KINSHASA - La diffusion de Radio Okapi, radio nationale parrainée par l'ONU en République démocratique du Congo (RDC), est brouillée à Kinshasa depuis samedi soir après la diffusion d'une interview d'un chef de la rébellion congolaise du M23, un fait sans précédent dans l'histoire de la radio, a indiqué dimanche l'un de ses journalistes.
Selon un rédacteur en chef de la radio désireux de garder l'anonymat, le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC), chargé de la régulation des médias, "nous accuse de ne pas avoir transmis la grille de programmes, mais ce brouillage intervient après que nous ayons diffusé jeudi une interview de Jean-Marie Runiga", le chef politique du M23.
"Effectivement, nous avons des ennuis avec nos émetteurs," a déclaré à l'AFP Madnodje Mounoubai, porte-parole de la Monusco. "D'après ce qu'on nous a dit, c'est une décision du CSAC, mais nous n'avons jamais reçu une notification officielle du CSAC."
"Nous n'avons jamais été notifiés ni de la raison (de la coupure) ni de la durée de la mesure", a-t-il ajouté. "La Monusco est très surprise de cette décision" qui constitue "une première" depuis la création de la radio, a-t-il poursuivi.
Le gouvernement de RDC n'était pas joignable dans l'immédiat pour commenter cette mesure.
Radio Okapi, qui fête cette année ses dix ans, est issue d'un partenariat entre la fondation suisse Hirondelle, spécialisée dans l'information en zone de crise, et l'ONU, qui a déployé en RDC sa plus importante mission de maintien de la paix dans le monde.
Lancée en 2002, avant même la fin de la dernière guerre régionale sur le sol congolais, cette radio compte aujourd'hui quelque 200 collaborateurs. Elle est diffusée en français et dans les quatre langues locales, en FM dans tout le pays grâce au réseau des Nations unies. C'est la radio nationale la plus écoutée, avec 22 millions d'auditeurs répertoriés.
Le siège de la radio est hébergé à Kinshasa dans l'enceinte du quartier général de la Monusco.
Le M23 est composé d'ex-rebelles essentiellement tutsi congolais, qui avaient été intégrés à l'armée de RDC en 2009 à l'issue d'un accord de paix avec Kinshasa. Ils se sont mutinés il y a environ huit mois, estimant que le gouvernement n'avait jamais pleinement respecté ses engagements.
Le 20 novembre dernier, la rébellion a pris Goma, capitale de la province minière du Nord-Kivu (est), frontalière du Rwanda. Ils ont quitté la ville samedi, aux termes d'une médiation des pays des Grands Lacs, qui prévoit, en échange, l'ouverture de négociations avec le président de RDC Joseph Kabila.
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