-Oriental de s’autoproclamer.La levée de boucliers consécutive à cette sortie hasardeuse ne s’était pas encore estompée que le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) remettait le couvert, cette fois à Kisangani, où il tenait vendredi son premier meeting, en demandant à ses partisans de "casser les portes des prisons" et de s’en prendre aux forces de sécurité afin de libérer ses militants incarcérés et, pourquoi pas, la République démocratique du Congo (RDC) tout entière des serres de Joseph Kabila.
Et croyez le premier diplômé en droit de son pays qu’il est, il ne s’agit point d’un appel à la violence comme l’en accusent ses adversaires, mais plutôt à la "légitime défense". En guise donc de joutes électorales, le candidat tourne à plein régime au rythme d’une bourde par semaine et on piaffe d’impatience de connaître le numéro suivant.
Plus sérieusement, on se demande ce qui peut bien pousser le quasi-octogénaire à de telles dérives et quelles sont ses motivations réelles. On l’avait certes connu pugnace et déterminé, mais qu’il sombre dans la provocation quotidienne, il y a comme une sorte de dépit de celui qui fut deux fois Premier ministre et qui, au crépuscule de son parcours politique et terrrestre, se désole de n’avoir pu, nonobstant ses multiples sacrifices, gravir la plus haute marche du podium républicain.
Une amertume d’autant plus compréhensible que dans cette démocrature qu’est la RDC l’élection est jouée d’avance, le système verrouillé de « Mobutu light », ainsi que l’a méchamment surnommé Jeune Afrique, ne laissant planer aucun doute sur son issue. Et à presque quatre-vingts ans (il est né en 1932), ce devrait être la dernière chance de l’opposant historique qui aura, pour ainsi dire, tiré les marrons du feu, puisqu’il se sera battu, parfois avec l’énergie du désespoir, pour l’instauration d’une démocratie vraie.
Mais voilà que des imposteurs sont venus rafler la mise à coups de canon, qui ne sont pas près de lâcher prise. Mais avec l’âge et l’expérience qui sont les siens, il doit être bien payé pour savoir que ce ne sont pas les plus méritants ou les plus compétents, encore moins les plus vertueux, qui parviennent au sommet.
Pour tout dire, il y a une part d’irresponsabilité dans les dérapages,verbaux, contrôlés ou pas, de papy Tshisekedi qui perd les pédales ; à moins que, n’ayant plus rien à espérer de la présidentielle, le natif de Kananga se soit découvert sur le tard une vocation de martyr en voulant pousser le tyranneau de Kinshasa et ses sbires à la faute. C’est cependant un jeu dangereux, et il pourrait y laisser des plumes.
Passe encore qu’il s’amuse avec le feu, mais de là à entraîner dans son aventure de jeunes gens qui pourraient ne pas faire de vieux os comme lui s’ils s’avisaient de suivre ses mots d’ordre suicidaires, il n’y a qu’un pas que la sagesse du patriarche aurait dû l’empêcher de franchir.
Ousséni Ilboudo — L’Observateur Paalga
www.afriscoop.net
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